Célébration à Notre-Dame d’Espérance, Paris 11e
Seigneur garde-nous en attente
Alain C.
pour nous ouvrir aux signes de demain,
pour une vraie présence au monde,
ce monde que, par nous, tu fais tien.
Accueil
Bonsoir les amis, les nouveaux comme les anciens de la communauté. Réunis ce soir, deuxième dimanche de l’Avent, nous essayerons de tracer un chemin vers le commencement de la fin des temps, horizon par lequel notre vie prend sens au milieu de l’aridité du monde.
Nous avons la tête et le cœur pleins d’un tas d’événements et de sentiments.
Certains sont des pierres qui construisent une route vers les temps à venir, telles les manifestations pour la libération des otages ou les cercles du silence pour la paix, les initiatives souvent inconnues qui permettent à des petits d’oser exister, mais aussi le rappel des avancées toujours à fortifier, comme hier l’anniversaire de la séparation des Églises et de l’État, aujourd’hui la journée internationale des droits humains.
D’autres réalités sont des précipices à combler ou des montagnes à aplanir : l’interruption de la trêve, les morts et les blessés quotidiens en Ukraine, au Moyen-Orient et dans bien des endroits du monde, nos compatriotes mahorais tellement abandonnés, ou encore la montée des populismes et des idéologies d’extrême droite, un peu partout…
C’est avec tout cela, et bien d’autres joies et difficultés que nous méditerons comment contribuer
aux chemins de justice et de paix, ainsi que va nous le redire Isaïe : « tracez droit dans la terre aride, une route pour notre Dieu » !
Inspirés par le Père, le Fils et l’Esprit, entrons dans notre célébration.
Marie-José
Lecture du livre du prophète Isaïe (Is 40, 1-5. 9-11)
Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem.
Proclamez que son service est accompli,
que son crime est expié,
qu’elle a reçu de la main du Seigneur
le double pour toutes ses fautes.
Une voix proclame :
« Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu.
Que tout ravin soit comblé,
toute montagne et toute colline abaissées !
que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée !
Alors se révélera la gloire du Seigneur,
et tout être de chair verra
que la bouche du Seigneur a parlé. »
Monte sur une haute montagne,
toi qui portes la bonne nouvelle à Sion.
Élève la voix avec force,
toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem.
Élève la voix, ne crains pas.
Dis aux villes de Juda :
« Voici votre Dieu ! »
Voici le Seigneur Dieu !
Il vient avec puissance ;
son bras lui soumet tout.
Voici le fruit de son travail avec lui,
et devant lui, son ouvrage.
Comme un berger, il fait paître son troupeau :
son bras rassemble les agneaux,
il les porte sur son cœur,
il mène les brebis qui allaitent.
Résonance : ravins et escarpements
À la préparation de lundi, je suis arrivée complètement bouleversée car je venais d’entendre le message terrible de Ziad Medoukh, notre ami palestinien, devant les ruines de son immeuble totalement détruit, annonçant l’assassinat de son père, de sa belle-soeur et de sur cinq enfants ! Alors j’ai immédiatement flashé sur le terme de “ravin” dans ce texte d’Isaïe, terme qui me renvoyait aux “ravins de la mort” du psaume 22, un texte que j’ai aussi réentendu mercredi lors d’une célébration dans des circonstances assez douloureuses. J’ai retrouvé alors dans ma poche le chant “Veiller quand tout est nuit” sur la feuille de notre célébration du 12 novembre ici à Notre-Dame d’Espérance, avec ces paroles et deux points d’interrogation, pour moi deux gros points d’interrogation :
“Être prêt à trouver les signes du Royaume au fond de la souffrance.
Être prêt à saisir sous la vie étouffée ce peu de ta Parole.”
Les “escarpements”, ça me fait penser à une pente de montagne
si raide et aux éboulements si menaçants, qu’on se dit parfois dans nos vies personnelles, qu’on ne pourra jamais la gravir sans risquer de tomber et de glisser en arrière…
Jeudi, les mêmes images de ce psaume ont résonné en moi quand, en souhaitant une bonne fête de Hanouka à des amis, j’ai pensé à toutes ces familles juives endeuillées – et pire, celles qui attendent depuis plus de soixante jours des nouvelles de leurs otages – ces familles vivant au fond des ravins de la mort, comment ont-elles pu allumer alors la première bougie sur un chandelier qui symbolise l’espérance ?
Solange
Lecture de la deuxième lettre de saint Pierre apôtre (2 P 3, 8-14)
Bien-aimés, il est une chose qui ne doit pas vous échapper : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour.
Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard. Au contraire, il prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion.
Cependant le jour du Seigneur viendra, comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments embrasés seront dissous, la terre, avec tout ce qu’on a fait ici-bas, ne pourra y échapper.
Ainsi, puisque tout cela est en voie de dissolution, vous voyez quels hommes vous devez être, en vivant dans la sainteté et la piété, vous qui attendez, vous qui hâtez l’avènement du jour de Dieu, ce jour où les cieux enflammés seront dissous, où les éléments embrasés seront en fusion.
Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice.
C’est pourquoi, bien-aimés, en attendant cela, faites tout pour qu’on vous trouve sans tache ni défaut, dans la paix.
Résonance : aplanir les montagnes
Tracer droit une route dans les terres arides, combler les ravins,
abaisser les montagnes, aplanir les escarpements. Mon Dieu, quel programme !
