Troisième dimanche de l’Avent.
Dimanche de Gaudete (de la joie).
« Tenez ferme vos cœurs car la venue du Seigneur est proche » (Jc 5, 7-10)
Chant d’entrée : La vie en abondance (M. Ginot – J-M. Duménil)
Venez, comme à la danse,
Goûter le pain de vie
La vie, en abondance,
La vie en Jésus-Christ !
Levez-vous, prêtez l’oreille !
Nous sommes invités.
Dieu lui-même vous appelle :
C’est l’heure du banquet ! »
Riches, pauvres ou malades :
Nous sommes invités.
Tous auront leur place à table
C’est l’heure du banquet !
Rendons gloire à notre Père,
Nous sommes invités.
Car la noce est déjà prête :
C’est l’heure du banquet !
Accueil
Par ces frimas, un bonsoir chaleureux à tous et à chacun. D’où que vous veniez, soyez accueillis dans cette église qui elle aussi nous accueille fidèlement depuis notre exil communautaire. Ce soir soyez accueillis pour faire eucharistie pour laquelle il n’y aura pas de président attitré mais où nous serons, toutes et tous, une nouvelle fois célébrant-es.
Mais que nous invitent à célébrer les textes de ce 3e dimanche, celui de la Joie ? Lors de la préparation, où nous étions en nombre, deux orientations se sont dégagées.
Eucharistier, rendre grâce pour les moments et pour les gestes reçus et donnés. Lorsqu’une ou quelqu’un m’a relevé comme lorsque je suis peut-être parvenu à remettre debout une personne. Quand mes yeux se sont dessillés parce que j’avais sans le savoir offert mon regard à quelqu’un. Le psaume, scandé par ces verbes de charité, de libération, devient une invitation à agir tandis que l’Evangile de Matthieu nous presse de marcher.
De marcher à la suite de celui qui n’a cessé de marcher, qui marche encore en avant de moi. Celui qui nous dit en marchant : « Ne me regardez pas, moi. Regardez le premier venu et ça suffira, et ça devrait suffire » (Christian Bobin). Marcher pour mettre nos pas près des pas de ceux qui préparent le chemin, sans toujours savoir que c’est chacun qui le trace, à son rythme, selon sa liberté. Ici pour maintenant, poursuivons cette marche lente, incertaine mais nécessaire pour aller, en courant ou en claudiquant vers Celui qui vient.
Nous qui sommes réunis ce soir au nom du Père, du Fils et de l’Esprit saint.
Alain C.
Lecture du livre du prophète Isaïe (Is 35, 1-6a.10)
Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent !
Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose,
qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie !
La gloire du Liban lui est donnée, la splendeur du Carmel et du Sarone.
On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu.
Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent,
dites aux gens qui s’affolent : « Soyez forts, ne craignez pas.
Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu.
Il vient lui-même et va vous sauver. »
Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds.
Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie.
Ceux qu’a libérés le Seigneur reviennent, ils entrent dans Sion avec des cris de fête,
couronnés de l’éternelle joie.
Allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuient.
Préparons le chemin du Seigneur
Il n’est plus loin, aplanissons sa route.
Préparons le chemin,
Il est celui qui vient pour changer notre cœur.
Lecture de la lettre de saint Jacques (Jc 5, 7-10)
Frères, en attendant la venue du Seigneur, prenez patience.
Voyez le cultivateur : il attend les fruits précieux de la terre avec patience,
jusqu’à ce qu’il ait fait la récolte précoce et la récolte tardive.
Prenez patience, vous aussi, et tenez ferme car la venue du Seigneur est proche.
Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres,
ainsi vous ne serez pas jugés.
Voyez : le Juge est à notre porte.
Frères, prenez pour modèles d’endurance
et de patience les prophètes
qui ont parlé au nom du Seigneur.
