“Je crois, et je parlerai” (Ps 115)

C’est le premier verset du psaume du jour et la phrase que les 21 participants à la préparation de cette célébration ont choisie.
Elle fait montre d’un volontarisme et d’un optimisme à toute épreuve. Alors que nous sommes réunis aujourd’hui, 28 février 2021, pour la dernière célébration du Centre Pastoral, juste avant que ne tombe sur celle-ci l’interdit de notre évêque, cette phrase a plutôt l’air d’une incantation désespérée…

Mais après tout, pourquoi ne pas y croire ? Si on prend un peu de recul pour adopter le point de vue des historiens, on verra que les quarante-cinq années du Centre Pastoral s’inscrivent dans la longue histoire des relations des clercs et des laïcs, dans celle, lente, de la place conquise par les laïcs dans l’Église. Celle-ci a sans doute commencé avec François d’Assise, un homme qui voulait prêcher l’Évangile mais qui refusa toujours de devenir prêtre.

Et ici même à Saint-Merry, les quarante-cinq années du Centre Pastoral rejoignent l’histoire de Barbe Acarie, une laïque qui introduisit en France les Carmes déchaussés de sainte Thérèse d’Avila et qui acheva sa vie comme carmélite. C’est ainsi qu’elle est représentée dans un tableau que vous voyez dans la première chapelle du déambulatoire de gauche. Elle fut baptisée dans cette église le 9 février 1565. Très amoureuse de son mari, dit-on, et mère de six enfants, elle se dévoua auprès des blessés et des malades, mais elle anima aussi un cercle spirituel que fréquentèrent Pierre de Bérulle, saint Vincent de Paul et saint François de Sales et qui fut une des plus brillantes manifestations du grand courant mystique du XVIIe siècle.

Plus prosaïquement, on peut évoquer les paroissiens de Saint-Merry au XVIe siècle. Ils avaient assuré le financement de la reconstruction de leur église de leurs propres deniers, mais ils durent laisser le chœur au chapitre de chanoines qui, émanation de Notre-Dame, coexistait avec eux depuis le XIIe siècle. Les paroissiens étaient alors confinés dans les deux bas-côtés sud et leur autel était installé dans le coin le plus sombre de l’église, actuellement juste sous l’arche quand on entre dans l’église par la rue de la Verrerie. En 1743, comme les chanoines leur interdisaient l’accès à la chapelle axiale du déambulatoire où ils recevaient la communion, les paroissiens décidèrent de construire une nouvelle chapelle de la communion, celle que nous voyons aujourd’hui avec son bel éclairage zénithal qui inspira celui de la Grande Galerie du Louvre. Mais, en 1751, les paroissiens eurent enfin gain de cause et les chanoines furent contraints de partager l’autel principal avec eux. Les paroissiens commandèrent alors aux frères Slodtz le magnifique décor de marbres colorés où nous avons partagé le repas du Seigneur pendant quarante-cinq ans.

Alors le Centre Pastoral, simple péripétie de l’histoire ou signe prophétique de l’Évangile ? Serons-nous suffisamment patients, persévérants, inventifs, rusés, combatifs et pacifiques pour écrire un nouveau chapitre ? Pour qu’un jour, quelque part, nous puissions dire à nouveau, comme Pierre, Jacques et Jean devant Jésus transfiguré : « Il est bon que nous soyons ici ! ».
En tout cas, nous pouvons le dire encore une fois aujourd’hui : « Oui, il est bon que nous soyons ici tous réunis en ton nom, Jésus ». Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit !

Pierre Sesmat

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