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Tout est chamboulé…

Les deux lectures que nous allons entendre, le sacrifice d’Abraham (Gen 22,1-2, 9-13, 15-18) et un extrait de la lettre de Paul aux Romains (8, 31b-34), font fortement écho au moment éprouvant que vit notre Communauté.

L’épreuve d’Abraham d’abord.

En réponse à l’appel de Dieu, il avait quitté sa terre sans avoir où il allait.
Dans sa vieillesse, avec sa femme stérile, il a reçu un fils, Isaac. Et Dieu a accompagné cette naissance d’une promesse : de ce fils inespéré allait naître une descendance aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel. Avec cet enfant l’avenir s’ouvrait pour Abraham. Il était assuré.
Et voilà que tout est chamboulé, que Dieu semble annuler sa parole : il demande à Abraham de se déposséder de ce fils chéri, son unique, son trésor, l’enfant de la promesse.
C’est dur, incompréhensible et absurde.
Abraham affronte une rude épreuve dans sa relation à son fils et à Dieu.

Mais en fait, qu’est-ce que Dieu demande à Abraham ?

De ne pas garder son fils pour lui, de ne pas se l’accaparer, de ne pas être propriétaire du don reçu, de consentir à se défaire des projets échafaudés pour cet enfant chéri.
Dieu demande à Abraham de ne pas retenir son fils, de se détacher de la part possessive de sa paternité.
S’il y a un sacrifice ici, ce n’est pas celui d’Isaac mais celui d’Abraham : il doit se détacher de ce lien possessif à son enfant, se laisser dérouter, et consentir à être emmené, une nouvelle fois, là où il n’avait pas prévu.
A la fin du récit, Isaac est détaché du bûcher, délié. Il est délivré des liens qui le ligotaient à son père. Il peut repartir libre, vers sa vie.
Et Abraham au moment où il laisse aller son fils devient vraiment père.

Alors Dieu peut renouveler son alliance, sa promesse de fécondité, il peut rouvrir l’avenir, en réponse à la confiance obscure et difficile d’Abraham. Son alliance demande qu’on ne mette pas la main sur le don, qu’on ne se cramponne pas à ses projets à soi. Alors, oui, viendront les descendants aussi innombrables que le sable et les étoiles.

Paul aux chrétiens de Rome

Paul s’adressant aux chrétiens de Rome, dit que Dieu lui-même s’est laissé déposséder de son Fils chéri, son « unique ».  « Il ne l’a pas épargné », comme on met une précieuse somme d’argent de côté pour soi, afin d’assurer son avenir.  Il nous l’a donné entièrement.
Il s’est laissé dérouter : son Fils bien-aimé, celui qui portait ses projets pour les humains, a été livré, ligoté, mis à mort. Avec lui, Dieu s’est laissé déposséder à un point inimaginable. Et il a répondu à la confiance obscure et difficile de son Fils en le relevant d’entre les morts.
En enfants d’Abraham, en disciples du Ressuscité qui nous rassemble ce matin, nous le croyons :
les dépossessions portent du fruit.

Elles sont promesses de vie...

Claude Plettner

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