Chant : Au cœur de ce monde (D. Rimaud – J. Berthier)
Au cœur de ce monde, le souffle de l’Esprit fait retentir le cri de la Bonne Nouvelle.
Au cœur de ce monde, le souffle de l’Esprit met à l’œuvre aujourd’hui des énergies nouvelles.
Voyez ! les pauvres sont heureux ;
ils sont premiers dans le Royaume !
Voyez ! les artisans de paix :
ils démolissent leurs frontières !
Voyez ! les hommes au cœur pur :
ils trouvent Dieu en toute chose !
Voyez ! les affamés de Dieu :
ils font régner toute justice !
Voyez ! les amoureux de Dieu :
ils sont amis de tous les hommes !
Voyez ! ceux qui ont foi en Dieu :
ils font que dansent les montagnes !
Voyez ! le peuple est dans la joie :
l’amour l’emporte sur la haine !
Voyez ! les faibles sont choisis :
les orgueilleux n’ont plus de trône !
Voyez ! les doux qui sont vainqueurs :
ils ont la force des colombes !
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 11, 2-11)
En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison,
des œuvres réalisées par le Christ.
Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda :
« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez :
Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent,
les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent,
les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle.
Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »
Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient,
Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean :
« Qu’êtes-vous allés regarder au désert ?
un roseau agité par le vent ?
Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ?
un homme habillé de façon raffinée ?
Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent
dans les palais des rois.
Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ?
Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète.
C’est de lui qu’il est écrit :
Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi.
Amen, je vous le dis : parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »
Psaume 145
Le Seigneur fait justice aux opprimés,
aux affamés, il donne le pain,
le Seigneur délie les enchaînés.
Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes.
Le Seigneur protège l’étranger,
il soutient la veuve et l’orphelin.
D’âge en âge, le Seigneur régnera.
« Allez annoncer ce que vous entendez et voyez. »
Comme Jean Baptiste, est-ce que nous attendons un monde nouveau ?
Est-ce que, avec Jésus, nous agissons pour ouvrir les yeux, les oreilles, pour marcher les uns avec les autres, renaître ensemble dans une vie toujours nouvelle ?
Ce psaume nous indique beaucoup d’actions : faire justice, donner du pain, délier, ouvrir les yeux, protéger l’étranger, etc.
Nous vous proposons de méditer en silence pendant quelques instants et de choisir une des phrases du psaume dans un esprit d’action de grâce. Pour qui, pour quoi dire merci à partir de cette phrase ?
Puis, à la lecture de chacune des phrases, ceux qui l’ont choisie se lèveront, quelques-uns pourront s’exprimer au micro : un nom, une phrase, un témoignage court… et tous se déplaceront pour prendre une rose et la déposer sur l’autel. Nous serons alors tous rassemblés dans le chœur.
Claire S.
L’homme qui marche
Il marche. Sans arrêt il marche.
Il va ici et puis là. Il marche.
On dirait que le repos lui est interdit.
Ce qu’on sait de lui, on le tient d’un livre.
Avec l’oreille un peu plus fine,
nous pourrions nous passer de ce livre
et recevoir de ses nouvelles,
en écoutant le chant des particules de sable
soulevées par ses pieds nus.
Rien ne se remet de son passage
et son passage n’en finit pas.
Tout ce qui peut être dit sur cet homme
est en retard sur lui.
Il garde une foulée d’avance
et sa parole est comme lui,
sans cesse en mouvement,
dans le mouvement de tout donner d’elle-même.
L’humain est ce qui va ainsi,
dans la recherche jamais interrompue,
de ce qui est plus grand que soi.
Et le premier venu est plus grand que nous.
C’est l’unique chose qu’il cherche à nous faire
entrer dans nos têtes lourdes.
Le premier venu est plus grand que nous.
Voir l’autre dans sa noblesse de solitude
dans la beauté perdue de ses jours.
Le regarder dans le mouvement de venir.
C’est ce qu’il s’épuise à nous dire,
l’homme qui marche.
