Nous voici à Pâques alors que Noël est encore si proche. Nous atteindrons le 31 décembre sans avoir vu l’année passer. Et finalement le cours d’une vie peut, dès que s’éloigne un tant soit peu la souffrance, paraître un éclair. Après tout, « à tes yeux, mille ans sont comme hier, c’est un jour qui s’en va, une heure dans la nuit », enseigne le psalmiste (Ps 89, 4),
ce que rappellera Pierre pour expliquer que Dieu ne tarde pas à accomplir sa promesse (2 P 3, 8).
J’évoque Noël car je pense au prologue de saint Jean, entendu à la messe du matin de Noël.
On y lit : « la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée » (1 Jn 1, 5).
C’est exactement ce que nous célébrons à Pâques : les ténèbres n’ont pas arrêté la lumière.
Connexion des mystères, celui de la Rédemption, directement consécutif de celui de l’Incarnation.
En Jésus, Dieu fait homme, la lumière ne peut être arrêtée. Celle de la victoire de la vie sur la mort,
du bien sur le mal, de la paix sur la guerre. Mais cette victoire n’est pas toujours perceptible.
« Nous avons été sauvés, mais c’est en espérance » (Rm 8, 24). Est-il décent de continuer à l’annoncer à ceux qui vivent les ténèbres ? En Ukraine, en Russie, à Gaza, en Cisjordanie, en Israël, au Soudan, au Yémen, en Haïti, au Mozambique, aux Congo, au Nigeria, au Niger, au Burkina Faso, au Mali, dans le Haut Karabagh et en Arménie, en Éthiopie, en Érythrée, au Liban, en Syrie, en Iran, et dans tant d’autres lieux du monde, peut-on même seulement parler de la joie de la Résurrection ?
Sans doute nous faut-il prendre garde à la manière dont nous exprimons notre foi en la Résurrection du Christ, mesurer la joie qu’elle nous procure. Il vaut mieux parfois prier et agir que déborder d’une joie surplombante. Il n’empêche que « la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée » et qu’en même temps que nous prions pour toutes les personnes qui souffrent dans le monde, nous pouvons espérer la bien heureuse issue dont la Résurrection du Christ est le gage.
Je vous souhaite une très belle et très sainte fête de Pâques.
Emmanuel Tois
Merci beaucoup Emmanuel pour ce très beau message de Pâques qui prend en compte le temps de toutes les guerres, qui évite tout triomphalisme, et nous propose de vivre Pâques enracinés dans un aujourd’hui difficile à vivre.
Jean-Luc avec Mari-José