Comme le fils prodigue dans l’évangile de ce dimanche, faisons route vers Dieu notre père qui nous accueille inconditionnellement, quels que soient nos égarements et laissons-nous réconcilier avec Dieu.
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Entrée en prière :
Beethoven-Fantasia in C Minor, Op. 80, “Choral Fantasy”: Finale /extrait
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Bienvenue à chacun et chacune d’entre vous. Notre communauté de St Merry Hors les Murs est heureuse d’accueillir pour cette rencontre de la parole ceux qui viennent occasionnellement ou peut-être même pour la première fois.
Ce matin nous arrivons un peu bousculé par le changement d’horaire et toujours surpris par le printemps qui surgit ! la nature éclate de vie.
Nous arrivons avec tout ce qui a fait notre semaine, nos joies, nos peines, nos inquiétudes liées à l’actualité dans le monde, et particulièrement par le conflit armé entre la Russie et l’Ukraine qui nous touche profondément et nous bouleverse. Nous sommes en communion en ce jour avec nos frères de ces deux pays qui sont dans la souffrance.
Comme le fils prodigue dans l’évangile qui a été le centre de nos réflexions lors de cette préparation, faisons route vers Dieu notre père qui nous accueille inconditionnellement, quel que soit nos égarements et laissons-nous réconcilier avec Dieu, au nom du Père, du Fils et de l’Esprit saint.
Méditation en musique : Stravinsky, Le sacre du printemps
📖 Évangile de Jésus-Christ selon Luc (Lc 15, 1-3.11-32)
En ce temps-là, les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Oh la la ! Cet homme fait bon accueil aux pécheurs…
Or vous connaissez sûrement la formule : « Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es… »
Quel est donc cet homme ?
Qu’est-ce qui motive au plus profond ce Jésus que, nous aussi, venons à nouveau rencontrer, regarder, écouter ce matin ?
Il est là, au milieu de personnes à la marge, pas très dans les clous…
Certains, des purs, des religieux, des tenants de la loi, voient cette situation d’un mauvais œil… N’est-ce pas scandaleux sa présence parmi eux ?
Jésus a conscience de tout ce qui se bouscule, sans oser le dire, dans les cœurs de ces bien-pensants, de ces bien-pratiquants.
Il ne se justifie pas, il ne se met pas à discuter ou à polémiquer… Ce serait peine perdue… Il n’est pas là pour faire un cours, il ne s’agit pas d’une question de théologie dogmatique ou morale à résoudre, l’enjeu c’est une affaire de regard et de cœur à ouvrir…
Alors comment leur faire saisir à eux, à nous aujourd’hui, ce qui, par dessus tout, l’anime ? Comment nous faire entendre que, pour lui Jésus, l’important c’est chaque personne et chaque personne réconciliée avec elle-même, avec les autres, debout, heureuse de vivre et de se savoir aimée ?
Alors Jésus invente, avec, ô merveille ! un vrai cœur de père, l’une des plus belles histoires qui soit : « Un homme avait 2 fils… »
Jean-Luc
Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : « Père, donne-moi la part de fortune qui me revient ». Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.
Chant : Le monde ancien s’en est allé
(Auteur : Joseph Gelineau/Edt :Mame Le C)
♫ Le monde ancien s’en est allé,
Un nouveau monde est déjà né :
Nous attendons le jour de Dieu
Qui transfigure terre et cieux.
Alors il rentra en lui-même et se dit : « Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers. » Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : « Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. » Mais le père dit à ses serviteurs : « Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. » Et ils commencèrent à festoyer.
♫ Le monde ancien s’en est allé,
Un nouveau monde est déjà né :
Ne vois-tu pas le jour venir
Et tous les arbres reverdir ?
Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : « Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé. » Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : « Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras ! » Le père répondit : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »
♫ Le monde ancien s’en est allé,
Un nouveau monde est déjà né :
Il s’est levé le jour de Dieu
Qui fait renaître terre et cieux.
Résonances
Dans cette parabole, il y a du mouvement. Le fils cadet part avec son pécule vers un pays lointain, voyage. En difficulté, il rentre en lui-même, repense à son père, à sa vie passée. Je me lèverai et j’irai vers mon père. […] je ne suis pas digne d’être appelé son fils. Il revient sans rien (il a faim). Le père du bout du chemin le voit, court à sa rencontre et se jette dans ses bras. Le père accueille le fils sans condition, sans jugement, seulement heureux de le voir revenir. Il fait préparer le plus beau vêtement, le festin. Car mon fils était mort et il est revenu. Le père est toujours père quoi qu’ait fait le fils. Le fils aîné qui rentre après le travail s’arrête au seuil de la maison, en colère de ce qu’on lui apprend.
