Réputé comme le plus bel homme du royaume d’Israël, Absalom est le troisième fils de David. Son histoire est racontée dans le deuxième livre de Samuel. Les lectures bibliques de Jesús Asurmendi
Absalom (« mon père est paix ») est un des fils de David. Lequel fut sans doute plutôt chanteur et musicien de qualité que guerrier hors pair. Mais en tant que père, il fut un désastre. Il était un homme à femmes, adepte de la célèbre phrase « j’ai rencontré quelqu’un ». Absalom, un de ses nombreux enfants, vise le trône et commence à faire campagne (2S 15, 1-13). Pour gagner l’affection des gens, il fait appel au cœur de la fonction du roi : la justice.
« Tôt levé, il se postait au bord du chemin qui mène à la porte de la ville. Chaque fois qu’un homme ayant un procès se rendait auprès du roi pour obtenir un jugement, Absalom l’interpellait en disant : « De quelle ville es-tu ? » Et l’autre répondait : « Ton serviteur est de telle tribu d’Israël. » Alors Absalom lui disait : « Vois ! Ta cause est bonne et légitime, mais il n’y aura personne de chez le roi pour t’écouter. » Il disait encore : « Ah, si l’on m’établissait juge sur le pays ! C’est à moi que viendraient tous ceux qui ont un procès en attente de jugement, et je leur rendrais justice ! » Et si l’homme s’approchait pour se prosterner devant lui, il lui tendait la main, le saisissait et l’embrassait ».
(2S 15, 2-5)
Une des fonctions essentielles du roi est, en effet, d’établir et de rétablir la justice comme le rappelle le Psaume 72. On le voit également dans le récit programmatique de Salomon. Sa première activité en tant que roi est de juger, de rendre justice (2S 3, 16-28). En dehors de cette campagne « indirecte » et pour que les choses soient claires et surtout simples, Absalom fait tuer tous les fils du roi, des concurrents potentiels.
« Ils étaient encore en chemin quand la rumeur parvint à David qu’Absalom avait abattu tous les fils du roi et qu’il n’en restait pas un seul. » Parallèlement « la conjuration devint puissante, et la foule de ceux qui se ralliaient à Absalom, de plus en plus nombreuse.
(2S 15, 12ss)
Un messager vint annoncer à David : « Le cœur des hommes d’Israël a pris parti pour Absalom. »
Ce qui oblige David à fuir dans sa parenté, à Moab. Absalom s’installe comme roi à Jérusalem mais cela ne durera pas longtemps. Finalement, l’affrontement a lieu et Absalom est tué :
« Alors, dix jeunes écuyers au service de Joab entourèrent Absalom pour le frapper à mort ».
(2S 18, 15-17)
L’affaire est close : ” On prit Absalom, on le jeta dans la grande fosse en pleine forêt,
et l’on érigea par-dessus un monceau de pierres très imposant. Tout Israël s’était enfui, chacun à ses tentes ».
David, à la larme facile, pleure amèrement. Bien que dans son for intérieur il ne devait pas être si mécontent. Dans le cas de David, les affaires louches sont toujours réglées par d’autres, dans le cas présent par le chef de son armée, Joab, son homme de confiance et ami.
Absalon entre dans le récit dans le flot de la narration de l’histoire de la succession au trône de David. Celle-ci est une suite de meurtres, viols et autres violences du genre. D’ailleurs c’est à propos de l’affaire du viol de Tamar, sœur d’Absalom, fort belle, dit le texte (2S 13, 1), qu’apparaît Absalom. Un autre fils de David, Amon, était fou amoureux d’elle. On monte un stratagème et Amon l’amoureux finit par violer Tamar. Le sang d’Absalom ne fait qu’un tour et il attend l’occasion propice, la fête qui suit la tonte de son troupeau, deux ans plus tard. La vengeance est un plat qui se mange froid. Il faut savoir attendre, il faut que le moment opportun arrive.
Absalom apparaît donc sous ce double profil. D’une part il est l’homme qui venge l’honneur de sa sœur violée, humiliée et salie, et de l’autre celui qui complote, par tous les moyens, pour arriver au pouvoir. Vengeur et comploteur. Sa fin est double. D’une part Joab, le chef des armées de David, décide de tuer Absalom, sa longue chevelure prise dans un térébinthe (2 S 18, 14). Mais par ailleurs Absalom lui-même a pris soin de son vivant d’ériger une stèle à son nom, substitut de descendance en chair et en os. Et le texte se termine ainsi :
« De son vivant, Absalom avait entrepris de se faire ériger une stèle, qui se trouve dans la vallée du Roi.
(2S 18, 18)
Il se disait : « Je n’ai pas de fils pour faire mémoire de mon nom. »
Il donna son nom à la stèle. Aujourd’hui encore, on l’appelle « Monument d’Absalom ».
C’est la trajectoire du fils le plus emblématique de David. Évidemment ce n’est pas lui qui montera sur le trône à la place de son père David. On se souvient de son nom. Mais n’aurait-il pas davantage valu qu’on l’ait oublié ?