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Dimanche 21 mars 2021. « Rends-moi la joie d’être sauvé »

« Si le grain de blé tombé en terre meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12, 20-33)

Introduction

Réjouissons-nous !
Nous sommes heureux d’être à nouveau réunis, contre vents et marées,
en présentiel ou en union de prière avec les “Zoomers”.
Réjouissons-nous de ce partage de la parole !
L’heure est venue où le Fils de l’Homme doit être glorifié :
Jérémie nous invite à fêter notre alliance avec Dieu.
Tous, des plus petits aux plus grands, nous apprendrons à connaître le Seigneur.
Dans l’évangile de Jean, Jésus, fécondité du grain qui meurt,
nous ouvre un chemin de vie et de réconciliation.
Oui, le lutrin est désespérément vide !
Mais la phrase du psaume que nous avons choisie s’inscrit au plus profond de nos cœurs :
« Rends-moi la joie d’être sauvé ».
Oui, nous croyons que lorsque deux ou trois sont réunis au nom de Jésus,
son Esprit est là, au milieu de nous… Nous y croyons !
Pour le signifier, faisons le signe de croix.

Odile G.

Psaume 50 : Crée en moi un coeur pur, ô mon Dieu !

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense.
Oui je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi.
Contre toi et toi seul j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux je l’ai fait.
Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton esprit saint.
Rends-moi la joie d’être sauvé ; que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ; vers toi, reviendront les égarés.

📖 Livre de Jérémie (Jr 31,31-34)

Voici venir des jours – oracle du Seigneur –, où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une alliance nouvelle. Ce ne sera pas comme l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte : mon alliance, c’est eux qui l’ont rompue, alors que moi, j’étais leur maître – oracle du Seigneur. Mais voici quelle sera l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël quand ces jours-là seront passés – oracle du Seigneur. Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère en disant : « Apprends à connaître le Seigneur ! » Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands – oracle du Seigneur. Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés.

📖 Évangile selon saint Jean (Jn 12, 20-33)

En ce temps-là, il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque. Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. » Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus. Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. » Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous. Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.

Voir Dieu, quelle idée ?

Dans une conférence de Carême un éminent curé écrit « le salut c’est voir Dieu ». Justement l’évangile de ce dimanche rapporte que des grecs voudraient « voir Jésus ».
En méditant cette parole ensemble à Saint-Merry, je me disais qu’elle laisse supposer qu’en fait Jésus récuse le bien-fondé de cette demande. 
Que signifie « voir » en face à face ce Jésus pour des grecs qui ne le connaissent pas ? Ces étrangers, émigrés hors-système, n’espèrent pas « savoir », ils ont une autre manière de penser. Ils ne sont pas comme nous, mais eux aussi ont un désir de libération. Ils expriment à l’état brut l’espérance du monde, sans qu’une religion quelconque soit nécessairement venue l’ériger en système de pensée. La foi ne peut pas faire le détour de la confrontation avec l’étrangeté de l’autre qui reste indéchiffrable, ou avec le « païen » qui surprend toujours. 
« Voir » cela revient à se faire une idée ou une image de la personne, à la cerner, à l’enfermer possiblement dans un schéma ou une certitude. Jésus ne répond pas à cette vaine demande de le « voir », il dit que la seule solution est de le « suivre », de marcher avec lui, de se mettre en route. Cheminer pas à pas plutôt que se faire une image forcément réductrice, plutôt que s’enfermer dans une contemplation irréelle. Pour être libéré, il faut ouvrir une brèche dans le mur de nos croyances, il faut accepter d’être contredit dans l’énoncé de nos certitudes.
Jésus s’exprime ainsi dans sa dernière semaine ; le suivre consiste à accepter la mise en question radicale de sa mort et sa résurrection qui approchent. Le voir va impliquer de le mettre au tombeau puis de constater que celui-ci est vide. L’image préformée du Christ se révèle tôt ou tard comme une coquille vide et morte, puisqu’il est déjà vivant ailleurs et sous une autre forme. Bien entendu, il en va de même pour celui qu’il nomme son Père que « nul n’a jamais vu ». 
« Il faut que le grain de blé meure pour porter du fruit ». 
Peut-être cela peut s’entendre comme la nécessité personnelle de nous détacher de nos fantasmes égotiques. Peut-être cela peut s’appliquer à l’Église elle-même qui a besoin de mourir à ses vieilles traditions, ses mots préfabriqués, ses rites désuets pour s’ouvrir à d’autres attentes et d’autres générations. Peut-être cela peut aussi concerner notre entre-soi qui ne fait que discourir en boucle à nous-mêmes sans rien dire aux autres : de religion aux seuls croyants, de l’Église à ses seuls pratiquants, de la foi qu’à ceux qui s’en réclament, etc. Dans l’évangile la foule assemblée entend un coup de tonnerre ou, selon certains, la voix d’un ange. Jésus prévient « ce n’est pas pour moi, mais pour vous ». À nous donc de jeter dehors « le prince de ce monde », c’est-à-dire, peut-être, la somme de nos ressentiments et de nos fausses images divines que nous ne cessons de fabriquer.

