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Triduum Pascal

Un triduum pascal si particulier.
En 2020, confinés, une Pâque muette.
En 2021, exilés, une Pâque soumise à l’hospitalité. Deux églises nous l’ont offerte. Comme notre nombre dépassait leur capacité en temps de virus, avec des arrangements entre présence dans l’une ou l’autre et distance par Zoom, nous avons célébré cette Pâque, accueillis avec chaleur par d’autres communautés.
À chaque célébration son déroulé complet sur le site, à méditer en liberté. Voici les essentiels de ces temps forts. Une nouvelle forme d’Église en chemin ?

Giotto (1267-1337), Le lavement des pieds, chapelle Scrovegni

Jeudi saint  1er avril : Faites ceci en mémoire de moi

Chant
En mémoire de toi,
Nous avons pris le pain de notre Pâque
Et nous l’avons mangé
Il n’avait plus son goût de plante amère
Et de pain non levé
C’était le pain d’une terre promise 
Où l’homme est délivré
En mémoire de toi, nous revenons d’exil
En mémoire de toi, nous marchons sur la mer

Prière d’intercession
Une main qui s’ouvre, une main qui donne,
les deux mains pour inviter.
Une main vers l’autre, une main « soleil »,
les deux mains pour tout donner.

Prière eucharistique

Dieu notre Père nous te disons merci de nous rassembler en ton nom ici physiquement, par Zoom, par la pensée, par la prière. Tu te passionnes pour ce que nous vivons et tu soutiens notre condition de nomades, de mendiants, vivant de l’hospitalité qu’on voudra bien nous donner. Mais tu nous fais confiance pour continuer ta création pour aimer notre monde, comme tu l’aimes, et y découvrir les germes de ton Royaume aujourd’hui…
…Merci pour les hommes, les femmes, les communautés que tu mets sur notre chemin. Ils se risquent avec nous dans les réalités complexes de ce monde pour tisser des réseaux de fraternité vraie, vécue, expérimentée et faire grandir un peu plus de solidarité en ces temps d’épidémie…
Enfin, Seigneur, parce que nous savons que notre route sera encore longue, donne-nous l’audace d’inventer d’autres façons de faire Église, de participer à la refondation de Saint-Merry Hors-les-Murs. Pour que nous trouvions de nouveaux chemins pour annoncer l’évangile dans le monde d’aujourd’hui sans perdre ni courage ni espérance.

Jean-François Petit

Giotto, Crucifixion, Cappella degli Scrovegni, Padoue

Vendredi saint  2 avril : D’où es-tu ?

« D’où es-tu ?  »  est-il écrit sur le lutrin.
Si on me le demande, je peux répondre d’un geste de la main, d’une torsion du corps,  d’un signe du menton… Je peux répondre d’un nom familier, d’un récit familial, d’un mot de  géographie. Nous qui ne savons plus très bien aujourd’hui où aller pour célébrer en communauté l’eucharistie, merci pour votre hospitalité et  votre accueil fraternels. Nous, Saint-Merry Hors-les-Murs, qui  en avons bien besoin, vous disons merci pour la chaleureuse confiance de Notre-Dame des Anges.

« D’où es-tu ? ». Si moi, je le demande, par cette simple question, vais-je exiger de cet inconnu, pour l’accueillir, qu’il soit de la même « tribu » que moi ? Par cette mise à distance, vais-je me dérober à cet étranger qui viendrait respirer mon air à moi ? Ou est-ce une admiration méditative qui reconnaît en face de moi un Autre qui m’interpelle silencieusement ? Aujourd’hui, nous faisons mémoire de la mort de Jésus. Pilate, effrayé, lui demande « D’où es-tu ? »,mais Jésus ne lui fit aucune réponse. Pilate pressent la grandeur de cet homme, il salue le mystère en cet inconnu, mais reste à distance, figé.

« D’où es-tu ? »  Il y a un monde entre nous deux, un monde infranchissable. Ecouter ce récit est une épreuve pour nous. Une épreuve, car nous savons bien, nous ne savons que trop, que, là où nous sommes fixés, figés, la mort peut l’emporter.
Pourtant, nous savons aussi, et nous allons le chanter, que là où nous sommes crucifiés, peut aussi passer, dans le silence, une certaine mort, une mort qui permettra la vie. Ce lieu-dit de la croix, effrayant de solitude et d’abandon, ce tombeau peut devenir jardin. Nos corps blessés, des grains moulus, peuvent devenir ce que nous sommes, Corps du Christ.

« D’où es-tu ? » Chacun de nous se pose la même question. D’où sommes-nous ? Du tombeau ou de la bonne terre ?
Sommes-nous du même endroit que toi, Jésus ?  « D’où es-tu », Jésus ? Et moi, d’où suis-je ?  

Pour entrer dans cette eucharistie, dessinons sur nous ce qui est peut-être une réponse silencieuse : le signe de sa croix.
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

Marguerite

Giuliano Amidei, Les Saintes Femmes devant le tombeau vide, vers 1470, Museo Civico Sansepolcro

Samedi Saint 3 avril 2021. En vous, un esprit nouveau

Qu’éclate dans le ciel la joie des anges !

Prière eucharistique (extraits)

Nous avons déposé, sur sa croix, nos prétentions d’efficacité et toutes nos fragilités. Et voilà qu’éclate aujourd’hui dans le ciel la joie des anges, et de partout la joie du monde…, la résurrection du Christ. À quelle résurrection sommes-nous appelés ? … Christ nous entraîne sur son chemin de résurrection, dans une inlassable recherche d’humilité et de fraternités toujours à construire. 

