La Commission partage – solidarité internationale a soutenu le projet “Les Tambours de la Paix”, à Récife (Brésil), de 2024 à juillet 2025. Son animateur Jocimar nous a envoyé récemment un rapport d’ensemble sur ce projet et nous avons souhaité nous en faire ici l’écho.
Nous avons été en contact avec Martin Monti-Lalaubie, un soutien français du projet Tambours de la Paix, grâce à Jacques Debouverie et avons pu rencontrer Jocimar l’animateur du groupe Pé no Chão lors de son passage en Europe fin 2023. Et voici les dernières nouvelles du projet « Tambours de la Paix » que nous avons récemment reçues.
Contexte général
Le Projet Tambours de la Paix s’est développé entre 2024 et juillet 2025 dans un contexte social, économique et politique complexe au Brésil, marqué par de fortes inégalités, une polarisation politique et une insécurité urbaine croissante. À Recife, ville d’action du Groupe Pé no Chão, la situation de précarité des quartiers périphériques (Arruda, Santo Amaro, Campo Grande) a renforcé la nécessité d’interventions culturelles et éducatives capables de soutenir les jeunes exposés à la violence, au chômage et au décrochage scolaire.
Contexte national
Le Brésil a connu une polarisation politique intense autour des politiques sociales, éducatives et culturelles. Malgré les efforts du gouvernement Lula pour relancer les investissements sociaux, les inégalités régionales sont restées fortes, notamment dans le Nordeste. L’économie a montré des signes de reprise, mais les familles populaires ont continué à subir le chômage des jeunes, la précarisation du travail et l’inflation sur les biens essentiels. Les débats sur la violence, le racisme et les droits des populations noires et périphériques ont souligné l’urgence de politiques de prévention et de culture de paix.
Contexte local – Recife
Recife demeure l’une des capitales les plus inégalitaires du pays. Les quartiers d’intervention du projet souffrent d’un manque d’accès à la culture, au sport et aux loisirs, ainsi que d’une exposition constante aux violences policières et au trafic de drogue. Les écoles publiques peinent à retenir les élèves et à offrir des infrastructures adaptées, tandis que les familles vivent majoritairement de l’économie informelle et subissent l’insécurité alimentaire. Dans ce scénario, Tambours de la Paix s’est affirmé comme un espace de protection, de formation citoyenne et de valorisation identitaire afro-brésilienne.
Activités réalisées
Les ateliers de dessin et peinture ont permis aux enfants et adolescents d’exprimer leurs émotions et leurs rêves à travers la couleur et la création visuelle. Les jeux collectifs ont réaffirmé le droit au jeu et à la convivialité, renforçant la coopération et la socialisation.
Les ateliers de percussion afro-brésilienne ont impliqué régulièrement 25 à 30 jeunes par communauté. Les rythmes traditionnels (Maracatu, Coco de Roda, Afoxé, Samba de Roda, Ciranda) ont été présentés comme pratiques musicales et vecteurs de mémoire culturelle. Les danses populaires associées ont favorisé la cohésion et la fierté identitaire.


Ateliers pédagogiques et citoyens
Un court-métrage a été produit en partenariat avec le cinéaste Martin Lalaubie, sur la figure du père et la transmission des valeurs éducatives. La fabrication d’instruments à partir de matériaux recyclés a réuni environ 80 participants directs, encourageant la créativité, la durabilité et le leadership. Les cercles de dialogue thématiques (violence, racisme, genre, environnement) ont renforcé la pensée critique, la parole collective et le protagonisme juvénile.
Évaluation et impact du projet
130 bénéficiaires directs ont participé régulièrement, avec un taux d’assiduité supérieur à 80 %. Trois groupes culturels ont vu le jour : un groupe de percussion infanto-juvénile, un groupe de danse populaire et un groupe de percussion féminin. Des partenariats scolaires ont permis des présentations culturelles et des échanges éducatifs, et 12 jeunes ont participé au Festival d’Avignon 2025.Certains parmi nous à St Merry ont pu les applaudir.
Chez les enfants : développement de la créativité et de l’estime de soi. Chez les adolescents : renforcement de l’identité afro-brésilienne et émergence de leaderships. Chez les jeunes adultes : transformation en multiplicateurs culturels. Chez les familles : amélioration du dialogue et renforcement des liens.
Conclusion
Le Projet Tambours de la Paix s’est imposé comme une réponse culturelle, éducative et sociale à la crise que traversent les quartiers populaires de Recife. À travers l’art, la musique, la danse et le dialogue, il a transformé des espaces marqués par la peur en territoires de convivialité et de dignité. Le projet a renforcé la confiance, la cohésion communautaire et la fierté des racines afro-brésiliennes, démontrant que la culture est un outil essentiel de lutte contre les inégalités et le racisme structurel.

Cette reconnaissance qui les a menés jusqu’à être remarqués au festival d’Avignon est extraordinaire pour ces jeunes rejetés et marginalisés. Nous sommes fiers que la communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs ait pu, très modestement, y participer et être témoin de leur joie. Comme nous le disait Jocimar à Bruxelles : « La joie est un principe de résistance politique ». Lien ICI
Geneviève Piot-Mayol et Isabelle Mérian,
pour la Commission Partage – Solidarité internationale




