En ce deuxième dimanche de l’Avent, tandis que nous fêtons la réouverture de Notre-Dame de Paris, sachons, malgré les bouleversements de notre époque, être dans la joie dont nous parle les textes de ce jour.
Chant d’entrée : Seigneur, que veux-tu que je fasse ?
(Robert Lebel)
Seigneur que veux-tu que je fasse?
Je n’ai pas grand chose à t’offrir
Sinon mon unique désir
De te laisser toute la place,
Depuis longtemps tu me façonnes
Entre révoltes et beaux jours;
Voilà qu’entre tes mains d’amour
Ô Dieu, mon Dieu, je m’abandonne,
Seigneur que veux-tu que je fasse ?
Seigneur que veux-tu que je fasse ?
Je ne veux vivre que de toi
Et pour toi.
Toi qui m’as donné de t’apprendre
À même l’espoir et la nuit,
Je voudrais tant que d’autres aussi
Retrouvent ton feu sous leurs cendres
Vers ceux qui se meurent d’attendre
Que ma tendresse soit tendue,
Qu’elle révèle ta venue
À ceux qui souffrent sans comprendre
Accueil
Bonjour et bienvenue à toutes et tous, notamment à ceux qui nous rejoignent pour la première fois.
La joie est transfiguration de l’être nous dit François Cheng qui ajoute elle n’est ni contentement, ni satisfaction.
Alors en ce deuxième dimanche de l’Avent, tandis que nous fêtons la réouverture de Notre-Dame de Paris, saurons-nous être dans la joie dont nous parle les textes et le psaume ? Saurons-nous aplanir les chemins vers la naissance du Christ malgré les nombreuses difficultés de notre époque ?
Paul nous suggère d’être clairvoyant pour discerner ce qui est important, quant à Jean-Baptiste il annonce le baptême de conversion.
C’est à notre tour de prendre part à l’œuvre de Dieu et d’entrer avec joie dans notre célébration au nom du Père, du Fils et de l’Esprit
Laurence
📖 Lecture du livre du prophète Baruc (5, 1-9)
Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours, enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu, mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’Éternel.
Dieu va déployer ta splendeur partout sous le ciel, car Dieu, pour toujours, te donnera ces noms : « Paix-de-la-justice » et « Gloire-de-la-piété-envers-Dieu ».
Debout, Jérusalem ! tiens-toi sur la hauteur, et regarde vers l’orient : vois tes enfants rassemblés du couchant au levant par la parole du Dieu Saint ; ils se réjouissent parce que Dieu se souvient.
Tu les avais vus partir à pied, emmenés par les ennemis, et Dieu te les ramène, portés en triomphe, comme sur un trône royal.
Car Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées : ainsi la terre sera aplanie, afin qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu. Sur l’ordre de Dieu, les forêts et les arbres odoriférants donneront à Israël leur ombrage ; car Dieu conduira Israël dans la joie, à la lumière de sa gloire, avec sa miséricorde et sa justice.
Résonance
Pendant la guerre mon grand-père avait l’interdiction de danser. Cela aurait été inconvenant. À Manille j’ai été saisie par trois gamins en tongs vivants dans une immense décharge, bras dessus, bras dessous, rayonnants de joie, revêtus de T-shirts incroyablement blancs au cœur de ces immondices : ils célébraient leur anniversaire.
La joie, l’espérance dépendent-elles uniquement des circonstances ? Ont-elles leur place aujourd’hui en Ukraine, au Congo, à Gaza, à Alep, à Kaboul, dans le sud Liban, pour les otages du Hamas et leurs familles, ou pour ceux qui vivent dans le tunnel du Pré Saint-Gervais à Paris ?
Parce qu’il attribue à Dieu leur libération Baruc invite les déportés à la joie.
Mais les évènements viennent-ils de Dieu ? Je crois être athée de ce Dieu-là. Je reconnais plus facilement une voix d’un au-delà de nous-mêmes dans la liberté d’Etty Hillesum, prisonnière des camps de la mort pour avoir choisi de « partager le sort de son peuple » : Vous connaissez surement ses notes :
« En ce temps d’effroi, je vais t’aider, mon Dieu (…) à ne pas t’éteindre en moi… Une chose m’apparaît de plus en plus claire : ce n’est pas toi qui peux nous aider, mais nous qui pouvons t’aider. (…) Tu ne peux pas nous aider, mais c’est à nous de t’aider et de défendre jusqu’au bout la demeure qui t’abrite en nous. »
Ces paroles me déplacent dans la manière de vivre les événements et de chercher Dieu, l’espérance et la joie. Non pas tant dans ce qui se passe, mais dans le comment je peux progresser pour – avec les autres – descendre dans ce qui arrive et dégager autant que possible des clairières de lumière. À nous peut-être de veiller à ce que l’étoile de Noël puisse se lever sans attendre qu’elle tombe du Ciel ?
Alexandra
♬ Méditation en musique
Bach, Badinerie
📖 Évangile de Jésus Christ selon Luc (3, 1-6)
L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée,Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène, les grands prêtres étant Hanne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie.
Il parcourut toute la région du Jourdain, en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre des oracles d’Isaïe, le prophète : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur,rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu.
Résonance
« Et tout être vivant verra le salut de Dieu », dit Jean-Baptiste, en citant Isaïe
Jean-Baptiste, prophète, est celui qui parle au nom de Dieu ; comme tous les prophètes de l’ancien testament, il bouscule les humains, pour les faire revenir à Dieu. Jean-Baptiste, de par son père, membre des prêtres du temple, est imprégné de cette tradition ; il connait Isaïe.
