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Journée du 20.09.25 Intervention d’Isabelle Mérian

Une intuition de départ porteuse d’avenir : la solidarité internationale

La solidarité internationale a toujours été pour moi un marqueur fort de la communauté.
La solidarité internationale, ce sont d’abord des rencontres qui vous transforment, qui ne
vous laissent pas indemnes. On les porte ensuite. Elles vont dans les deux sens : on
accueille, on est accueilli. C’était vrai au début du CPHB ; ça l’est toujours.

Dès le départ, la question de la solidarité internationale s’est imposée.

En 1976 des Chiliens, en exil en raison du coup d’état de Pinochet, ont trouvé accueil à Saint-Merry. Voici ce qu’en disait Jacques Chonchol, ancien ministre de l’agriculture du gouvernement d’Allende :
« Pendant notre long exil politique entre 1974 et 1985, le Centre Pastoral Saint-Merry constitua pour nous, exilés chiliens, un centre d’accueil familier, même pour ceux qui n’étaient pas catholiques. Nous y avions constitué une Paroisse chilienne où nous nous retrouvions tous les dimanches. En plus de suivre la messe, nous échangions des messages et aussi nos espoirs. » (cf. le témoignage de Jean-Claude Thomas en 2023 : https://saintmerry-hors-les-murs.com/2023/11/22/jacques-chonchol-notre-ami-chilien)

Dans les années 80, la solidarité avec le Nicaragua, qui s’extirpait alors des dizaines d’années de dictature somoziste, s’est traduite  par des actions de la Commission Partage. J’en fus par hasard une messagère. À l’été 1985, alors que j’indiquais à Claire de R. que j’allais passer un mois au Nicaragua dans le cadre d’une initiative du CSN (Comité de Solidarité avec le Nicaragua), elle me transmit une somme d’argent que j’étais chargée de faire parvenir. Ce fut ma première expérience réussie dans un espagnol que je maitrisais très peu. Pendant mon séjour, j’ai pu voir afficher à Managua un article de presse relatant une action de soutien de Saint-Merry. Nos amis du Nicaragua y étaient très attachés : « Tu vois, ça prouve à tous qu’on n’est pas tout seuls ! »
Nous avons reçu à Saint-Merry Mgr Romero (Salvador), Don Helder Camara (Brésil). Je pourrais aussi évoquer l’accueil, en décembre 1983, de la marche pour l’égalité et contre le racisme qui avait traversé la France de Marseille à Paris, à l’initiative du père Delorme : 100 000 personnes dans les rues de Paris le samedi, une messe extraordinaire avec Christian Delorme le dimanche à Saint-Merry.

Depuis les débuts, il y a eu la création de la Commission Partage : une petite équipe qui gère au nom de tous un budget pour des actions de solidarité (autour de 6 000 euros par an). C’est une spécificité de Saint-Merry car cela n’existe pas dans d’autres lieux d’Église à Paris, comme cela nous a été indiqué par le Vicariat de la solidarité du diocèse de Paris, lors du festival des solidarités organisé en 2018 aux Grands Voisins (Paris 14e). Les projets sont repérés à partir de propositions de membres de la communauté qui vont établir un lien avec la Commission Partage.

Aujourd’hui, les actions de solidarité sont inscrites dans la lettre de mission de Saint-Merry Hors-les-Murs

Concernant la solidarité internationale, elles se concrétisent :

  • via la Commission Partage : des liens avec de nombreux pays se poursuivent.
    Par exemple en 2025 : l’activité théâtre en Roumanie, l’agriculture urbaine en Colombie, les tambours de la paix à Recife au Brésil , l’émancipation des filles par la scolarisation au Tchad, l’émancipation des femmes au Congo (voir notre article : https://saintmerry-hors-les-murs.com/2024/03/03/le-tour-du-monde-de-notre-commission-partage/).
    Les règles imposées par la Commission Partage (soutien financier limité à trois ans) poussent à aller plus loin et à inventer. Nous créons des associations comme ACP pour poursuivre les liens avec nos amis de Gaza, Rêves du Sud en France qui accompagne l’émancipation des femmes et des filles au Congo (RDC), des cagnottes Leetchi pour aider les jeunes filles tchadiennes à poursuivre leurs études… Nous pensons parfois contre nous-mêmes quand nous discutons des droits des femmes avec des femmes d’autres cultures.
  • via le groupe Gaza : un lien très rapproché avec Ziad Medoukh, directeur du département de français de l’université Al Aqsa, a commencé il y a plus de dix ans. Cela a démarré sous la forme d’un groupe Skype, initié par Laurent Baudoin : il s’agissait d’échanger avec les étudiants francophones, de soutenir les activités non violentes promues par Ziad. Ce fut également l’objet d’un livre « Être non-violent à Gaza » pour faire connaitre la réalité de ce petit territoire sous blocus, publié avec le concours de membres de la communauté. Ziad est venu le présenter à Saint-Merry en 2019.
    Depuis fin 2023, un Cercle de silence est organisé chaque semaine devant Beaubourg, à l’initiative du groupe Spifrat, de plusieurs personnes de l’ACAT, de quakers. Il s’agit d’affirmer que chaque vie compte et de promouvoir un cessez-le-feu durable. Une photo de ce rassemblement est envoyée à Ziad chaque semaine. Il nous dit que les deux choses qui le font tenir aujourd’hui sont les enfants de Gaza et la solidarité internationale (lire son message de septembre https://saintmerry-hors-les-murs.com/2025/09/02/ziad-palestinien-de-gaza/).

La solidarité internationale a toujours pris des formes multiples, au gré des rencontres et des sollicitations. Elle est pour moi au cœur de l’action pastorale. Tous peuvent y prendre part, ici en France. Le père Prudent du Tchad vient chaque été en France. Nos amis du Brésil (Pe no chao) ont fait une représentation en juillet au festival d’Avignon. Tous sont concernés : pour proposer des projets, pour participer à la Commission Partage-Solidarité internationale.

Si nous savons discerner les enjeux du monde et les confronter à l’évangile,
nous continuerons à porter une intuition forte.

Isabelle Mérian

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