Dimanche 12 octobre 2025. « On n’enchaîne pas la Parole de Dieu »

Célébration eucharistique en l’église Notre-Dame d’Espérance, Paris 11^e

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On n’enchaîne pas la Parole de Dieu.
Telle est la parole – cadeau –  de Paul pour ce soir et pour chaque jour si nous en avons besoin, comme un souffle ouvrant grand nos grilles, nos cadenas, nos frontières, nos crispations en tous genres…
Aussi qui que vous soyez, amis de passage ou de longue date, quel que soit votre état d’âme ce soir, mi-soulagés mi-inquiets pour Gaza, avec le Maroc, l’Ukraine, la Syrie, le Burundi, la RDC au cœur et tant d’autres lieux et visages, déboussolés ou en colère pour notre pays, avec l’envie d’aller de l’avant ou de nous fâcher aussi pour notre communauté… avec un peu de tout cela mêlé, ou bien tout autre chose, soyez les bienvenus. 
On n’enchaîne pas la Parole de Dieu.
Avec notre terre d’appartenance, nos couleurs de pensée, notre statut social, venons nous poser, recevoir la vie comme un don, non comme un dû. Venons ensemble remercier, puisque c’est le sens du mot eucharistie, venons rendre grâce et reprendre souffle à ciel ouvert.

Alexandra

📖 Lecture du deuxième livre des Rois (2 R5, 14-17)

En ces jours-là, le général syrien Naaman, qui était lépreux, descendit jusqu’au Jourdain et s’y plongea sept fois, pour obéir à la parole d’Élisée, l’homme de Dieu ; alors sa chair redevint semblable à celle d’un petit enfant : il était purifié ! Il retourna chez l’homme de Dieu avec toute son escorte ; il entra, se présenta devant lui et déclara : « Désormais, je le sais : il n’y a pas d’autre Dieu, sur toute la terre, que celui d’Israël ! Je t’en prie, accepte un présent de ton serviteur. » Mais Élisée répondit : « Par la vie du Seigneur que je sers, je n’accepterai rien. » Naaman le pressa d’accepter, mais il refusa. Naaman dit alors : « Puisque c’est ainsi, permets que ton serviteur emporte de la terre de ce pays autant que deux mulets peuvent en transporter, car je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’au Seigneur Dieu d’Israël. »

« Désormais, je le sais »

Dans nos vies de foi, il y a souvent des moments fondateurs, un avant et un après, des moments où nous pouvons affirmer avec certitude : « je le sais, il n’y a pas d’autre Dieu sur terre que le Dieu d’Israël ». Pour Naaman, c’était après sa guérison de la lèpre ; pour Paul, c’était sur le chemin de Damas. Pour moi, je me souviens d’un Frat à Lourdes quand j’étais en seconde, au moment de la Semaine Sainte. Pour d’autres, cela peut être une rencontre marquante, une retraite, une parole reçue au bon moment.
Parmi les dix lépreux de l’Évangile, un seul semble avoir vécu ce moment-là, a su le saisir, a su se retourner et prendre le temps de revenir vers Jésus pour rendre grâce. Il a compris que l’essentiel n’était pas dans la réalisation des rites, pourtant indispensables pour pouvoir être réintégré dans la société, mais dans cette rencontre qui l’a relevé et lui a redonné la vie.
Et les autres ? Nous ne savons pas ce qui se passe dans leur tête. Peut-être comprendront-ils plus tard ? C’est ce que nous pouvons leur souhaiter. En tout cas, ces neuf nous ressemblent dans les moments où nous n’arrivons pas à croire, où nous sommes enfermés dans la pratique de rites plus que dans l’écoute et l’annonce de la Bonne nouvelle. 
Dans ces instants où notre foi vacille, puissions-nous nous souvenir de ces moments forts où nous avons su dire « désormais, je le sais ». Que dans ces instants de doute, ils nous permettent de reprendre pied et d’avancer.

Vincent

♫ Alléluia

📖   Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc (17, 11-19)

En ce temps-là, Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la région située entre la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : « Jésus, maître, prends pitié de nous. » À cette vue, Jésus leur dit : « Allez vous montrer aux prêtres. »
En cours de route, ils furent purifiés. L’un d’eux, voyant qu’il était guéri,
revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta face contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or, c’était un Samaritain.Alors Jésus prit la parole en disant : « Tous les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu ! » Jésus lui dit : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. »

📖 Lecture de la 2ème Lettre de Paul apôtre à Timothée (2, 8-13)

Bien-aimé, souviens-toi de Jésus Christ, ressuscité d’entre les morts, le descendant de David : voilà mon évangile. C’est pour lui que j’endure la souffrance, jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur. Mais on n’enchaîne pas la parole de Dieu ! C’est pourquoi je supporte tout pour ceux que Dieu a choisis, afin qu’ils obtiennent, eux aussi, le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle. Voici une parole digne de foi :
Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons.
Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons.
Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera.
Si nous manquons de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même.

