Le Groupe Gaza, impliqué depuis des années dans un partenariat sur place et sans nouvelles de nos amis palestiniens, nous partage son inquiétude mais aussi son espérance. Car après la sidération face au terrorisme, puis la tristesse face une guerre meurtrière, il s’agira de reprendre le dialogue pour construire paix et justice.
Au groupe Gaza, la tragédie actuelle suscite plusieurs sentiments : la colère, la tristesse et l’espérance. Colère de savoir nos amis palestiniens en danger de mort sous la mitraille israélienne, tristesse d’être sans nouvelle d’eux depuis six semaines. À l’heure où nous écrivons, Ziad Medoukh semble encore vivant mais le jeune Islam Dehair, traducteur de talent, qui nous fait tant rire avec ces réparties, a vu toute sa famille pulvérisée par un bombardement ; il est le seul survivant avec son fils aîné. Que sont devenus Amal et ses leçons de français, Lubna animatrice de la chaîne francophone Gaza-la-vie, Rawan et Mahmoud, piliers du soutien psychologique aux enfants traumatisés, Ghada et ses cours de cuisine, les animateurs (filles pour la plupart) du site Gaza-en-français ? Certains sont sans doute morts, blessés ou privés de leur famille, et les rescapés sous le choc de la pire des six guerres subies par Gaza en quinze ans.
L’espoir
Mais nous gardons l’espoir. Non pas que survienne un miracle, mais que ce drame sonne le glas de ses causes directes – l’occupation et la colonisation de la Palestine – et de leur funeste inspirateur : le sionisme politique.
Comme souvent, ce sont les intellectuels qui donnent le signal. Du moins en Israël, car en Occident on tarde encore (mais cela viendra). Sur les pas de figures emblématiques comme Gideon Levy, Ilan Pappé ou Michel Warschawski, le cinéaste Eyal Sivan et l’écrivain célèbre Ari Shavit sont entrés en piste, disant tout haut ce qu’ils ont compris depuis longtemps. À savoir qu’il faut en finir avec le sionisme mensongé et mortifère, rendre justice aux Palestiniens et « passer à autre chose ».
Cette « autre chose » est notre espérance. Si l’intelligence du cœur accompagne l’intelligence de l’esprit, si la sincérité appuie l’imagination, alors tout devient possible. Ziad et ses étudiants, nos amis de dix ans, n’auront pas souffert pour rien.
La foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte.
Jacques 2, 17
Pour nous, dénoncer l’injustice en Palestine, c’est déjà agir.
Quant à la foi, nous l’avons manifestée le 30 octobre au Forum 104, à l’appel urgent de Bernard Piettre, coresponsable du Groupe d’amitié islamo-chrétienne (GAIC) de Châtenay-Malabry. Vingt-trois chrétiens et musulmans, de Paris et de banlieue, se sont réunis pour échanger des paroles simples et humaines. Une soirée de témoignages, de prières, de chants et de moments de silence, invitant plus que jamais au dialogue et à la paix dans la justice.
Nicolas Guérin, prêtre, témoigne :
« Dans la tradition juive, quand trois personnes peuvent partager un repas, alors la paix peut descendre sur la terre. De même, quand des chrétiens et des musulmans se retrouvent ensemble pour prier, la paix descendra. À l’écoute du partage, quelques questions sont apparues : si en France nous avons acté la séparation des Églises et de l’État, force est de reconnaître que sur le terrain la politique et le religieux sont souvent mêlés de façon inextricable, ce qui ne rend pas le discernement aisé. Au nom de qui et pour quoi les hommes font-ils la guerre ? Si tout acte terroriste produit d’emblée un temps de sidération, comment reprendre la parole, comment imaginer un dialogue par la suite ? Il faudra bien y arriver pourtant. Disqualifier l’adversaire n’est pas une fin en soi. »
Celui qui hait son frère marche dans les ténèbres
1 Jean 2, 9
et l’amour de Dieu n’est pas en lui.
Nous demandons et nous voulons la paix. Nous savons que le cessez-le-feu n’est que le premier pas. Car il n’y a pas de paix sans la justice.
Le groupe Gaza : Laurent B., Éliane B., Isabelle M., Damien P., Geneviève P.