Dans la nuit du 5 au 6 février dernier, un séisme de puissance 7,8 sur l’échelle de Richter a dévasté le sud de la Turquie et le nord de la Syrie, dont nous avons tous vu les images de destructions matérielles et humaines dans la Presse écrite et audiovisuelle. À Alep, ville chère à mon cœur où vit une partie de ma famille, cela vient couronner près de douze ans de guerre civile, de bombardements divers et de destructions abominables, ayant entrainé l’exil d’une partie de la population, réfugiée à l’étranger ou ailleurs dans le pays, parfois dans des campements de fortune, – quand elle ne s’est pas noyée en route en Méditerranée. L’embargo imposé par l’occident et la nullité de la puissance publique locale a entrainé en sus moult restrictions : peu d’électricité, des coupures d’eau, des ruptures de stock de pétrole pour rouler et se chauffer… Autrement dit, ceux qui viennent de subir ça étaient déjà des rescapés de l’Histoire. Beaucoup dorment encore dans leurs voitures, loin des immeubles, malgré un froid particulièrement rigoureux, par peur des répliques qui continuent, même bénignes. Et l’état déliquescent du pays et de ses structures ne permet pas d’envisager un sursaut rapide et efficace pour venir au secours de ces populations mortellement éprouvées, sans parler d’une reconstruction de ce pays dévasté.
C’est comme si c’était toujours les mêmes qui devaient trinquer : le Moyen-Orient, les Haïtiens, les Ukrainiens… Le livre de Job doit leur parler ! Depuis notre confortable occident, n’en déplaise à ceux qui se battent à juste titre pour défendre nos retraites ou le bon fonctionnement de nos transports publics, de nos hôpitaux ou de nos écoles, (qui ne vont pas bien), nous n’avons pas idée de ce que subissent dans leur chair et dans leur âme ces populations, depuis des siècles parfois, et en tout cas durant ces dernières années où nous-même menions nos vies. Quand je vois le lamentable spectacle donné par nos députés ces derniers-jours, comme si la démocratie pouvait être abîmée sans conséquence, je me dis qu’ils ne savent pas ce que c’est que de vivre sous une dictature à l’orientale, et j’avoue que je leur en veux, comme s’ils manquaient de respect envers tous ceux qui ne connaissent pas notre liberté, notre droit à coconstruire notre propre avenir et celui de nos enfants.
Nous avons bien sûr des capacités d’empathie, nous sommes en union de pensée, pour certains de prière, avec ces populations aux abois. Nous participons aux collectes financières, pour envoyer des aides sur place. Mais nous ne vivons pas ce qu’ils vivent, – en serions-nos capables ? Et serons-nous capables, aussi, de chérir ce que nous avons la chance d’avoir, matériellement (maisons qui tiennent debout, eau courante et électricité, nourriture dans les magasins, pays en paix), et en termes de liberté : liberté de choisir nos dirigeants, liberté d’aller et venir, liberté de critiquer tout ce dont nous bénéficions. Usons de cette liberté pour aider ceux qui sont dans la détresse, mais aussi pour rendre grâce de notre confortable sécurité.
Blandine Ayoub
(Ayoub signifie : Job)
Adresse fiable pour faire des dons (avec déduction fiscale), par l’intermédiaire de l’Oeuvre d’Orient :
Collecte pour le fonds d’urgence pour les familles déplacées (Ajouter Alep – Projet 2465 dans le champ commentaire)
https://secure.oeuvre-orient.fr/soutenir-victimes-seisme-moyen-orient?=popup&utm_medium=popup&utm_campaign=seisme2023&utm_content=dosite&fbclid=IwAR3DGDX27yb5_tihsfIRvk6A6A08xhtmdEwK0OcaH8OFsgrAtfDux6MFvyQ