Introduction au partage

Nous venons d’entendre la Lettre de Paul à Timothée. Il est emprisonné, mais pour lui une chose compte : la Parole de Dieu ne peut être enchaînée, c’est une parole digne de foi.
Nous vous proposons de nous mettre en petits groupes de 4 à 5 personnes pour échanger sur cette parole forte de Paul :

On n’enchaîne pas la Parole de Dieu !

Bernard

♫ Chant : Pourquoi enfermer ta Parole K13-09

Paroles : A. Cabantous – Musique : L. Boldrini – Partition ICI

Pourquoi enfermer ta Parole
Dans ces langages fatigués ?
Pourquoi s’étonner qu’elle s’envole 
Pour dessiner ta liberté ?

1/ Face aux palais, face aux déserts
Des prophètes, miroir du Livre
Ont proclamé à ciel ouvert
Que ta vérité rendait libre
2/ L’Esprit soufflant vers nos rivages
Bouscule nos corps assoupis
Comme des vents venus du large
Poussent la voile après la nuit
3/ Il faut ouvrir aux mots de Dieu
Tous nos temples et leurs chœurs de pierre
Avant que l’homme ne soit vieux
Avant qu’ils ne soient ruine et lierre

Rendre grâce

Les textes de ce dimanche soulignent clairement les différentes manières de rendre grâce. Autrement dit de proposer des voies propres selon notre culture, selon notre foi, afin d’exprimer notre reconnaissance intime pour ce dont nous avons bénéficié suite à une supplication mais aussi par simple gratuité. Une reconnaissance parce que nous n’aurons pas oublié les bénédictions reçues.
– Naaman le fait « à l’ancienne » : holocauste et sacrifice.
– Le psalmiste invite chacun à chanter, à jouer, à sonner.
– Alors que la guérison/purification a bouleversé sa vie, le Samaritain lépreux procède à un nouveau retournement, revient vers Jésus, se jette à ses pieds. Et le Seigneur le relève une autre fois puis l’envoie vers sa liberté.
Aujourd’hui, puisque nous sommes du Christ, comment rendre grâce en communauté, et parce que nous sommes ensemble, en fraternité, sinon en offrant le pain de la vie et la coupe du salut, en faisant eucharistie ? Et chacun de vous ? Et moi ? Après un moment difficile, peut-être après avoir demandé pitié ? Peut-être après avoir prié afin de continuer d’espérer contre toute espérance ? Puis devant le repos recouvré, l’apaisement reçu, comment avons-nous rendu grâce ?

Alain

Intentions d’actions de grâce ouvertes à tous

Le micro est ouvert pour qu’en confiance, vous puissiez nous faire partager votre réponse, participant ainsi à notre action de grâce collective.

Psaume 97 (98)

Chantez au Seigneur un cantique nouveau, car il a fait des merveilles.
Chantez au Seigneur un cantique nouveau, qu’exulte la terre entière.
Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante, il s’est assuré la victoire.
Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s’est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d’Israël.
La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez !

Offertoire

Nous te rendons grâce Seigneur, tous nos mots échangés accompagnent le pain et le vin que nous déposons ce soir sur ton autel, devenu table du partage de la Vie. Bénis sois-tu pour la terre, le soleil, le grain, le raisin ; nous en avons fait, par nos travaux, du pain et du vin qu’ils deviennent pour nous Pain et Vin du royaume éternel. Partageons tous ensemble les mots du psalmiste en ce temps béni où nous nous rappelons ta fidélité, où nous voulons nous nourrir de la Parole et du pain pour faire grandir la justice que tu désires pour toutes les nations.

Jean-Louis Wathy

Prière eucharistique

Vraiment il est bon d’avoir pris du temps ce soir pour te rendre grâce, pour tous ces moments fondateurs dont nous parlait Vincent au début de notre célébration. Chacun d’entre nous vit en relation avec toi, parfois évidente et joyeuse, parfois pleine de question et de doute… Comme les dix lépreux de l’évangile, nous sommes traversés par les marques de la vie, ton Fils Jésus nous rejoint là où nous sommes. Il apporte une parole de justice et de paix, il nous invite au retournement, à bouleverser les équilibres sécurisants, à nous réveiller pour entrer avec lui dans la vie qu’il a fait rayonner au matin de Pâques. 
Pour ce mouvement profond qui nous entraîne, avec toutes les saintes et les saints qui l’ont vécu avant nous, nous avons envie comme le Samaritain de nous retourner, de revenir vers lui et de te louer sans fin toi le Dieu le Dieu très saint :

Sanctus

Saint, Saint, Saint le Seigneur, le Dieu de l’univers
Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire
Et béni soit celui qui vient au nom du Seigneur
Hosanna, hosanna !

Tu es vraiment saint Dieu de l’univers ; il est juste que toute la création proclame ta louange car c’est toi qui donnes la vie. Tu es venu pour accompagner ton peuple, tu lui as donné la mission de rappeler à tous sur la terre que tu aimes l’humanité, en réponse tous se doivent de la gouverner avec justice. Lorsque ta parole se perdait, tu l’as fait renaître, par l’étranger Naaman, il y a près de 3 000 ans. En prenant un peu de la terre que tu avais donnée à ton peuple, il nous montre par-là que tu parles aujourd’hui en toutes les terres de l’univers…  Un jour du temps, tu es venu en nos vies par ton fils Jésus : il a porté et porte toujours aujourd’hui à travers nous ton message, il a partagé ton langage, ta sagesse. 

