I

Inventer par les marges. Un regard de femme

Pendant douze ans, un prêtre, Michel Jondot, et une théologienne laïque, Christine Fontaine, ont partagé l’animation d’une communauté où Christine prêchait au cours des messes dominicales. Des groupes de laïcs se sont formés et une vraie coresponsabilité entre un prêtre et des laïcs a été vécue dans cette paroisse. Cette expérience est relatée dans ce livre, dont nous parle Jean Verrier[1]Christine Fontaine – Michel Jondot, L’Église en question, éditions Golias, 2022, 184 pages, 14€.

Le regard de Christine Fontaine sur l’Église d’aujourd’hui, ses réformes possibles et impossibles, la place des femmes, les suites du rapport de la Ciase, etc, est le sujet de la seconde partie de ce livre. On trouve dans la première partie ce qui est à l’origine de sa réflexion : l’expérience qu’elle a vécue avec Michel Jondot (1932-2019), curé de Sainte-Bathilde à Chatenay-Malabry, dans le diocèse de Nanterre, de 1974 à 1986. Elle a continué à travailler avec Michel Jondot jusqu’à la mort de celui-ci.

L’intérêt tout particulier de ce livre pour nous, Saintmerriens Hors-les-Murs, est que l’expérience en question est contemporaine des premières années du Centre pastoral Halles Beaubourg de Saint-Merry. On y trouvera beaucoup de points communs…, y compris dans l’arrêt brutal, au bout d’une douzaine d’années, de ce qu’il y avait de nouveau dans la façon de vivre la foi dans une Église ouverte sur son temps. Le théologien Joseph Moingt avait accompagné l’aventure, et la préface du livre, signée de son nom, répond à la demande qu’il avait formulée quelques jours avant sa mort, il y a deux ans, alors qu’il ne pouvait plus écrire. On trouve aussi son nom parmi les contributeurs à une première version collective parue en 2011 sous le titre, emprunté à l’encyclique de Paul VI Ecclesiam suam :  L’Église se fait conversation. Dans cette édition, aujourd’hui épuisée, on trouve aussi les noms d’Antoine Delzant et de Guy Lafon qui ont marqué l’histoire de Saint-Merry. Michel a également été très proche de Gérard Wybo, ainsi que de Pierre de Grauw, dont le Christ aux outrages n’a pas quitté les murs de l’église Saint-Merry.

Pendant douze ans donc, un prêtre et une théologienne laïque ont partagé l’animation d’une communauté où Christine prêchait au cours des messes dominicales. Des groupes de laïcs se sont formés et une vraie coresponsabilité entre un prêtre et des laïcs a été vécue dans cette paroisse. Dans sa présentation du livre, Christine Fontaine écrit : « Si le Magistère n’a pas souhaité que demeure cette coresponsabilité, il n’a eu aucun pouvoir sur la fraternité née de cette collaboration. (…) Nous avons souffert d’être incompris mais nous avons considéré cette marginalisation comme une chance. Sur les marges, nous avons pu inventer, créer des relations nouvelles, nous engager dans les combats de la société (…). Force est de constater que beaucoup de nos amis ont quitté l’Église ou sont sur le point de le faire. Mais la plupart d’entre eux n’ont pas perdu la foi pour autant. » 

Et ceci encore : « Nous croyons qu’un Dieu est mort le Vendredi saint sur la croix : celui dont on pensait qu’il gouvernait le monde de sa splendeur. Le Christ, à l’heure de sa Passion, renonce volontairement à exercer une quelconque domination sur l’humanité. C’est ainsi qu’il révèle un autre Dieu, demeuré caché depuis l’origine, un Dieu qui abandonne toute puissance. C’est ce Dieu qui se révèle, au jour de Pâques : un Dieu humble et pauvre en quête seulement de notre confiance. »

On peut retrouver Christine Fontaine sur le site « Dieu maintenant » et sur le site « La maison islamochrétienne ».

                                                                                   Jean Verrier

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Notes

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1 Christine Fontaine – Michel Jondot, L’Église en question, éditions Golias, 2022, 184 pages, 14€.
Jean Verrier

Universitaire à la retraite (Paris 8, département de littérature, de 1970 à 2000). Membre du CPHB, devenu le Centre pastoral Saint-Merry, depuis 1981. Sept petits-enfants.

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