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Hiver solidaire à Notre-Dame d’Espérance

Saint-Merry Hors-les-Murs s’est associé au projet Hiver solidaire de la paroisse Notre-Dame d’Espérance : permettre l’accueil la nuit, du 12 décembre au 14 mars, de 3 femmes qui habituellement vivent dans la rue.  Elles arrivent avec leur histoire, leur vécu, leurs problèmes. La rue est un monde dur, tout n’est pas toujours facile ; il s’agit juste de les accueillir, de se laisser accueillir, de les rencontrer. Le 15 janvier, après une expérience d’un mois, il y a eu à Notre-Dame d’Espérance une réunion très riche de relecture entre accueillants. Quelques-uns d’entre eux donnent leurs impressions des premières nuits.

Quel plaisir de participer à une action commune avec une paroisse aussi accueillante !

Ce fut pour moi l’occasion de découvrir une équipe d’organisation très motivée, efficace et très dans l’écoute tout en gardant beaucoup de rigueur. Et il leur en a fallu de l’écoute pour informer et former de l’ordre de 80 personnes accueillantes. Et il en a fallu de la rigueur pour réaliser les travaux dans les locaux et pour réaliser l’organigramme correspondant.
Pour quoi faire, tout ce branle-bas ? Tout simplement pour créer un lieu pour offrir à trois femmes sans logement un abri pour la nuit, pendant la période d’hiver, dans un cadre chaleureux et convivial. J’y ai passé deux nuits, de l’ouverture avant le dîner, au ménage pour la fermeture à 8h30 le matin. Car pour chacune et chacun, à sa manière, la journée recommence là. Toutes les conditions étaient là pour être ensemble, sans projet les uns sur les autres. J’y ai trouvé les conditions d’une vraie communion, discussion sur la vie, blagues, photos, vaisselle, mise en place du couchage chacun dans sa loge. La vie tout simplement avec Marie-C et Stéphanie. Le fait que nous soyons nombreux à nous relayer chaque soir, m’a inquiété. Mais j’y ai trouvé beaucoup de liberté grâce à la fraicheur que cela donne à ces moments passés ensemble. Ce n’est pas un lieu de pouvoir des uns sur les autres et c’est une très belle chose pour un moment qui permet de s’ouvrir simplement à sa sœur ou à son frère.
Merci à ceux qui ont réussi à mettre ça en place. Merci à celles qui acceptent ces règles du jeu, car j’ai vécu de très, très belles rencontres. Merci encore.

Michel

Quelle aventure !

Pour moi bien sûr, bénévole, mais aussi pour ces femmes qui acceptent d’être logées par la paroisse en compagnie « d’accueillants », qui ne sont le plus souvent pas les mêmes chaque jour. Je me suis tout de suite posé une question : qui, en fait, accueille qui, tous les soirs dans ce lieu qui devient leur hébergement de nuit provisoire pour quelques mois ? Cela me demande, mais leur demande aussi, une grande capacité d’adaptation et le risque, mais aussi le plaisir de la rencontre.  Quel courage et quelle volonté de leur part pour affronter la rue tous les jours, l’incertitude du lendemain…
Merci de me permettre de vivre cette expérience enrichissante à tout point de vue !

Claire 

Stom,_Matthias_-_Le_repas_d'Emmaüs
Matthias Stom – Le repas d’Emmaüs

Des belles rencontres …

… avec Anne, Claire, Henriette, Irène, Laurence, Marie-Automne, Marie-Christine, Souad, Stéphanie. Je n’avais pas imaginé que l’Hiver Solidaire me permettrait de telles rencontres, aussi vraies, aussi profondes, des rencontres qui donnent de la joie, des rencontres qui vous changent aussi.
Il y a le temps de l’accueil à la porte, un bel accueil, chaleureux, le sourire de l’un/l’une l’autre, véritable sas entre les difficultés/soucis/tracas de la journée et le plaisir de se retrouver pour passer un bon moment.
Il y a le temps du dîner, préparé avec beaucoup de soin. Il pousse à la convivialité et avec celle-ci à l’échange. Celui-ci peut être léger, des choses simples partagées, des rires, mais aussi et ça été le cas deux fois, un échange qui va au plus profond, parfois douloureux, parfois superbe, de la vie, de l’être.
Il y a le temps de la veillée, parfois autour d’un jeu qui permet de rigoler, parfois inexistante car le dîner a largement dépassé les 22 heures.
Il y a le temps de la nuit, avec sa promiscuité, ses silences et ses bruits, les insomnies et les bons sommeils.
Il y a le temps du réveil, chacun à son rythme, avec les questions bienveillantes pour savoir comment a été la nuit, puis un petit-déjeuner partagé.
Il y a enfin le temps du départ, celui où nous nous disons que nous nous reverrons bientôt, que c’est important.
Pourquoi ces rencontres sont-elles trop souvent impossibles avec les personnes que l’on connaît bien, avec les personnes que nous croisons sur notre chemin ? 

