Les revirements dans les lectures de ce jour nous incitent à ouvrir les yeux pour faire advenir le changement. Dieu qui est là, dans le silence de nos cœurs ambivalents, sait que nos oui, que nos non qui se veulent convaincus et assurés, sont fragiles.
Entrée en prière
MOUSSORGSKI- Tableaux d’une exposition
Accueil
Bonjour à tous, aux habitués comme à ceux qui nous rejoignent pour la première fois, bienvenue à l’écoute de la Parole.
Au milieu des turbulences de ce monde, Paul nous fait entendre un discours qui semble étonnamment décalé avec ce que l’on peut vivre au quotidien. De la tendresse, de la compassion, de l’amour ? Facile – ou presque – avec ceux qu’on aime. Mais avec nos voisins bruyants, les collègues qui volontairement ou non, nous mettent des bâtons dans les roues ? Quant à délaisser nos propres intérêts plus facile à dire qu’à faire… Bien sûr que je vais m’offrir ce petit voyage en Égypte que je tenais à faire avant la Covid et tant pis pour l’empreinte carbone du déplacement et de mon séjour tout confort dans ce pays qui manque cruellement d’eau. D’ailleurs au quotidien, je ne me déplace qu’en vélo ou en train. Alors !…
Oui, il est difficile de concilier le bon et le moins bon, le je et le nous, le moi et les autres…
Et comment sortir de nos certitudes, de nos jugements péremptoires ? Le prophète Ézéchiel, en parlant du méchant, nous l’assure : « il a ouvert les yeux, il vivra et ne mourra pas ».
C’est aussi ce à quoi Jésus nous invite : dessiller nos paupières pour que s’ouvre à nous un nouveau chemin, là où « le verbe de Dieu a risqué un passage ».
L’oreille attentive à la Parole, les yeux grand ouverts « pour nous laisser enseigner le ciel », entrons en célébration au nom du Père, du Fils et de l’Esprit
Bénédicte
📖 Lettre de Paul apôtre aux Philippiens (2, 1-5)
Frères, s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage avec amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la compassion, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l’unité. Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres.
Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus.
Méditation en musique
Michel Legrand “Eve” & Other Great Scores
📖 Livre du prophète Ézéchiel (18, 25-28)
Ainsi parle le Seigneur : « Vous dites : ‘La conduite du Seigneur n’est pas la bonne’. Écoutez donc, fils d’Israël : est-ce ma conduite qui n’est pas la bonne ? N’est-ce pas plutôt la vôtre ? Si le juste se détourne de sa justice, commet le mal, et meurt dans cet état, c’est à cause de son mal qu’il mourra. Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Il a ouvert les yeux et s’est détourné de ses crimes. C’est certain, il vivra, il ne mourra pas. »
Résonance
À la lecture du prophète Ézéchiel et de l’Évangile de Matthieu apparaît une similitude. En effet, au méchant d’Ézéchiel correspond le fils qui refuse d’aller à la vigne d’une manière péremptoire « je ne veux pas », tandis que le juste du prophète, homme bien élevé, droit dans ses bottes peut être mis en parallèle avec le bon fils de l’Évangile toujours prêt à satisfaire à la volonté de son père, « Oui, Seigneur ».
Mais, dans les deux cas, chacun change d’attitude. Pour le méchant et le fils rebelle, il y a un retournement et alors, tout peut changer. Tandis que le juste et le bon fils ne font rien de ce qu’on leur demande, ils restent enfermés dans leurs certitudes. Tout cela nous engage à revoir notre manière de penser et de faire.
Combien de fois vivons-nous des situations similaires dans notre vie ? Et qu’il est difficile de faire un choix, le « bon choix » ? Mais notre espoir est dans Seigneur comme le dit le psaume :
Il est droit, il est bon, le Seigneur,
Lui qui montre aux pécheurs le chemin,
Sa justice dirige les humbles,
Il enseigne aux humbles son chemin.
Bernard
Méditation en musique
M. de Sainte Colombe – gavotte du tendre
📖 Évangile selon Matthieu (Mt 21, 28-32)
En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’ Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier. » Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. »
Résonance
« C’est le premier des fils qui a fait la volonté du Père, pas l’autre ». La réponse des grands prêtres et des anciens du peuple est un avis tranché. Comme nous aussi, nous nous permettons d’avoir un avis sur bien des choses. Et pourquoi pas ? Il est souvent important d’avoir un avis ferme pour assumer nos convictions et décider, aller de l’avant et entreprendre. Mais on sait aussi les dérives des avis tranchés qui étiquettent, cantonnent et au final condamnent. Tu as fait ça ? Et bien tu es comme ça ! Tu es comme ça ? Et bien fais ça !
Mais Jésus nous invite à faire un pas de côté. On le sait, il bouscule, il houspille, et à l’occasion renverse les tables et les certitudes. À ceux qui pensent savoir, à nous qui pensons savoir, il répond d’emblée « les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu ». Il ne nous dit pas si notre réponse est bonne, si c’est le premier des fils qui a raison et l’autre tort, si l’un est définitivement sauvé et l’autre définitivement condamné, si nous avons tort ou raison. Non, ce qui intéresse Jésus, c’est la potentialité de changement, le mouvement du repentir, la capacité à s’interroger, l’œil qui s’ouvre sur un jour qui se lève, sur une lueur dans la nuit, sur l’espoir d’un pardon, une épaule amie.
