L’attaque d’Israël sur Gaza est en train de conduire à des dommages irréparables sur les personnes et les biens. Depuis les années 1980, le gouvernement français a largement soutenu les initiatives culturelles palestiniennes. Le combat pour les droits est indissociable d’un combat pour la mémoire. La littérature et la philosophie sont sans doute les moyens les plus appropriés pour explorer cette dimension.
Malheureusement, ce sont souvent les situations d’exil qui ont été à l’origine de ces écrits. Mais sait-on vraiment que plusieurs des écrivains palestiniens les plus conséquents ont décidé délibérément de composer en français (entre autres) et la plupart ont été souvent remarquablement traduits de l’arabe.
Si les noms d’Edward Saïd, ou le plus célèbre des poètes arabes (même universel) Mahmoud Darwich, dont la figure du Christ est intensément présente dans ses écrits, sont généralement appréciés du grand public, d’autres sont moins connus : Mohammed al-Asaad , dont le livre Les Enfants de la Rosée, traduit sous le titre Mémoires d’un village palestinien disparu a été publié en 2002. La poétesse Fadwa Touqan a aussi composé une œuvre remarquable. Il faudrait ici citer aussi Samira Azzam, qui traite de la diaspora palestinienne ou Émile Habibati dont l’attachement à la terre natale qu’il n’a jamais quittée a été consacré par l’épitaphe inscrite sur sa tombe : « Je demeure à Haïfa ». Il resterait bien d’autres figures à découvrir, que le Dictionnaire des écrivains palestiniens[1], paru en 1999, à l’Institut du Monde Arabe a tenté de recenser.
Mais ici, nous voulons tout particulièrement attirer l’attention sur le sort de Ziad Medoukh. Notre collègue du département de français de l’université de Gaza est en danger. Celui-ci, avec lequel nous sommes en lien depuis plus de dix ans, a accompli un travail remarquable, dans un total respect de la non-violence.
Son frère, qui habitait le même immeuble que lui, vient de mourir avec sa femme et ses cinq enfants sous les bombardements. Ses étudiants sont dispersés et lui-même semble avoir été ciblé. Il n’hésite pas à informer les médias internationaux de la situation. De ce point de vue, il représente une voix qu’on cherche à faire taire. Chevalier de l’ordre des Palmes Académiques en 2011, Ziad Medoukh mériterait évidemment d’urgence une protection spéciale de la France, pays dont il a contribué puissamment au rayonnement culturel.
Jean-François Petit
directeur du Réseau philosophique de l’Interculturel
Article publié le 14 décembre 2023 par Réseau Philosophique de l’Interculturel (REPHI)
[1] : Sara Descamps-Wassif, auteure du Dictionnaire des écrivains palestiniens, Institut du Monde Arabe éditions, 1999
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