Synthèse du groupe de travail « Espace Espérance », créé il y a un an,
en lien avec l’Équipe Pastorale, pour contribuer à la réflexion collective autour d’un nouveau lieu d’ancrage.
« Rendre raison de l’Espérance » (1 P 3-15)
La devise épiscopale choisie récemment par Emmanuel Tois est en forte résonance avec le cheminement de notre Communauté, depuis près de trois ans, pour aller de l’avant.
Devenue nomade, notre Communauté a pu rester vivante en se réinventant, pas à pas, avec de nouvelles formes d’expressions, d’activités, de partenariats, de célébrations … Cette traversée du désert nous a dépouillés de beaucoup de certitudes et d’habitudes. Paradoxalement, elle a suscité, au cœur de nos fragilités, de nombreuses initiatives. Comme une incitation concrète, imprévisible, pour actualiser notre vocation première : « comment inventer de nouveaux chemins pour l’Église de demain ? ».
En 2024, avec la promesse d’un nouveau lieu à inventer, d’un nouveau printemps, après un temps d’attente, voici bientôt le temps de la germination : une étape décisive s’annonce pour « cultiver » l’avenir de notre Communauté.
En cohérence avec nos valeurs, notre histoire,
comment inscrire ce futur port d’attache
dans cette dynamique de renouveau créateur qui nous fait avancer aujourd’hui ?
L’enjeu : partir de nos piliers fondateurs, de notre expérience, de nos savoir-faire mais pouvoir les adapter, les élargir, les faire évoluer en fonction du nouveau contexte, dans un monde qui change… Le mode de vie de notre Communauté est un nomadisme en partie virtuel – grâce au développement de nouveaux outils : notre site internet, nos conférences, nos formations et nos célébrations en visio. Une chance pour nous permettre de nous joindre plus facilement à distance, à tout moment, dans toute la France et au-delà (Allemagne, Canada …) mais avec des rencontres et des célébrations mensuelles en présentiel, nous permettant de concilier les deux styles de nos échanges.
Quatre exemples de lieux spirituels innovants
Pour enrichir la réflexion collective sur ce futur port d’attache, nous sommes allés à la rencontre de lieux spirituels innovants, d’horizons très différents – dont les boutiques spirituelles de « l’Escale » créées par le pasteur Christian Tanon, le tiers-lieu « le Dorothy », le café-rencontre la « Canopée » créé par la Communauté du Chemin Neuf pour la paroisse de Saint-Mandé, ou encore à la Défense, « Notre-Dame de Pentecôte ». Quatre fiches ont été rédigées pour nourrir notre recherche : voir le tableau synthétique fait par Jacques Debouverie.
La plupart de ces lieux intéressent les médias : ils ont fait l’actualité récente de La Croix Hebdo ou de La Vie. Ils se caractérisent tous par la qualité de leur accueil – simple et chaleureux -, de leur écoute – bienveillante – et par la diversité des activités proposées d’ordre spirituel ou non, y compris des rencontres festives et joyeuses : musique, chants, ou bal folk … Certains sont des véritables lieux de vie où le visiteur peut se poser sereinement, où il fait bon vivre même pour des non-cathos, avec un rayonnement étonnant dans le quartier (cf. la Canopée à Saint-Mandé).
Toutes ces initiatives sont porteuses d’une nouvelle manière de faire Église.
Nous avons cherché auprès de ces expériences à identifier plusieurs pistes qui peuvent s’inscrire dans l’approche du CPHB (Centre Pastoral Halles-Beaubourg devenu Centre Pastoral Saint-Merry), ou qui offrent de nouvelles perspectives. Ces pistes se complètent : à modifier ou à adapter en fonction des circonstances…
PISTE 1 – Un espace de ressourcement spirituel au cœur de la ville
C’est le point commun aux différents projets, leur moteur – « oasis spirituel » – pour Notre-Dame de Pentecôte, « lieu de vie chaleureux et animé » – pour la Canopée, « lieu réconfortant » pour l’Escale, « lieu convivial » pour le Dorothy : si la dimension spirituelle est discrète, elle est bien présente.