La parole de Dieu lui est adressée dans le désert (pas dans le temple à Jérusalem), où sans doute il vivait déjà une vie d’ascète. Pas évident de crier dans le désert pour être entendu ; mais Jean-Baptiste à l’image des prophètes tenaces, s’y emploie. C’est sans doute aussi ce qui nous arrive à nous bien souvent, dans nos vies au quotidien, quand nous tentons de parler de notre foi.
Sa mission : immerger ceux qui viennent à lui ; il pratique un rite de purification pour la société juive.
Et pourquoi cette immersion ? En premier lieu, pour le pardon de leurs péchés, la rémission des fautes (traduction de Chouraqui) ou un baptême de changement (traduction de Boyer) ; de fait, il invite à une profonde transformation de la personne. Mais pour aboutir à quoi ?
Non à se tourner vers Dieu pour lui rendre un culte, mais pour préparer la venue du Seigneur, ce messie qui doit venir pour notre « salut ».
Lors de la préparation, nous nous sommes interrogés sur ce qu’est ce salut ; en hébreu, salut signifie « écarter un danger, délivrer » ; rappelons aussi que le nom d’Isaïe a pour sens « Dieu sauve ».
Dans les évangiles, le salut, c’est faire confiance pour aller au-delà du mal, de la souffrance et de la mort, donner tout son sens à la vie, faire justice, et se positionner dans le Royaume qui est là, et qui vient.
Et ce salut à qui est-il proposé ? À tout être vivant. Encore faut-il préparer le chemin pour que nos contemporains y accèdent.
Comment y parvenir ? Paul nous propose, dans la lettre aux Philippiens, un chemin : nous sommes appelés à progresser pour discerner ce qui est important dans nos vies et celle de nos contemporains, à savoir percevoir comment Dieu accompagne nos vies. C’est aussi ce que le prophète Baruc vient de nous dire.
Alors Noël, au-delà de la naissance de l’enfant qui adulte nous sauvera, c’est un appel à préparer le chemin pour faire entendre son message, un message pour se mettre en route afin que ce chemin soit audible du plus grand nombre. Mais comment discerner les traces du salut de Dieu qui s’accomplit ?
La question du partage auquel vous êtes invités : « Quand percevons-nous la venue du salut de Dieu ? »
André
Temps du partage
Quand percevons-nous la venue du salut de Dieu ? »
Quelques éléments dans les interventions lors du partage :
- lors du 50ème anniversaire de l’Acat qui nous rappelle que le mal n’aura pas le dernier mot
- grâce aux trois femmes de religions différentes qui ont pris la parole lors de la célébration pour l’anniversaire des 50 ans de l’Acat
- quand ma grand-mère en Ehpad lors de l’épidémie de Covid a pu enfin communier grâce à l’intervention d’une aide soignante musulmane
- dans tous les petits gestes et rencontres du quotidien
- lors de toutes les actions collectives comme celles évoquées lors de la réouverture de Notre-Dame
- dans le silence de la prière je perçois l’action de Dieu sur moi
- chaque fois que je vais déraper il y a quelqu’un qui me remet sur le chemin et qui est envoyé par Dieu
- comment je perçois le salut de Dieu, c’est une relecture de ce qui nous est advenu. Sachons la transmettre à l’intérieur de notre communauté comme à l’extérieur
♫ Chant : L’Auvergnat de G. Brassens par le chœur Brassens de Moscou à retrouver sur YouTube en cliquant ICI
📖 Lecture de la lettre de Paul aux Philippiens (1, 9-10)
Dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la pleine connaissance et en toute clairvoyance pour discerner ce qui est important.
Ainsi, serez-vous purs et irréprochables pour le jour du Christ, comblés du fruit de la justice qui s’obtient par Jésus Christ, pour la gloire et la louange de Dieu.
Intentions de prière partagées
À trop évoquer la clairvoyance et le discernement pouvait laisser penser que nos prières manquaient de consistance. Avec ce que nous venons d’entendre de la lettre de Paul et nourris de tout cela nous vous invitons à confier à la communauté vos intentions de prières.
Bernard
♫ Refrain
Que ta volonté soit faite, Seigneur des temps nouveaux,
Et que ton Royaume vienne, au milieu de nous
Nous rendons grâce pour :
- la réouverture de Notre-Dame, encore plus belle !
- cette phrase que j’ai entendu ce matin lors de la réouverture de Notre-Dame : Une seule lance pour éteindre le feu et pour faire advenir le salut de Dieu
Nous prions pour :
- le peuple syrien qui vient de perdre son dictateur et pour que le nouveau pouvoir sache être juste notamment envers les femmes. Nous pensons à la famille syrienne des Ayoub
- les chefs d’Etat réunis à Notre-Dame, pour qu’ils sachent écouter le message de paix du Christ
- les futurs nouveaux gouvernants de notre pays
- ma fille, qu’elle sache discerner ce qui est important dans sa vie, difficile en ce moment
- ma dernière petite-fille qui vient de se dresser, c’est toujours épatant
- Noël, que ce soit une mise en marche vers les autres et notamment ceux qui ont besoin de nous
- les malades et les personnes isolées de notre communauté en cette période de fêtes
- les malades et les soignants en RDC où sévit une nouvelle épidémie
- les bannières des paroisses de Paris, le peuple de Dieu qui avance. Et que la légitimité de notre communauté sans bannière soit reconnue pour annoncer l’Évangile
Psaume 125
Le Seigneur a fait merveille, nous voici dans la joie
Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,
nous étions comme en rêve !
Alors notre bouche était pleine de rires,
nous poussions des cris de joie.
Alors on disait parmi les nations :
« Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! »
Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande fête !
Ramène, Seigneur, nos captifs,
comme les torrents au désert.
Qui sème dans les larmes
moissonne dans la joie.
Il s’en va, il s’en va en pleurant,
il jette la semence ;
il s’en vient, il s’en vient dans la joie,
il rapporte les gerbes.