La marche est largement évoquée dans la démarche synodale. Mais comment l’Église marche–t-elle ? Marie-Thérèse Joudiou nous rappelle les apports de Michel de Certeau
sur « les marges », ou les périphéries du Pape François.
Mais n’est-ce pas l’Église qui est devenue périphérie ?
Comme le citait, il y a peu, en forme de rappel, Guy Aurenche, Vatican II déclarait : “Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses de ce temps, celles des pauvres… sont aussi les joies et les espoirs, les peines et les angoisses des disciples du Christ,. Il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur.
N’est-ce pas ce que nous vivons, nous chrétiens de Saint-Merry Hors-les-Murs ? Avec angoisse parfois.
Nous marchons avec le monde, dans un monde désorienté dans ce qu’il vit et essaie de penser. Cette désorientation, en avançant “par écarts et décentrements successifs”, Michel de Certeau en a pris le risque, se donnant comme lieu de pensée, la vie quotidienne de l’homme ordinaire, ce qu’il a développé dans son ouvrage “L’invention du quotidien. Arts de faire”. La revue Esprit de janvier – février 2022 reprend cela dans un important dossier consacré à Michel de Certeau intitulé L’amour des marges.
Dans cet ouvrage, que nous avions étudié dans le groupe Michel de Certeau, (groupe qui a cessé lors de la fermeture du centre pastoral Saint-Merry pour des raisons qu’il n’y a pas lieu de développer ici), Michel de Certeau nous invite à regarder ce que nous croyons être le centre (tentation possible avec le synode des synodalités vécu comme renforcement de l’Église comme centre d’où tout émane) à partir des marges, les périphéries du pape François, lui-même proche de la pensée de son frère jésuite Michel de Certeau. Comprendre le monde présent (cf. Diagnostic du présent de Michel Foucault), le monde qui vient, dans le contexte de l’exculturation du catholicisme (Danielle Hervieu-Léger).
Comme l’a écrit Henri-Jérôme Gagey : « La dimension ecclésiale de la foi catholique ne parvient pas à s’inscrire dans l’état présent de la culture post moderne » (article “La dimension ecclésiale de la foi aujourd’hui”) : « Nous n’avons pas l’Église qu’il nous faut. » L’Église doit changer pour faire face au tournant civilisationnel dans lequel elle se trouve prise avec l’ensemble de l’humanité ( cf. Imaginer l’Église catholique de Ghislain Lafont). « N’est-ce pas faute de trouver son point d’application dans la vie sociale de nos contemporains que le catholicisme se trouve en quelque sorte flottant ? »
Nous tenir debout dans un monde instable ? Le christianisme n’est ni un système ni une idée mais une rencontre avec le Dieu de Jésus-Christ. Une relation incarnée non diluée dans la tentation “spirituelle” (Michel de Certeau).
Marie-Thérèse Joudiou
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Merci, Marie-Thérèse ! Oui, ce groupe “Michel de Certeau” qui nous a tant apporté… Aux marges, continuons à œuvrer ensemble à l’émergence du Royaume de Dieu.
Dominique