Philippe

Expérience à la fois très riche et très simple

J’apprends de moi et des autres. J’apprends surtout à sortir des étiquettes. Marie-Christine et Stéphanie ne sont pas des sdf.  Elles sont simplement Stéphanie et Marie-Christine. Partir avec son petit sac, se laisser accueillir, passer la nuit avec les autres en dehors de chez moi, se déplacer, écouter, entendre, essayer de ne pas gêner les autres avec mes bruits de la nuit.  Quitter mes repères et chercher dans cette soirée toute simple un espace-temps où chacune et chacun est là dans ce morceau d’église rendu à sa destinée première : un lieu d’hospitalité et de rencontre. On a joué au chromino… un jeu sans prétention mais qui permet la légèreté et la douceur de l’instant cueilli.
Le matin, faire le ménage en chantonnant puis repartir avec un petit sourire en plus.  Pourtant il ne s’est rien passé d’extraordinaire ou plutôt si. Il s’est passé un temps différent sans enjeu autre que d’écouter une brise légère et c’est dans cette brise légère que le pas de Dieu est audible. Chut…

Jean-Louis

À deux voix, histoire de trois « nuitées »

Nicolas

Ma copine Viviane (que je connais depuis plus de vingt ans et qui est une ancienne collègue) a accepté de participer avec moi à Hiver Solidaire. Elle est loin de Notre-Dame d’Espérance et ne connaît Saint-Merry que par ce que je lui en raconte. La nuit du 13 au 14 janvier a été notre troisième « nuitée ». Voici notre bref récit à chacun.

Viviane

Ce jeudi soir 13 janvier, nous avons redécouvert le lieu quitté le 23 décembre, la fenêtre tant attendue, installée le jour même et le trombinoscope qui continue à se remplir de nos photos. Nicolas et moi avons eu le plaisir de faire la connaissance de Souad, arrivée récemment, nous avons aussi été ravis de retrouver Marie-Christine.
Nous avons partagé un excellent dîner : une soupe (d’après nous au brocolis, poireau), puis un gratin délicieux de ravioles et courgettes et pour finir une compote de pommes maison. Comme nous sommes gourmands, nous avons exploré les placards et découvert les chocolats de marques différentes et les avons testés en devisant joyeusement. 
Souad nous a fait un défilé de mode pour nous présenter ses dernières acquisitions de la journée, Marie-Christine elle aussi nous a montré ses deux T-shirts tout neufs.
Nous avons poursuivi la soirée en jouant au UNO, rigolade assurée, nous nous sommes résignées à accepter la victoire de Nicolas, même si nous le soupçonnons d’avoir triché !!
Puis l’heure est venue d’éteindre les lumières.

Nicolas

Cette troisième nuit a été l’occasion de revoir Marie-Christine et de faire la connaissance de Souad. Si l’une est « bavarde » l’autre est plus réservée. Au-delà de la convivialité réelle que nous avons la chance de partager lors de ces nuitées, cette expérience m’interroge en profondeur sur l’accueil de l’Autre dans toute sa différence :

  • Qui accueille qui, dans cette histoire, nous qui sommes de passage ou ces femmes qui sont présentes tous les soirs ?
  • Qu’est-ce qui fait qu’on se « retrouve » dans la rue et comment on tente ou pas d’en sortir ?
  • Comment fait-on pour « supporter » les rigueurs de l’hiver dans la rue ? Comment s’adapter à sa dureté ?
  • Comment respecter l’autre dans ses choix, ses opinions, ses convictions ?
  • Comment lire la présence du Christ dans ces rencontres ?

Merci à toutes celles et tous ceux qui ont permis cela. Belle expérience, belles rencontres, belle invitation à nous transformer…

Viviane

Pour compléter les commentaires de Nicolas : 
– Il y a quelque chose d’étrange dans cette parenthèse qui permet de sortir de la rue des personnes pour une période déterminée.
– Une action qui ponctuellement semble produire du bien-être à ces personnes, mais peut aussi générer de l’inquiétude sur les incertitudes de l’avenir.
Pour moi cela reste une expérience très riche et concrète en matière d’aide aux démunis.

Pour en savoir plus, et peut-être vous engager, vous aussi, dans cette expérience forte,
vous pouvez vous adresser à nathalie.thillay@wanadoo.fr 
ou à Notre-Dame d’Espérance : hiversolidaire@notredameesperance.com 
https://www.notredameesperance.com/quiz/rejoindre-hiver-solidaire

CategoriesSolidarité

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