Jacques Debouverie

Résonance : écouter dans le coeur de l’autre

À la préparation de ce partage de la Parole, nous avons été frappés dans le texte de Jérémie par le verset 34 « ils ne s’instruiront plus entre compagnons, entre frères… car ils me connaîtront tous, petits et grands ».
Dieu affirme qu’il a déposé un éclat de lui-même dans le cœur de chaque homme, petit ou grand : faisons-nous confiance, nous pouvons le découvrir par nous-mêmes, et nous pouvons l’écouter aussi dans le cœur de l’autre – quelle merveille, au cœur de tous et de chacun, des éclats de Dieu !
C’est pourquoi, nous sommes invités à nous dire les uns aux autres, après un temps de silence, ce que nous connaissons de Dieu qu’il a déposé au fond de notre cœur, à partir des textes de ce matin, ou dans l’ensemble de notre vie.

Solange de R. et Marie-José D.

Quel éclat de Dieu reconnaissez-vous au fond de votre cœur ? 

Photo by Thomas Kinto on Unsplash

Laisse pleuvoir ta grâce qui féconde la terre
Le grain enfoui témoignera de ta lumière

♫ Chant (paroles : Mannick – musique : J. Akepsimas)

Nul n’a jamais vu Dieu,
Nul ne sait qu’il est Père.
Mais Jésus nous l’a révélé.
Et l’homme apprend qu’il est aimé.

Nul ne connaît le Fils,
Nul n’en sait le mystère.
Mais les pauvres seront comblés,
Et l’homme apprend qu’il est aimé.

Nul ne connaît son cœur,
Nul n’en sait la misère.
Mais l’Esprit vient pour l’habiter,
Et l’homme apprend qu’il est aimé.

Prière : qu’avez-vous envie de confier à Dieu aujourd’hui ?

 Vers toi, Dieu fidèle et plein d’amour,
Nous levons le regard de notre cœur,
Sème en nous la confiance ;
Garde-nous dans la paix !

En communion avec nos amis de la paroisse, avec tous ceux qui prient à Saint-Merry,
sur Zoom et partout dans le monde, nous pouvons chanter :

CategoriesNon classé
  1. Henri Juilliard
    Henri Juilliard says:

    Merci pour cette très belle célébration que je découvre. Je n’avais pas osé être présent sur les précédentes, depuis que nous avons été exclus des murs de Saint-Merry. Vous avez su faire de cette célébration de la parole un instant de
    prière et de communion intense. C’est vrai qu’on n’avait pas envie de se quitter.
    Et quelle audace de proposer un échange sur “ce que nous connaissons de Dieu”! Et quel paradoxe que nous, les vieux chrétiens fidèles entre tous, répondions, plutôt unanimes: “Je ne sais pas, mais…” Bravo encore , continuez !
    Vous avez su trouver un positionnement positif, alternatif à la réaction de refus et de réaction violente qui aurait été la mienne… si j’avais été plus jeune.
    Effectivement, on peut arriver à inventer quelque chose. Et si, en plus, des paroisses parisiennes en viennent, avec leur clergé, à nous soutenir et à se mettre en décalage avec leur autorité archi épiscopale… Merci encore pour tout.
    Henri Juilliard (qui parle parfois pour la quête annuelle pour le Secours Catholique, présent à l’écran comme “Henri L”)

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