Dans d’autres textes, il est question de poutre et de paille dans l’œil, de personnes qui se montrent ostensiblement en prière, ostensiblement en offrande, tandis que des petites vieilles indigentes donnent discrètement ce qui leur est essentiel et que d’autres se replient discrètement chez eux pour prier Dieu, dans le silence, Dieu qui est là.
Et Dieu qui est là, dans le silence de nos cœurs ambivalents, sait que nos oui, que nos non qui se veulent convaincus et assurés sont fragiles. Et qu’une vertu affichée peut masquer de sombres désirs.
Comme le dit le poète allemand Friedrich Rückert : « Ce qu’on ne peut atteindre en volant, il faut l’atteindre en boitant. Il vaut bien mieux boiter que sombrer totalement. Boiter, dit l’Écriture, n’est pas un péché ».
Et Jésus nous assure qu’il est toujours temps de reprendre le chemin et d’aller travailler à la vigne, femmes et hommes, jeunes et vieux, prêtres et laïcs, prostituées et publicains, boiteux et grands prêtres.
Benoît
Alors, tentons de partager nos expériences.
Partage : En quelle occasion, ouvrir les yeux m’a remis en chemin ?
Méditation musicale
Les Choristes – Vois sur ton chemin – instrumental
Quelques échos du partage
- les petits changements et surprises du quotidien nous remettent en chemin, bien souvent plus que les grands chamboulements
- le dialogue intergénérationnel nous remet en chemin que ce soit avec les jeunes qui nous bousculent ou les aînés qui nous décrivent leurs expériences
- un prêtre m’a aidé à trouver un chemin et malgré son grand âge il continue à le faire
- quand mes croyances sont bousculées et que je suis obligée de faire une entrave à mes certitudes
- notre communauté, ses engagements et nos célébrations m’indiquent le chemin
- pour lutter contre l’usure du temps les œuvres d’art m’aident à renouveler mon regard, à me laver les yeux
- voyant moins bien, j’ai dû changer mon regard et voir différemment
- les livres, entre autres ceux de John Shelby et Joseph Moingt m’ont questionné et aidé à chercher le chemin
♫ Chant : Le regard de Dieu
(Cabantous/Boldrini/ADF musique)
Car le regard de Dieu a pris notre visage
Et sa parole court dès nos commencements
Car le verbe de Dieu a risqué un passage
Entre l’éternité et la fuite des temps.
1/ C’est lui le Fils de l’homme
Qui ouvrira tes yeux
Pour t’enseigner le ciel
Et le peupler de jours
Que nul ne peut compter.
2/ C’est lui le Fils de l’homme
Qui lavera ton deuil
Pour t’ouvrir au matin
Et raviver le puits
Que tu croyais tari.
3/ C’est lui le Fils de l’homme
Qui te mettra debout
Pour quitter le désert
Et découvrir la voie
Où Dieu est pèlerin.
4/ C’est lui le Fils de l’homme
Qui t’apprendra les mots
Pour partager le pain
Et accueillir l’amour
Que promet chaque jour.
Prière universelle
Quelles intentions de prière souhaitez-vous confier à Dieu et à la communauté ?
♫ Refrain :
La ténèbre n’est point ténèbre devant toi,
la nuit comme le jour est lumière
La communauté a porté dans sa prière :
- la nomination de Amin Maalouf comme secrétaire perpétuel de l’Académie française : une bonne nouvelle pour les Libanais qui en ont besoin en cette période fort difficile pour eux
- le Soudan et les atrocités qui s’y déroulent loin des caméras
- notre communauté, son expérience “d’itinérance” et cette nouvelle phase qui s’amorce avec le diocèse de Paris
- les personnes âgées et seules
- l’Esprit qu’il souffle sur le synode et la synodalité
- ceux qui sont enfermés par la maladie ou la justice, que leurs yeux et leurs cœurs s’ouvrent
- rendons grâce pour les témoignages d’espoir des migrants à Marseille et pour que nous soyons acteur de ce dialogue entamé durant les journées de la Méditerranée.
- rendons grâce pour l’accueil qui est indispensable dans nos églises
- rendons grâce pour nos vulnérabilités qui nous ouvrent de nouveaux chemins
Méditation musicale
Chopin : Nocturne No. 20 in C-Sharp Minor, Op. posth
Introduction à la Lettre de Paul
En lieu et place du Notre Père, nous vous proposons ce matin de regarder, présenté par Paul, Jésus vivant le déroulement de sa mission, contemplons celui qui nous propose d’être notre compagnon de route et tentons de le rejoindre pour vivre cette nouvelle semaine et l’année qui recommence, dans le même esprit que lui.
Jean-Luc
📖 Lettre de Paul apôtre aux Philippiens (2, 5-11)
Ayons en nous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus :
ayant la condition de Dieu, il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes.
Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom,
afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers,
et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.
Prière finale et bénédiction
Que la bénédiction du Seigneur soit sur nous
Lui qui est Père, Fils et Esprit Saint.
Bonne semaine à toutes et à tous. N’oubliez pas la préparation lundi soir à 19 h
(lien sur l’agenda du site)