Nous voici rassemblés devant toi Père très bon et dans la communion de toute l’Église, nous célébrons le jour de la résurrection de Jésus. Par lui, par sa Parole qui ravive notre espérance, nous te supplions d’accepter et de bénir nos offrandes : le pain et le vin qui sur la table du partage représentent tous nos travaux pour construire un monde à ta ressemblance. Sanctifie-les par ton Esprit pour qu’elles deviennent le corps et le sang de Jésus le Christ notre Seigneur. 

La nuit même où les forces de la mort se déchaînaient contre lui, il prit le temps de célébrer la Pâque avec ses amis rappelant ta présence au cœur du peuple qui marche vers la liberté. Il prononça la bénédiction puis partagea le pain en leur disant : « Prenez et mangez-en tous ; ceci est mon corps livré pour vous. »

De même à la fin du repas, il prit la coupe, il la bénit et la donna à ses disciples en disant : « Prenez et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle qui sera versée pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. » Il les invita à partager le pain et le vin en mémoire de lui. 

Anamnèse

Par ta croix Seigneur, tu nous as sauvés
Plus fort que la mort, tu es ressuscité
Dans la gloire, tu reviendras
Viens Seigneur, guide nos pas

Dieu notre Père, en faisant ce soir mémoire de ton Fils, de sa vie, de son action en son temps, de son rejet par les puissants, religieux comme politiques, de sa mort, de sa résurrection, de la victoire de ta Parole qui donne vie, nous veillons ensemble pour garder le cap. Nous prions pour que ta sagesse nous habite, que l’esprit de discernement nous soit donné. 

Regarde, nous t’en prions, l’offrande de ton Église rassemblée autour de la table de la Pâque de ton Fils. Que l’Esprit nous garde unis, confiant et fasse de nous un seul corps et un seul esprit dans le Christ. 

Nous te prions pour ton Église, qu’elle soit un lieu de résonance de ta Parole au sein de toutes les langues de la terre, qu’inlassablement elle annonce ta fidélité, ton amour. Pour cela soutiens notre pape Léon, notre évêque Laurent, Emmanuel qui accompagne notre lieu d’Église qu’est Saint-Merry Hors-les-Murs. Léon notre pape, à la suite de ses prédécesseurs, a délivré cette semaine une parole forte pour rappeler l’importance de revoir les équilibres de notre monde où l’appât de la puissance et de la richesse écrasent, enfoncent tant de femmes d’hommes, des populations entières dans la pauvreté.
Nous te prions pour nos dirigeants, qu’ils écoutent cette Parole que tu ne cesses transmettre par les prophètes, par Jésus. 

Nous te prions Seigneur pour notre monde secoué par trop de conflits en toutes parts. Nous te prions pour les victimes des violences d’aujourd’hui en Israël, le terrible conflit à Gaza qui peut cesser. Inspire tous les dirigeants afin qu’ils parviennent à ouvrir des chemins nouveaux, à oser le mot si difficile de réconciliation tant la souffrance est forte. Nous te prions pour toutes les victimes, pour ceux qui restent debout et marqués. 

Nous te prions pour nous tous ici réunis, amis de Saint-Merry Hors-les-Murs. Ouvre nos cœurs à la patience et à l’écoute attentive des paroles et des idées qui ne sont pas les nôtres afin de les entendre avant de les juger. Nous te confions les étapes à venir. Nous espérons parvenir à être des porteurs de ton projet de justice et de paix, d’être comme nous l’avons chanté, des femmes et des hommes qui n’enferment pas ta Parole dans des langages fatigués.  

Nous pourrons alors avec la création tout entière libérée de la mort te glorifier par le Christ, notre Seigneur par qui tu donnes au monde toute grâce et tout bien.

Par lui, avec lui et en lui, à toi, Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint-Esprit,
tout honneur et toute gloire, pour les siècles des siècles !

Notre Père et prière

Seigneur Jésus Christ, tu as dit à tes Apôtres :
« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix » ;
ne regarde pas nos péchés mais la foi de ton Église ;
pour que ta volonté s’accomplisse, donne-lui toujours cette paix,
et conduis-la vers l’unité parfaite,
toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles. Amen !

Agnus

La paix, elle aura ton visage
La paix, elle aura tous les âges
La paix sera toi, sera moi, sera nous
Et la paix sera chacun de nous
Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde, prends pitié de nous
Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde, donne-nous la paix

♫ Chant final : Car depuis qu’il est venu

Paroles et musique : Robert Lebel

Envoi et bénédiction

Que tout ce que nous avons partagé et chanté devienne comme une lumière
qui éclaire ce soir, demain, toute la semaine et puis les jours qui viennent. 
Et que Dieu nous bénisse, lui qui est Père, Fils et Saint-Esprit.