Ne me regardez pas,
regardez le premier venu
et ça devrait suffire.
Il va droit à la porte de l’humain.
Il attend que cette porte s’ouvre.
La porte de l’humain, c’est le visage.
Il ne parle pas pour attirer sur lui
une poussière d’amour,
il ne dit pas : aimez-moi.
Il dit : aimez-vous.
Il y a un abîme entre ces deux paroles.
Il est d’un côté de l’abîme
et nous restons de l’autre.
Il ne semble pas suivre un chemin connu de lui.
Il cherche quelqu’un qui l’entende.
Là où il va, nous ne pourrons aller autrement
que lui : seul.
Comme à un rendez-vous…
Christian Bobin, extraits
Chant : La paix, donne-nous Seigneur la paix
La paix, la paix, donne-nous Seigneur la paix
Non pas celle qui vient du monde mais la paix qui vient de toi.
Je vous laisse la paix
Je vous donne ma paix
Si vous ouvrez votre cœur
Alors la paix fleurira.
Je vous laisse la paix
Je vous donne ma paix
Si la justice est en vous
Alors la paix fleurira.
Je vous laisse la paix
Je vous donne ma paix
Si vous vivez dans l’amour
Alors la paix fleurira.
Prière
Faute de prêtre à la préparation, notre célébration est sans partage du pain et du vin sacramentaires. Notre partage aujourd’hui est donc celui du manque mais surtout celui de la parole et celui des bienfaits reçus dans nos vies, symbolisés par nos fleurs sur l’autel. L’eucharistie fait signe du véritable partage de la vie avec tous les humains, signe mémorial du dernier repas de Jésus avec ses amis, signe de sa présence parmi nous. Ce soir notre prière est aussi signe de communion, en union avec toute l’Église. Alors pour cette participation à la vie divine qui nous est donnée nous rendons grâce et nous prions ensemble.
Vraiment il est juste et bon de te louer, toi que Jésus a appelé Père. Il est juste et bon de dire merci tous ensemble pour les actes évoqués par le psaume, les actes qui font justice, qui redressent et protègent, qui ouvrent et délient, qui donnent et qui aiment. Père nous y voyons tes traces dans le monde, dans l’au-delà de nos êtres comme au plus profond de nous-mêmes.
Jésus ton Fils est celui que les prophètes avaient chanté, celui dont Jean Baptiste a proclamé la venue, le « messager en avant de toi » comme tu l’as dit, celui qui nous invite à aller en avant de nous vers toi. C’est lui ce Jésus qui nous donne l’espérance dans l’attente de Noël. En lui, notre assemblée de boiteux et de sourds bondit et chante de joie : espérer le bonheur devant nous, c’est déjà le bonheur comme nous pouvions l’entendre pendant le débat en visio il y a huit jours avec Christine et Éric, Claude et Guy et tous les internautes présents : « Aimer l’avenir en dépit de tout ». En lui, Père, tu nous veux libres, peuple en marche pour une joie sans fin. C’est pourquoi réunis ensemble nous proclamons avec tous les bienheureux que tu es saint.
