Ayant participé à un atelier d’écriture dirigé par Éric-Emmanuel Schmitt et dont le sujet était d’écrire une lettre à Jésus avec pour seule contrainte, celle difficile de ne pas dépasser 1 500 caractères,
j’ai joué le jeu avec une sérénité et un sérieux réels.
La photo est celle d’une crèche dessinée par mon arrière grand-oncle qui m’est très cher, parce que caricaturiste, artiste reconnu fin 19e comme premier illustrateur français pour enfants (livres, jouets
en bois, mobiliers, papiers peints et même décors de murs de colonies de vacances). J’apprécie beaucoup la joie rayonnante de son enfant Jésus, lui qui déjà critiquait le cléricalisme et la « religiosité » de son époque. Bonne lecture en cheminement peut-être vers une Rencontre nouvelle !
Lettre à Jésus-Christ
Au Royaume des Cieux
Fontenay-aux-Roses, le 5 décembre 2021
Doux Jésus !
Combien de fois ai-je employé cette expression toute faite, par dépit ou par indignation … !
Et voilà qu’aujourd’hui, je me suis inscrite à cet atelier d’écriture qui me propose de m’adresser à Toi, Jésus. Jamais de mes 70 ans je ne suis parvenue à Te parler. Comment vais-je faire ? Si Tu savais mon embarras…
Enfant, j’entendais parler de Ta naissance avec une reconnaissance attendrie mais si puritaine, angélique et vide de sens que jamais je n’y avais compris le message évangélique de Ta venue.
Ces discours peut-être vertueux mais si condescendants d’une bourgeoisie du XIXe siècle
m’ont empêchée de Te nommer.
Je T’ai lu, médité, seule ou à plusieurs. Si souvent Ta parole m’a nourrie et redonné Vie.
Comment est-ce imaginable de vivre les deux tiers de mon existence à T’écouter
sans jamais réussir à Te parler ? Quel dommage !
Toi qui es venu sur terre pour nous donner ce cadeau inouï de Ton lien à la tendresse infinie
de Ton Père, cette Tendresse-Esprit qui m’anime au plus intime de mon être,
là où personne ne peut jamais aller, loué sois-Tu !
Mais oui, je Te rends grâce ce soir pour Ta venue en cette Palestine si tourmentée,
dans la pauvreté d’une crèche, sous l’éclat de l’étoile la plus lumineuse.
Mon Doux Jésus,
Tu as donné Ta vie terrestre pour moi
Tu m’as ouverte à Ton Père.
Du fond du cœur je Te loue d’être né
Sans Toi, je n’aurais pu connaître “notre” Dieu.
En toute gratitude et en toute fraternité, je Te dis à bientôt pour Te parler.
Catherine Buisson