Bientôt, nous fêterons les soixante-quinze ans de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 décembre 1948 : un “acte de foi en la dignité de la personne” qu’il nous faut continuer de faire, ensemble, malgré le dérisoire et le désespoir, dans un monde en plein désordre. L’édito de Guy Aurenche
Droits de l’homme
Bientôt les soixante-quinze ans de la Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948. Un cri fut lancé, après l’horreur des soixante millions de morts de la Shoah, de la bombe atomique : « La méconnaissance des droits de l’homme a conduit à des actes de barbarie ». Un programme fondé sur un « acte de foi en la dignité de la personne ». Des droits et devoirs furent codifiés, des institutions mondiales et nationales créées, un droit de la guerre promulgué ; même une Cour Pénale pour juger les crimes les plus graves. Pas un remède miracle mais un garde-fou contre la tentation de déshumanisation qui nous guette.
Dérisoire
Tout cela semble aujourd’hui dérisoire parce que largement inefficace. Les guerres ravagent nombre de pays et les actes terroristes se multiplient. Un gouvernement bombarde et tue des civils jusque dans un hôpital. La faim progresse ainsi que les inégalités. Les équilibres écologiques s’effondrent à cause de la quête du profit maximal. Les appels à un peu d’humanité ne sont pas entendus. Pire, ils sont jugés lâches. Comment mesurer les dégâts que cause cette dérision vis-à-vis de la promesse d’un minimum de respect de l’autre, aussi ennemi soit-il ? C’est la conscience humaine qui est gravement atteinte.
Désespoir
L’un des symptômes de cette maladie : le désespoir qui explose ouvertement ou discrètement.
Les candidats les plus démagogues sont élus, consacrant le dévoiement de l’acte démocratique :
« À quoi bon ! ». Jeunes ou moins jeunes s’engouffrent largement dans le « Sauve qui peut ! » généralisé. Les groupes d’action ou de pensée, les familles spirituelles peinent à résister au repli identitaire plus « sûr » dans un monde en « plein désordre ».
Dignité
Au cœur de tels bouleversements, faisons, ensemble, le choix de la dignité pour construire la vie de la communauté universelle. Non grâce à nos capacités mais au courage de ceux et celles qui choisissent la dignité de la personne. Ils, elles résistent et interdisent la dérision destructrice, comme le désespoir infécond. Faisons ce choix avec les larmes des enfants de Gaza et d’Israël, la frêle ténacité des résistants ukrainiens ou ouïghours, le sourire blessé des femmes afghanes ou iraniennes, la volonté des paysans africains qui « inventent », l’espoir désespéré des migrants,
le courage fragile de la société civile, de certains responsables politiques et des artisans de paix, la volonté de tant d’exclus aidant plus pauvres qu’eux. Ils incarnent le choix prometteur de la dignité humaine, fait il y a soixante-quinze ans. Oui, cet « idéal à atteindre » par toute l’humanité est en construction. Rejoignons le chantier… tels des « ouvriers de la dernière heure ». Il (ils) nous « embauche(nt) » !