Père infiniment bon, vers toi montent nos louanges Nous t’en prions, inspires-nous comme tu as inspiré tes serviteurs jadis, Jean Baptiste dans son désert ou Teilhard de Chardin dans les steppes d’Asie qui faute d’assemblée ne pouvait lui non plus célébrer l’eucharistie. Père, donnes-nous pour maintenant et demain la liberté, l’inventivité, l’ouverture aux quatre vents du monde, l’élan de nous offrir à ton Souffle de vie, la reconnaissance et la même soif de communion. Apprends-nous à inventer nos propres mots, à inventer les gestes dont le monde d’aujourd’hui à besoin comme Teilhard lorsqu’il écrivait :
« Puisque nous n’avons ni pain, ni vin, (…) nous nous élèverons par-dessus les symboles jusqu’à la pure majesté du Réel, (… ) sur l’autel de la Terre entière, le travail et la peine du Monde. Les profondeurs de nos âmes largement ouvertes à toutes les forces qui (…), vont s’élever de tous les points du globe et converger vers l’Esprit. Qu’ils viennent donc à nous le souvenir (…) de ceux que la lumière éveille […], la troupe (…) innombrable des vivants ; ceux qui viennent et ceux qui s’en vont ; (…) qui, dans la vérité ou à travers l’erreur, à leur bureau, à leur laboratoire ou à l’usine (…) poursuivront passionnément aujourd’hui la lumière. Cette multitude (…) l’immensité (…) cet océan humain, dont les lentes et monotones oscillations jettent le trouble dans les cœurs les plus croyants (…) Tout ce qui va augmenter dans le monde […], tout ce qui va diminuer, tout ce qui va mourir aussi, voilà, Seigneur, ce que nous nous efforçons de ramasser en nous pour te le tendre ».
Jésus, toi qui as promis d’envoyer l’Esprit à ceux qui te prient,
ô Dieu pour porter au monde ton feu, voici l’offrande de nos vies
Père très bon, nous espérons ce que tu promets, la vie où les riches, les puissants et les sachants seront ajustés à ta volonté. Dans le Royaume, les premiers seront ceux qui auront le cœur ouvert, ceux pour qui le souci du monde passe avant le souci de soi, ceux qui chérissent l’humilité. Père toi tu accueilles et relèvent ceux qui se considèrent comme exclus, fragiles et sans défense.
Tu bénis ceux qui prennent soin de l’altérité de chacun parce qu’elle enrichit le monde. Quand ces amis de la justice subissent le rejet – comme nous le décrivent si souvent le psalmiste et l’évangile de Jésus – quand ils sont au fond du trou, ils reçoivent de toi la reconnaissance, la confiance et la force pour rebondir. Alors ils touchent du doigt l’espérance du plus humain, du plus divin en l’homme et ils nous font signe. Ils nous font percevoir comment toi, le seul Dieu, tu viens à l’esprit, comment tu te fais conversation, comment tu te fais chair dans le monde. Père, nous te prions pour ce monde, que nous sachions vivre notre responsabilité dans l’avènement de son futur.
Jésus, toi qui as promis d’envoyer l’Esprit
Esprit saint, souffle de Dieu, accorde la paix à ton Église, rassemble-la dans l’unité et la vérité, donne-lui de savoir se réformer pour qu’elle réponde mieux à la demande de sens de nos sœurs et de nos frères humains. Soutiens notre Pape François et notre évêque Laurent dans leur ministère de service. Souviens-toi des vivants et des morts, veille aussi sur nous tous ici réunis.
Nous t’offrons toutes nos espérances. Voici comme ces roses sur ton autel, notre toute simple action de grâce, l’offrande de nos vies toutes reliées. Donne-nous ton feu. Qu’il brûle les épines, qu’il illumine les fleurs, selon ta grande sagesse, selon ta grande tendresse. Seigneur, béni sois tu en tout lieu, en tout temps. Donne-nous d’être artisans de communion.
Ensemble chantons avec confiance la prière que nous avons appris de ton Fils : Notre Père.
Le monde et nos cœurs sont assoiffés de paix : ensemble nous reprenons la prière pour la paix.
Seigneur Jésus Christ, tu as dit à tes Apôtres :
Je vous laisse la paix. Je vous donne ma paix. »
Ne regarde pas nos péchés, mais la foi de ton Église
et pour que ta volonté s’accomplisse,
donne-lui toujours cette paix et conduis-la vers l’unité parfaite,
toi qui règnes pour les siècles des siècles. — Amen.
Chacun est invité à prendre une rose et à la donner à quelqu’un.
Que Dieu soit toujours avec nous et en avant de nous, qu’il nous bénisse, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. — Amen.