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Envoyés hors-les-murs ?

Nous avons été renvoyés, nous voici envoyés. Nous n’avons hélas pas encore de murs pour nous poser et accueillir, mais – sans en lâcher la recherche – quittons délibérément ceux des regrets et des ressentiments ; tournons la page. Pour entendre l’Évangile hors-les-murs aujourd’hui, et nous inscrire dans un projet, nous nous sommes mis en chantier. En signant notre envoi en mission, notre archevêque vient de faire un pas supplémentaire pour nous reconnaître et comme préfacer nos travaux. Cette confirmation nous décentre et signifie aussi que nous ne trouvons pas en nous-même notre raison d’être. Elle invite aussi les autres à nous considérer comme des interlocuteurs au service de la pluralité dans l’Église.

Recevons-nous l’appel au dialogue entre la Bonne-Nouvelle et les voix de nos contemporains comme un dû ou comme un don ?

Il s’agit maintenant de garder ouvert notre avenir, dans cette inscription avec d’autres et cet envoi. Ne nous agrippons plus à l’enjeu de notre reconnaissance comme des propriétaires à leurs héritages en risque de disparition ou de spoliation. L’ouvrage vivant reste à écrire concrètement au fil de nos rencontres et des appels à venir de la part de nos frères et sœurs en Église, en humanité.

Nous laisserons-nous déplacer pour accueillir cet envoi hors les murs de nos idées parfois bien ficelées ? Bien sûr nous pouvons être las des lenteurs de notre vieille Église. Mais mesurons comme il est nouveau et significatif d’avoir ainsi pu coconstruire cette lettre de mission alors qu’à Rome s’achève le synode tendant à faire évoluer les pratiques institutionnelles descendantes et unilatérales !

Ne nous voilons pas la face, pas plus sur l’institution ecclésiale souvent frileuse vis-à-vis de notre époque, que sur nos propres lenteurs, paradoxes, richesses, forces et tentations. Cette mission pourra par moment nous freiner, puisqu’elle nous relie et nous oblige. Elle peut aussi nous propulser et nous encourager à traverser les difficultés.

Laissons-nous inspirer, explorons ensemble des chemins pertinents et grands ouverts pour vivre l’Évangile. L’héritage reçu n’est-il pas un trésor vivant à faire fructifier, et les voix de nos contemporains ne sont-elles pas si précieuses à entendre ?

Incarnons notre projet dans cette dynamique que nous voulons libre, accueillante aux différentes situations de vie ; dès maintenant et pour plus tard, même dans des murs qui, après tout, sont un moyen et non une fin. Laissons-nous déplacer par le Fils de l’Homme qui n’avait pas de pierre où poser la tête[1]. A l’heure où les murs sont dressés comme des armes politiques, appuyons-nous sur Celui qui détruit le mur de la division[2] et nous appelle à poursuivre ce chemin. Contribuons avec ceux qui bâtissent des ponts, avec ou sans murs, même si nous jugeons petite la pierre que nous pouvons apporter à l’édifice. Mobilisons-nous largement pour travailler aux enjeux d’une situation « hors-les-murs » qui est aussi un état d’esprit et un appel.

Alexandra N., membre de l’Équipe pastorale


[1] Luc 9, 58

[2] Éphésiens 2, 13

Duccio di Buonsigna, Jésus appelle ses premiers disciples, 1318-1319, National Gallery of Art, Washington

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  1. Mandiangu José says:

    Bonsoir et merci à Alexandra pour ce mot plein d’amour et d’entrain. A la suite du Christ et de son évangile de la vie, nous voilà confortés !. José

  2. jacques berlocher says:

    Merci pour cet envoi d’Alexandra, et merci à elle. Tout ce que je reçois de Saint-Merry Hors les Murs m’aide à espérer. Bien fraternellement à toutes et tous ceux qui en sont les acteurs BERLOCHER Jacques berlocherj@gmail.com

    1. Alexandra N says:

      Merci Jacques. Et merci de veiller sur cette si fragile et précieuse espérance en y apportant votre attention.

  3. Marguerite C.-R. says:

    Rien que cet envoi par notre évêque booste notre coeur à l’ouvrage… Espérons que le concret suivra.

  4. Ignace Berten says:

    Merci, oui il s’agit pour nous de tenir et de vivre, malgré les difficultés, les lenteurs, dans la solidarité fraternelle. Oui merci pour ce bel éditorial,
    Ignace Berten

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