Jeudi soir, je suis allé à la Philharmonie de Paris. Le concert était organisé avec un aménagement appelé Culture Relax. Les personnes souffrant de maladies mentales susceptibles d’être sources de manifestations bruyantes, que ce soit pour exprimer son malaise ou témoigner de son plaisir, se lever, partir, revenir, y sont explicitement accueillies comme spectateurs à part entière. Et nous, les soi-disant normaux, sommes invités à assurer un environnement bienveillant et détendu. Le message, chaleureux, est clair : chacun doit pouvoir se sentir à sa place. Pas question de rouspéter parce que quelqu’un parle ou applaudit quand il ne faut pas. Dans le silence qui écoute cette annonce, une dame laisse échapper « oh ben quand même ! » sur un ton peu amène. Le message se poursuit. Les personnes en situation de handicap, leurs accompagnants, nous toutes et tous contiendrons ensemble les éventuels incidents, mieux, nous verrons un spectacle ensemble et rencontrerons des gens parfois différents de nous. Et puis c’est le silence. Deux secondes. Et soudain, la salle éclate en applaudissements pour dire son accord et son soutien.
J’ai alors aussitôt pensé à nous, rassemblés ce dimanche.
Car cette initiative et l’accueil qui lui a été réservé, ont aussitôt fait écho à cette idée incroyable d’aplanir des montagnes. Souvent, c’est à contre-courant que l’on y travaille, c’est dans le désert que l’on tente de tracer droit.
Jean Baptiste, nous allons l’entendre, ne se sent même pas digne de s’abaisser pour défaire la courroie des sandales de celui qui, bientôt, baptisera dans l’Esprit Saint. Et pourtant,
il invite à la conversion, il prépare le chemin avec les moyens qui sont les siens.
Et là, Isaïe nous dit : « Dieu porte les agneaux sur son cœur ».
Pierre surenchérit : « Le Seigneur prend patience envers vous, car il ne veut pas en laisser quelques-uns se perdre, mais il veut que tous parviennent à la conversion ».
Chaque jour, nous remettons notre engagement sur le métier.
C’est bien ce à quoi nous sommes appelés : chaque jour, nous remettre en chemin, vers l’horizon.
En mission donc, mais portés sur Son cœur.
Au travail, mais convaincus de Sa patience.
Benoît V.
Acclamation de l’évangile
Réjouis-toi, Jérusalem, alléluia, alléluia !
Voici qu’il vient l’Emmanuel, alléluia, alléluia !
Route vers le Père, tu rends droits nos chemins.
Proche est ton Royaume, viens combler nos ravins.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 1, 1-8)
Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu.
Il est écrit dans Isaïe, le prophète :
Voici que j’envoie mon messager en avant de toi pour ouvrir ton chemin.
Voix de celui qui crie dans le désert :
Préparez le chemin du Seigneur,
rendez droits ses sentiers.
Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés.
Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui,
et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés.
Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il proclamait :
« Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi, je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales.
Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ;
lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »
Chant : Seigneur, garde-nous en attente (A. Cabantous/L. Boldrini)
Seigneur garde-nous en attente
Pour nous ouvrir aux signes de demain,
Pour une vraie présence au monde,
Ce monde que, par nous, tu fais tien.
En longue attente du Messie,
Cris du désert, voix des prophètes,
Pour accueillir le Fils de Dieu
Libérateur d’un peuple élu
En longue attente de ta paix,
Qui courbera enfin l’épée,
L’histoire apprend aux impatients
Le temps qu’il faut pour advenir
En longue attente du Royaume
Déjà surgi de l’aujourd’hui,
Semblable au grain de sénevé
Qui croît fécond, dans le silence
Prière universelle (D. Rimaud/J. Berthier)
Fais paraître ton jour et le temps de ta grâce.
Fais paraître ton jour, que l’homme soit sauvé !
Psaume 84 :
Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut.
J’écoute :
que dira le Seigneur Dieu ?
Ce qu’il dit, c’est la paix
pour son peuple et ses fidèles.
Son salut est proche
de ceux qui le craignent,
et la gloire habitera notre terre.
Amour et vérité se rencontrent,
justice et paix s’embrassent ;
la vérité germera de la terre
et du ciel se penchera la justice.
Le Seigneur donnera ses bienfaits,
et notre terre donnera son fruit.
La justice marchera devant lui,
et ses pas traceront le chemin.
Chant : Appelés par le Christ
(M. Roger/S. Bellec)
Appelés par le Christ à semer l’espérance,
Faire entendre sa voix aux hommes d’aujourd’hui,
Envoyés par le Christ aux chemins de l’Alliance,
Devenons ses témoins, prophètes de la vie.
Avec tous les prophètes, tous les chercheurs de Dieu,
Serviteurs de ta Parole, nous sommes ton Corps.
Artisans de justice en tout temps, en tout lieu,
Messagers de l’Evangile, fais de nous ton Corps.
Ta Parole illumine, elle éclaire nos pas, Serviteurs de ta Parole, nous sommes ton Corps.
Avec elle on chemine, force dans nos combats, Messagers de l’Evangile fais de nous ton Corps.
Écoutons Jean-Baptiste, en avant du Seigneur, Serviteurs de ta Parole, nous sommes ton Corps.
Accueillons la Parole : préparons notre cœur, Messagers de l’Evangile, fais de nous ton Corps.
Parole qui abreuve, donne sens à nos vies, Serviteurs de ta Parole, nous sommes ton Corps.
Parole qui éclaire, nous envoie, nous unit, Messagers de l’Evangile, fais de nous ton Corps.