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Rapport de la CIASE : de profondes réformes attendues

Après le rapport de la CIASE (Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église), et devant le choc provoqué par l’ampleur des dégâts, la faillite morale de l’Église institution et la souffrance des victimes, la communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs réagit.

Tsunami, bouleversement, mise en cause : les formules varient selon les médias. Toute l’Église est convoquée à l’écoute des victimes. Toute l’Église est interpellée sur des dysfonctionnements systémiques. Toute l’Église est invitée à la lecture confiante des évangiles. Toute l’Église, c’est-à-dire chacun de nous. 

La communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs :

  • Souligne le caractère essentiel de l’ÉCOUTE qui devrait prévaloir dans les pratiques de l’Église catholique de France. Les membres de la CIASE ont pris le temps, le risque, les moyens d’écouter vraiment les victimes. D’accueillir leur douleur, leur plainte et leur espérance. De consacrer aussi le rôle déterminant des associations de victimes, témoins privilégiés pour contribuer à la rédaction du rapport.
    Prendre les moyens d’écouter l’ensemble de la société, non pour la juger mais pour la rencontrer. Également écouter l’ensemble du Peuple de Dieu, sans distinction de grade ni de fonction. L’écoute est la condition d’une rencontre vraie et féconde. À la manière de Jésus déclarant à propos de l’accueil des plus fragiles : « Et vous m’avez accueilli ! ».
  • Remercie la CIASE pour la QUALITÉ DU TRAVAIL ACCOMPLI, avec la disponibilité et des compétences diverses en termes de croyance et de disciplines, dans la rigueur et la durée. Remerciements également à l’instance hiérarchique de l’Église de France qui a décidé de la création de la commission, l’a financé et a respecté son indépendance. Une telle expérience démontre la possibilité de mettre sur pied un tel outil et invite les diocèses, les paroisses et les communautés à se doter de tels outils d’intelligence et de vigilance collective. Une démarche synodale ? 
  • Contribuera à ce que les « PROPOSITIONS » de la CIASE ne restent pas sans lendemain et à ce que l’Église entreprenne les réformes systémiques préconisées, tout spécialement : 
  • en mettant en cause les usages déviants de la sacralisation du prêtre ou de tout autre responsable dans l’Église ;
  • en réformant la gouvernance ecclésiale dans le sens de la  coresponsabilité décisionnelle (femmes/hommes ; laïcs/prêtres), d’une vraie synodalité, et en créant des « organes indépendants » de vigilance et d’interpellation, en réformant le droit canon ;
  • en veillant à la formation théologique et pastorale des prêtres et des autres animateurs.
    En étant attentive à leur « discernement vocationnel », leur écoute de la société
    et leur attachement à la primauté de la dignité de chaque personne.

Guy Aurenche
pour le groupe Communication de Saint-Merry Hors-les-Murs

  1. André Letowski says:

    Je suis choqué de lire que toute l’Eglise est convoquée à l’écoute des victimes, et notre communauté à se réinventer, comme si nous (bien de mes relations et amis) avions participé à « cette mise sous le tapis », que nous avons toujours refusé, sans être entendu. Nous sommes nombreux à avoir été aussi victimes au sein de l’église institution (divorcés remariés, homosexuels, théologiens, pasteurs et chrétiens osant expérimenter d’autres voies que celles « traditionnelles » …) ; beaucoup ont d’ailleurs « quitté l’Eglise », même si le plus souvent ils continuent à vivre des valeurs des évangiles. Solidaires de cette pratique institutionnelle, certainement pas !
    Par contre, participer à la suite de la commission Sauvé, à une démarche synodale oui. Pour moi, le travail de la commission illustre de fait une véritable démarche synodale telle que François nous le propose : poser les faits tels qu’ils sont, tant du côté des clercs que des laïcs, sans faux fuyant, dans une écoute patiente, inscrite dans la durée, reconnaitre ces faits (une forme de demande de pardon), solliciter l’Esprit pour ensemble bouger et explorer les voies d’avenir.
    La commission Sauvé nous fait un immense cadeau, celui d’un « audit » rigoureux, interdisciplinaire et interconfessionnel, et pourtant avant tout celui d’humains à l’écoute pour proposer des recommandations pour bouger. Tirons-en profit.

  2. ALAIN CABANTOUS says:

    Au vu et au lu des premières réactions d’E. de Moulins-Beaufort, une fois de plus mal inspiré ou plutôt arc-bouté au rôle que lui a confié l’institution, les réformes radicales indispensables pour tenter encore d’éviter le naufrage de l’Eglise toute entière ne sont ni pour demain ni pour après-demain. D’autant que, selon le rapport Sauvé, la pédo-criminalité ecclésiastique se poursuit. C’est à désespérer de l’aveuglement des prélats. A quand leur démission collective ? Ils n’ont pas même ce courage.
    Et comme après la suppression autoritaire du Centre pastoral dû à un abus de pouvoir flagrant, c’est depuis hier la colère qui me saisit.

  3. Michel Metzger says:

    Je crois que si l’on pense que seul l’autre, le méchant doit se réinventer autrement dit “se retourner” ou “se convertir”, on est mal barrés. La première chose est de regarder où je mets de la violence, où nous mettons de la violence, chez nous. Et nous savons oh combien nous ne sommes pas parfait. Retirons de notre œil ce qui nous empêche de voir où est l’Amour pour nommer ce qui ne va pas avec une parole et une action aimante. Mais cela peut nous mener à la croix et nous en avons peur, qui que nous soyons. Nous pouvons le faire en union avec le Christ. N’est-ce pas notre foi?

    1. Mt. Joudiou says:

      Je continue à penser que par les déviances de la gouvernance de l’institution, celle-ci plante et a planté un coup de poignard dans le dos de très, très nombreux baptisés qui ont servi, qui essaient de servir non seulement le peuple de Dieu mais les “périphéries”. (Ce que le centre pastoral s’est efforcé de faire depuis sa création).
      Dans le service, la place des femmes est première. Dans la gouvernance, que dire ?!
      Véronique Margron disait le mardi 5 au centre Sèvres : trahison de l’évangile de Jésus Christ. Oui, c’est cela.

    2. ALAIN CABANTOUS says:

      Après les faillites gravissimes et conscientes de l’institution après la trahison de la hiérarchie et ses premières réactions accablantes, je refuse le lénifiant “tous coupables” qui ne règle rien. Bien au contraire.

  4. ALAIN CABANTOUS says:

    Après les faillites gravissimes et conscientes de l’institution après la trahison de la hiérarchie et ses premières réactions accablantes, je refuse le lénifiant “tous coupables” qui ne règle rien. Bien au contraire.

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