La synodalité – Marcher vraiment Ensemble – ne relève pas de l’obsession du mécanicien cherchant à mettre des rustines sur une « machine qui rend l’âme ».
De même ne vise-t-elle pas d’abord la dimension institutionnelle de l’organisation.
Elle touche au souffle, à l’esprit qui invite à être coparticipants.
Un nouveau langage
La foi se développe en chaque personne ; elle s’enracine et grandit dans une démarche commune sans laquelle elle risque de devenir un programme d’auto justification. Elle se reçoit d’un ailleurs qui prend chair en des groupes humains historiquement situés.
« Nous devons accepter que les hommes d’aujourd’hui nous apprennent à chercher Dieu dans notre monde actuel… Nous avons une théologie que plus personne ne comprendra dans vingt ou trente ans (faut-il repousser si loin l’échéance ?). Il nous faut un nouveau langage qui doit être fondé sur l’Évangile. » écrit le cardinal Hollerich, rapporteur spécial du synode sur la synodalité (Trouver Dieu en toutes choses, Ed Salvator, 2023).
« Toute l’Église doit participer à la mise au point de ce nouveau langage. »
cardinal hollerich
L’Europe catholique archipellisée
Après le niveau diocésain et national (nous y avons contribué à travers ce document), l’échelon continental vient de s’achever à Prague. Le constat d’une réalité : « Les Églises d’Europe disent leurs blessures et leurs tensions » (La Croix, 9 février). Les 600 participants ne s’y attendaient pas.
« Il y a d’un côté le bloc de l’Est avec des Églises plus identitaires… épouvantées que le processus ne s’aventure trop loin sur le terrain doctrinal … De l’autre les Églises de l’Ouest qui … veulent davantage adapter l’institution aux évolutions de la société et à la modernité ». Heureuse diversité qu’il nous faut accueillir puis gérer pour qu’elle ne stérilise pas les efforts inventifs proposés.
Le document européen retient pêle-mêle l’affirmation de la place des femmes et des laïcs, une vraie réforme de la gouvernance, l’inventivité liturgique et l’adaptation du langage, l’écoute de la société, l’œcuménisme, l’accueil des marges et des périphéries. À ce sujet il fut vivement regretté que les voix des personnes les plus « pauvres » n’aient pas été présentes dans les débats.
Partager la nouveauté
Avant que ne débute la phase mondiale de la réflexion synodale (août 2023-octobre 2024), en partant du document de Saint-Merry Hors-les-Murs, « Porter l’espérance », retenons quelques orientations, tentons de les traduire en termes « opérationnels actualisés » en en partageant la racine évangélique. Sans oublier la demande pressante qu’un lieu nouveau et une lettre de mission nous soit confiés.
Un tel effort de réflexion et de formulation audible à l’extérieur nous aiderait à retrouver le pourquoi de nos « originalités », leur incarnation pour les années à venir, leur richesse pour toute l’Église et l’envie que d’autres les complètent ?
- Que dirions-nous de la découverte que nous faisons de l’outil numérique,
en particulier dans la Rencontre hebdomadaire autour de la Parole ?
En en dégageant la dimension vraiment ecclésiale. - Qu’en est-il de nos projets d’aller aux périphéries, non pour faire de nouveaux adeptes
qui nous ressembleront, mais pour entendre les besoins et les inventions nouvelles ? - Comment formulerions-nous la relation prêtres/laïcs que nous vivons depuis longtemps
et qui a pris de nouvelles expressions en ces temps de nomadisme ? - Comment, au-delà d’un discours convenu, réalisons-nous vraiment l’intégration
des personnes les plus pauvres, dans la vie de la communauté ?
Le cardinal Hollerich ajoute :
« Les réformes structurelles ne doivent pas être les seules
au centre des discussions.
L’Église est appelée aussi à sortir de son confinement spirituel. »