La synodalité, encore un grand mot inutile ?
Voyons ce qu’elle fait et à quoi elle sert !
Même si le mot n’est pas tout à fait à sa place, la synodalité est un système qui ressemble à de la démocratie : c’est « cheminer ensemble » avec nos différences, ce qui implique écoute dialogue, décisions consensuelles ou nuancées.
Des membres de Saint-Merry Hors-les-Murs ont rédigé trois contributions, remplies de suggestions diverses, qu’ils ont envoyées à Rome pour participer à ce cheminement.
La synodalité, encore un grand mot inutile ?
Voyons ce qu’elle fait et à quoi elle sert !
En 2022, nous avions répondu à la demande du Pape François concernant le processus synodal et produit en décembre 2022 une première contribution, et une deuxième en avril 2024, partagée avec des groupes d’Église qui sont proches de nous. Ce synode universel 20221-2024 a débouché sur des conclusions que le pape François a validées telles quelles sans en changer un mot, appliquant ainsi précisément les principes synodaux. Bref, même si le mot n’est pas tout à fait à sa place, la synodalité est un système qui ressemble à de la démocratie : c’est « cheminer ensemble » avec nos différences, ce qui implique écoute dialogue, décisions consensuelles ou nuancées.
Certains sujets n’y ayant pas obtenu un consensus suffisant, 13 commissions ont continué à se réunir à Rome et attendaient nos nouvelles contributions pour pouvoir mieux se représenter les attentes des baptisés, avoir connaissance d’exemples concrets de réussites ou d’échecs, et entendre des propositions précises et des suggestions concrètes.
La communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs s’est donc mobilisé et une bonne vingtaine de ses membres se sont librement autosaisis de trois sujets à traiter en quelques pages (commissions 4, 5, 6, 7, sous-groupe 7, et 9). Des micro-ruches avec quelques abeilles ! Nous n’avions pas la prétention d’inventer radicalement, ni d’être les seuls à vivre cela, ni de réussir tout ce que nous essayons de mettre en place, mais il fallait aussi faire connaitre ce que d’autres pensent sans pouvoir l’exprimer appuyer ce que d’autres pensaient.
Voici le résultat : vous pouvez cliquer sur les liens pour les ouvrir, et si vous voulez, vous pouvez aussi les diffuser.
La contribution sur les prêtres et les laïcs
Le lien est ICI
Adressée aux commissions 4 et 5, elle évoque d’abord ce qui se passe chez nous depuis 1975, avec ses difficultés certes, mais aussi ses réussites : la construction de la co-responsabilité avec nos prêtres, une équipe pastorale élue, une association loi 1901, une égalité entre les baptisé.e.s : bref, une organisation plus horizontale et plus fraternelle. Ensuite, nous avons dit le besoin (pour nous-mêmes chrétiens ou les non-chrétiens) d’une théologie qui tienne compte des avancées d’aujourd’hui en matière entre autres d’anthropologie, de science, d’histoire et d’exégèse. C’est indispensable pour pouvoir comprendre avec justesse comment l’esprit de la Bonne Nouvelle peut nous inspirer afin de vivre en disciples dans notre monde. Enfin, cette contribution contient une liste de suggestions pour un système de gestion et d’organisation où tous ceux qui sont concernés peuvent participer aux décisions. Et une réflexion sur la place des femmes, – une moitié et même plus de l’Église !- et celle d’autres exclus, qualifiés d’« irréguliers » (!).
Cela impliquera sur tous ces sujets, de réinterroger la théologie et la doctrine, (par exemple sur l’historique de certaines normes et préjugés eurocentrés et androcentriques) qui doivent être actualisées pour refléter une vision plus inclusive et respectueuse des droits humains.
Même s’il y a des différences de mise en œuvre par rapport aux signes des temps, l’Évangile, (inconditionnel) est une boussole inconditionnelle.