Un lieu avec une double vocation :
- un espace d’accueil et d’ouverture convivial, dans un quartier animé, pouvant toucher un large public « aux périphéries », en particulier « ceux qui ont déserté les églises » et sont en manque de vie spirituelle partagée. – cf. à L’Escale : tour de table chaque après-midi avec lecture d’évangile à tour de rôle et partage des réactions.
- un espace de tissage de lien social, renforcé, avec des associations proches et d’autres partenaires – permanences, activités communes… (les 4 lieux sont concernés par cette approche).
PISTE 2 – Un nouvel élan pour nos trois piliers fondateurs
- L’accueil et l’écoute
Point fort des différents lieux, grâce aux bénévoles – avec à la clé parfois des formations pour l’écoute (cf. l’Escale) et un esprit d’équipe soudé.
Cette orientation du Centre Pastoral Saint-Merry réunissait une équipe importante, en partie encore active, qui pourra reprendre toute sa place et élargir éventuellement son rôle. - L’art vivant
Avec une expression diversifiée, à travers des expositions, de la musique, des concerts…, la dimension culturelle est présente dans certains lieux mais beaucoup moins qu’à Saint-Merry (expos à Notre-Dame de Pentecôte, musique surtout au Dorothy et à la Canopée).
PISTE 3 – Nos célébrations, quatrième pilier
Est-il possible de les inclure dans un même lieu que les autres activités ? C’est le cas seulement pour Notre-Dame de la Pentecôte, les autres lieux – sauf le Dorothy – sont en lien avec une église qui se situe ailleurs. Les églises étant liées à une paroisse – ce qui n’est pas notre vocation – cela semble difficile ? Si ce n’est pas possible, deux alternatives seraient envisageables :
- un lieu comprenant une chapelle ou une salle suffisamment vaste pour permettre une célébration à grande échelle en étant rattachés à une paroisse pour tous les actes sacramentels.
- Sinon, notre port d’attache serait relié avec un lieu officiel de célébration, reconnu par le diocèse – accueil dans une paroisse ? – en lien étroit avec les autres piliers.
Notre spécificité par rapport aux autres lieux rencontrés est la célébration en visio qui fait partie, avec succès, de notre nouveau mode de vie.
PISTE 4 – La localisation
Concrètement, les lieux visités privilégient une localisation dans un quartier animé, central de préférence, en rez-de-chaussée, pour un accès direct et facile sur rue, avec, si possible pour notre projet :
– un espace d’accueil sur rue,
– une grande salle d’expositions et de rencontres pouvant accueillir des célébrations,
– des salles de réunion, un petit bureau, un coin cuisine…
La taille de ce lieu pourra varier entre un format moyen (200 m2) et un grand format (au moins 400 m2).
PISTE 5 – Le partenariat
Le partenariat est un atout important pour la plupart de ces lieux, en renforçant leurs activités mais aussi leurs moyens. Il a souvent été progressif, en fonction des besoins et des circonstances.
Le futur lieu pourrait accueillir d’autres partenaires, avec partage des activités et mise à disposition des locaux, en fonction des besoins et des projets communs. Cette ouverture conviviale renforcerait l’animation du lieu et des rencontres.
En conclusion
La découverte de ces lieux innovants a été pour notre groupe très stimulant et d’une grande richesse dans les partages avec les différentes personnes rencontrées. Nous ne sommes pas seuls dans la dynamique d’une nouvelle approche pour faire Église et « rendre raison de l’espérance».
* Avis aux lecteurs *
Si vous connaissez des initiatives similaires, merci de les partager avec nous pour enrichir notre réflexion collective. La recherche et l’échange continuent !
Groupe de travail « Espace Espérance » :
Marguerite Champeaux-Rousselot, Sophie de Lannoy,
Didier Pény, Solange de Raynal, Jean-Louis Wathy