C’est le père qui est le personnage principal. Jésus nous transmet dans la Parabole tout l’amour de son Père pour le fils cadet, pour le fils aîné aussi qu’il voudrait à sa table partageant sa joie, pour nous tous ses fils et ses filles qui oublions (souvent ?) qu’il est toujours prêt à nous accueillir, à nous accompagner.
Hélène
Méditation en musique : Debussy, L’enfant prodigue, L. 57: No. 1, Prélude.
Le cadet est revenu. Festin, musique et danses. Mais son retour a mis l’aîné en colère, il est fou de jalousie. Obéira-t-il à son père qui le supplie de rentrer ? La parabole s’arrête là. Comment imaginez-vous la suite ? et la fin ? L’histoire d’Abel et Caïn se termine par un meurtre. Aujourd’hui, peut-on imaginer comment se terminera la guerre fratricide imposée aux Ukrainiens et aux Russes ? Et que dira-t-on, que chantera-t-on à Pâques dans les églises chrétiennes, avec Onuphre à Kiev, Kirill à Moscou et Bartholomée à Constantinople ?
« Laissez-vous réconcilier avec Dieu » nous dit Paul dans la lettre de ce dimanche. Oui, mais si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, « laisse là ton offrande devant l’autel et va d’abord te réconcilier avec ton frère » (Mt.5). L’aîné pardonnera-t-il un jour à son frère, sa jalousie s’éteindra-t-elle avec le temps ? Et, aujourd’hui, les victimes du Bataclan, les victimes des prêtres pédocriminels pourront-elles pardonner l’impardonnable ?
La parole de l’évangile est tranchante.
Méditation en musique : Klaus Nomi – Cold Song
Partage : Dans lequel des deux frères je me reconnais le plus ?
Chant : Nous sommes les enfants d’un Dieu au cœur de joie
Nous sommes les enfants d’un Dieu au cœur de joie (bis)
Lorsque nous revenons de nos courses perdues
Pour apprendre du vent qu’il nous a attendus !
Nous sommes les enfants d’un Dieu au cœur de joie (bis)
Nous sommes les enfants d’un Dieu au cœur de paix (bis)
Lorsque nous accueillons l’aurore du pardon
Pour espérer qu’en Lui ce passage est un don
Nous sommes les enfants d’un Dieu au cœur de paix (bis)
Nous sommes les enfants d’un Dieu au cœur de feu (bis)
Lorsque nous accordons justice et charité
Pour sentir que la terre recommence à chanter
Nous sommes les enfants d’un Dieu au cœur de feu (bis)
Nous sommes les enfants d’un Dieu au cœur d’enfant (bis)
Lorsque nous témoignons de son amour semé
En ajustant nos pas sur sa fraternité
Nous sommes les enfants d’un Dieu au cœur d’enfant (bis)
(Paroles : Alain Cabatous / Musique : Léandre Boldrini)
Quelles intentions de prière désirez-vous confier à la communauté ?
♫ Refrain
Vers toi, Dieu fidèle et plein d’amour,
Nous levons le regard de notre cœur,
Sème en nous la confiance;
Garde-nous dans la paix !
Notre Père
Paul Baudiquey (1926-2001) a plusieurs fois commenté le tableau de Rembrandt, dans des conférences (à Saint-Merry et à l’Arc en Ciel), à la télévision (France 2, 1981) dans des livres (Rembrandt et le retour du fils prodigue, Mame, 2014).
Nous vous en proposons quelques extraits :
« C’est le premier portrait « grandeur nature » pour lequel Dieu lui-même ait jamais pris la pose. Il s’est usé les yeux à son métier de Père. Scruter la nuit, guetter, du même regard, l’improbable retour ; sans compter toutes les larmes furtives. Il arrive qu’on soit seul ! Oui, c’est bien lui, le Père, qui a pleuré le plus.
Deux mains : une main masculine, robuste, et une main féminine, douce, tendre, qui ne saisit pas, ne tient pas, une main légère sur l’épaule, une caresse, la main d’une mère.
Je regarde le fils. Une nuque de bagnard. Ces plis froissés où s’arc-boute et vibre encore le grand vent des tempêtes, des talons rabotés comme une coque de galion sur l’arrête des récifs, cicatrices à vau-l’eau de toutes les errances. Le naufragé s’attend au juge. Il ne sait pas encore qu’aux yeux d’un père comme celui-là, le dernier des derniers est le premier de tous. Appuyé de la joue, tel un nouveau-né au creux du ventre maternel, il achève de naître. La voix muette des entrailles dont il s’est détourné murmure en fin au creux de son oreille. Il entend. »