La contribution sur le rôle de l’évêque et quelques questions juridiques
Adressée aux commissions 6, 7 et sous-groupe 7, elle traite un sujet qui n’est généralement pas mis sur la table devant les fidèles ! En ces matières aussi, la synodalité donne espoir avec des idées de réformes qui vont dans le sens des valeurs essentielles de l’Évangile. Par exemple, en France, elle ouvre des solutions pour résoudre certaines difficultés actuelles locales liées à un manque de prêtres. Si elles sont mises en pratique, elles devraient aboutir à des changements dans le rôle de l’évêque : moins centré sur l’administration qu’il pourrait déléguer à des laïcs, femmes ou hommes, il devrait se recentrer sur le discernement pastoral, l’accompagnement des initiatives des fidèles, et l’évaluation des pratiques existantes. En effet, la synodalité permettrait une plus grande participation des baptisés à la vie de l’Église, en valorisant la diversité, la créativité, et la responsabilité partagée. L’évêque, libéré des tâches organisationnelles, pourrait mieux écouter, corriger les abus, encourager les innovations et garantir l’unité. Cette approche appelle à une Église moins pyramidale, plus collégiale, de service et de communion, plus attentive aux réalités concrètes du terrain. Le lien entre évêque et communautés locales y jouerait un rôle fondamental, la diversité s’y épanouissant dans le respect de l’unité sur l’essentiel.
Vu leurs graves conséquences, nous avons également donné en détail le compte-rendu des deux différends juridiques que Saint-Merry Hors-les-Murs a eus pour que les droits – théoriques – des baptisés soient mieux respectés concrètement. L’Église doit être exemplaire là aussi, aussi bien vis-à-vis de ses propres fidèles que vis-à-vis du monde qui la regarde…
Il est certes possible de faire des réformes de type entrepreneurial ou financières, (regrouper des paroisses, baisser les « services »…) mais si l’on suit (très synodalement) les solutions et suggestions consensuelles de tous ceux qui sont concernés et doivent en décider ensemble (comme aux premiers siècles), notre corps ecclésial devrait s’en porter mieux.
Quand on va ensemble, on va moins vite peut-être mais on va plus loin, on y va tous et on va tous mieux…
La contribution sur les questions délicates qui n’avaient pas fait consensus en octobre
Adressée à la commission 9, elle traite de sujets se retrouvant un peu partout qui risquent de diviser.
Jésus avait déjà pris de la distance avec certains traits de sa culture et de sa religion. Son enseignement comportait en même temps des règles de bon sens universel et le retour au cœur de la Loi avec des fonctionnements plus égalitaires. Les premières communautés chrétiennes, comme c’est relaté dans les Actes des Apôtres, étaient caractérisées par une organisation flexible, où les responsabilités étaient partagées sans distinction de sexe, et où la communauté choisissait ses responsables et prenait les décisions : esprit synodal ou démocratique en actes mais sans dire le mot ? De nos jours, nous voyons le résultat des évolutions de l’Église et de nos sociétés : elles se sont pour ainsi dire croisées car la société a beaucoup emprunté à l’Évangile.
Il est nécessaire, et c’est possible, de faire des réformes pour revenir à des bases spirituellement plus pertinentes et mettre en place des réalisations concrètes cohérentes.
Quelques pistes concrètes :
- Théologie et pastorale : grâce à des prises de conscience anthropologiques, philosophiques et scientifiques dues à une forte transformation de notre société, (numérique, écologie…) permettre une théologie incarnée et accessible ; par la réévaluation des traductions bibliques, leur contextualisation et des partages critiques, aboutir à des lectures scientifiques et à des interprétations de l’Écriture pour nos vies, en évitant tout fondamentalisme ; s’attacher à la formation de tous, tous ensemble ; mise en place de groupes de parole ouverts à tous (baptisés ou non).
- Coresponsabilité de tous les baptisés : encourager la participation active des laïcs dans la gestion et les décisions ecclésiales, mode de gouvernance qui s’appuie sur le principe du Qot « Quod omnes tangit, ab omnibus tractari et approbari debet » : Ce qui touche tous, doit être traité par tous.
- Égalité et accueil inconditionnel dans l’Église : ne pas être en contradiction avec l’Évangile qui ne préconise ni exclusion ni hiérarchie.
Ces réformes, directement inspirées de l’Évangile, permettraient de vivre de l’Évangile avec notre monde et d’en partager les fruits à tous.
En fait, nous synodions peut-être sans le savoir ?
Depuis le temps où Jean XXIII avait initié ce mouvement…
Le synode, c’est mieux que la pile Wonder : c’est une dynamique de possibles qui ne s’useront que si l’on ne s’en sert pas !
Des membres de Saint-Merry Hors-les-Murs
contact@saintmerry-hors-les-murs.com