Par les temps qui sont les nôtres, entre les épreuves multiples nées de la pandémie du Covid et des contraintes, entre nos attentes et nos incertitudes, incertitudes du lendemain, crainte de ne plus chanter à notre manière notre bonheur de faire « Église », crainte de ne plus vivre notre bonheur et notre liberté, voilà que toi Seigneur, tu jaillis du tombeau. Tu reviens à la vie, pour donner sens à la vie. Des humbles dames nous en offrent la certitude, belle expression de foi : « Il n’est pas ici ! ». Le ressuscité n’est pas… dans les « nous aurions dû agir de telle manière » ; il n’est pas dans le « si nous avions su ». Il n’est pas où il n’y a pas de vie. Il nous précède en Galilée. 

Le ressuscité n’est pas… dans les « nous aurions dû agir de telle manière » ; il n’est pas dans le « si nous avions su ». Il n’est pas où il n’y a pas de vie. Il nous précède en Galilée. 

Le Christ est ressuscité ! Il est vivant dans cette main qui donne et dans ce cœur qui pardonne. Il est vivant dans cette oreille attentive et cette parole qui conforte. Il est vivant dans ces hommes et ces femmes qui œuvrent à la promotion de la paix et de la justice… Il est cet appui qui nous donne de rebondir et nous projeter vers l’avenir, pour plus d’être, pour susciter de nouveaux espaces de liberté…, dans un agir sans cesse renouvelé pour dire l’Évangile dans la ville.

José Egilde Mandiangu

Giotto (1267-1337), Marie-Madeleine et le Christ ressuscité

Dimanche de Pâques. Il est ressuscité

Accueil

…Depuis un mois, nous vivions comme un long Samedi-Saint. Et voici ce signe de joie. Joie de votre hospitalité qui nous ouvre les bras comme une Pâque en actes… Nous voici poussés à sortir du tombeau par le haut pour vivre à tombeau ouvert. Antoine Guggenheim, merci encore ainsi qu’à toute la communauté de Notre-Dame d’Espérance. Le panneau du lutrin calligraphié par Mireille « Il est ressuscité ! » restera pour vous après notre passage comme un signe de ce que nous recevons de vous… Traçons sur nous le signe qui à la fois nous rassemble et nous ouvre aux quatre horizons du monde pour être signes de Son Corps blessé mais d’autant plus vivant, d’autant plus aimant et bénissant pour tous.

Alexandra N

Témoignages

Avec ou sans Pierre, le disciple que Jésus aimait et aime, c’est-à-dire vous et moi, court en ces jours de deuil, court après la vie, court vers la vie. Alors je cours, à mon rythme, vers le tombeau vide et j’ai besoin de saisir ce vide et de voir ces linges pliés qui ne serviront plus. J’en ai besoin non pour remplir cette vacuité, sinon de mes questionnements, mais parce elle me souffle que Dieu n’est jamais où je l’attends. Elle me murmure que le Christ mort et ressuscité est ailleurs, qu’Il est devant moi, qu’Il est aujourd’hui parmi nous… C’est parce que le corps supplicié du Seigneur n’est plus là que je crois…

Alain C

Jésus n’est plus là. Le récit du tombeau vide n’est peut-être qu’une manière de signifier l’absence. Il n’est plus là, que le cadavre soit ou non dans le tombeau… 
Moi je n’ai jamais vu Jésus ressuscité, alors je crois au témoignage transmis de ceux qui l’ont vu, qui ont fait l’expérience de sa présence vivante. Cette croyance n’est pas un refus de la mort. Bien réelle cette mort si nous l’entendons comme une disparition complète, corps et âme indissociables. Et libre à Dieu de nous recréer, de nous redonner vie. 
L’expérience de la résurrection de Jésus, je la fais à travers ces femmes et ces hommes, ces héros et ces humbles qui, en une seule fois ou peu à peu, donnent leur vie pour sauver les autres… 
Alors devenons pleinement ce que nous sommes, le corps de Jésus ressuscité.

Geneviève PM

Deux éléments me frappent dans les textes du jour.
D’abord le mouvement : dans l’évangile de Jean, ça court et ça bouge dans tous les sens. Quel contraste avec la Passion où tout semble figé !
… Mais au moment de la résurrection, au contraire, il n’est question que de course et d’action… La résurrection est donc avant tout un mouvement, un mouvement vers la vie.
Ensuite, l’annonce. Dans les Actes des apôtres, ce qui compte le plus, c’est… l’annonce à tout le peuple, qui est faite avec assurance. La résurrection n’est donc pas un moment de l’histoire, mais c’est avant tout une parole ou une nouvelle qui se proclame en tout temps et en tout lieu.
Mouvement, annonce, voilà pour moi ce qu’est la résurrection.

Vincent M

Bénédiction finale

Par la grâce des paroles et des actes du Christ, nous tâtonnons vers un avenir confiant : 
que son esprit trace en nous un chemin de vérité. 
Amen.
Par l’espérance qui prend corps devant le tombeau vide, renaître un peu chaque jour.
Que cette espérance nous guide sur son chemin de joie. 
Amen.
Ils sont finis les jours de violences injustes et de morts inutiles, nous n’en voulons plus : 
osons suivre les pas du ressuscité sur son chemin de liberté. 
Amen.
Et que Dieu tout-puissant nous bénisse, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. 

Jacques D, diacre

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