« Je te conduirai au désert… »
La parole adressée au prophète Osée arrive jusqu’à nous.
Au désert ? Oui, au désert… C’est le lieu par excellence où l’on ne s’installe pas.
On ne fait que passer.
Un temps, on s’arrête, un temps, on repart, c’est le rythme des nomades.
Toujours en marche, à parcourir ces immensités, ils se chargent du minimum pour vivre,
s’abriter et se nourrir.
La tente se monte et se replie, leurs troupeaux mènent, eux aussi, une vie de transhumance,
été comme hiver. La terre apporte le juste nécessaire.
Le peuple hébreu au Sinaï cueillait chaque matin la manne, leur pain quotidien, ni plus ni
moins et pas question pour eux de faire les provisions pour le lendemain…
Dur pour certains, quand la marche ressemblait à une errance.
Au désert, le vide autour de soi, il enveloppe tout l’être, aucun appui.
Il invite à nous débarrasser de tout ce qui encombre et fait obstacle au silence.
Au désert, c’est la Rencontre avec l’Immense, qui laissera des traces pour toujours dans la vie.
C’est aussi le lieu des rencontres, offertes par l’eau qui rassemble.
Au désert, on connaît la soif, c’est la hantise des peuples des terres arides, leur premier souci. Autour de la source ou du puits, a lieu un face à face humain avec l’autre, une nécessité vitale, qui adoucit et permet d’accueillir un semblable, de l’aider, de l’écouter, de l’aimer.
L’eau est bienfaisante, elle réjouit le cœur de l’homme. François d’Assise la voyait comme une sœur chaste et pure.
Désert, lieu de prières : « Je parlerai à ton cœur ».
La parole n’a pas changé, l’appel est le même que pour Abraham, la Samaritaine, Pierre et tant d’autres, surtout Jésus « qui n’avait même pas de lieu où reposer sa tête ».
Lui, il était toujours en marche, dans sa solitude, car il s’apercevait bien qu’on ne comprenait pas grand-chose à ses propos.
Ce lieu où l’on ne s’installe pas,
ne serait-il pas celui des rencontres intimes avec l’Esprit de Dieu ?
Lieu des retrouvailles avec Lui, dans le creux de nous-mêmes.
Lieu où barrières et pont-levis doivent bouger et s’ouvrir pour laisser passer le Souffle.
Un lieu à partager avec l’autre qui aide à voir et qui devient miroir.
Un lieu qui nous rendrait nomades, en étant accueillis par des églises, des couvents…
Un lieu exposé au grand vent du Souffle ?