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Vendredi Saint 2 avril 2021. « D’où es-tu ? »

Henri Martin-Granel, Montée au Calvaire, vitrail, église Notre-Dame, Royan, XXe s

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« D’où es-tu ?  »  est-il écrit sur le lutrin.
Si on me le demande, je peux répondre d’un geste de la main, d’une torsion du corps,  d’un signe du menton… je peux répondre d’un nom familier, d’un récit familial, d’un mot de  géographie.
Nous qui ne savons plus très bien aujourd’hui où aller pour célébrer en communauté l’eucharistie, merci pour votre hospitalité et  votre accueil fraternels. Nous, Saint-Merry Hors-les-Murs, qui  en avons bien besoin, vous disons merci pour la chaleureuse confiance de Notre-Dame des Anges.
« D’où es-tu ? ». Si moi, je le demande, par cette simple question, vais-je exiger de cet inconnu, pour l’accueillir, qu’il soit de la même “tribu” que moi ? Par cette mise à distance, vais-je me dérober à cet étranger qui viendrait respirer mon air à moi ? Ou est-ce une admiration méditative qui reconnaît en face de moi un Autre qui m’interpelle silencieusement ?Aujourd’hui, nous faisons mémoire de la mort de Jésus. Pilate, effrayé, lui demande « D’où es-tu ? », mais Jésus ne lui fit aucune réponse. Pilate pressent la grandeur de cet homme, il salue le mystère en cet inconnu, mais reste à distance, figé.
« D’où es-tu ? »  Il y a un monde entre nous deux, un monde infranchissable.
Ecouter ce récit est une épreuve pour nous.
Une épreuve, car nous savons bien, nous ne savons que trop, que, là où nous sommes fixés, figés, la mort peut l’emporter.
Pourtant, nous savons aussi, et nous allons le chanter, que là où nous sommes crucifiés, peut aussi passer, dans le silence, une certaine mort, une mort qui permettra la vie. Ce lieu-dit de la croix, effrayant de solitude et d’abandon, ce tombeau peut devenir jardin. Nos corps blessés, des grains moulus, peuvent  devenir ce que nous sommes, Corps du Christ.
« D’où es-tu ? » Chacun de nous se pose la même question. D’où sommes-nous ? Du tombeau ou de la bonne terre ?
Sommes-nous du même endroit que toi, Jésus ? ” D’où es-tu “, Jésus ? Et moi, d’où suis-je ?  
Pour entrer dans cette eucharistie, dessinons sur nous ce qui est peut-être une réponse silencieuse : le signe de sa croix.
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen

Marguerite C. R.

Célébration à la chapelle Notre-Dame des Anges

Entrons dans la méditation de la Passion

Chant : Berger du silence H 169 à écouter ici

Andrea Mantegna, La Prière au Jardin des Oliviers, 1457-1459, église San Zeno, Vérone

Silence de Dieu, au jardin d’agonie
Silence de Dieu, qui rend la nuit plus noire
Silence de Dieu, quand la coupe est à boire
Tu es l’enfantement d’une autre vie
Où la mort est changée, un matin, en victoire
Dieu, berger du silence.

Silence de Dieu quand l’Arbre meurt en croix
Silence de Dieu, tu deviens cette sève
Silence de Dieu, qui vit et qui relève
Tu donnes le fruit mûr du Golgotha
Qui germe en son tombeau, se redresse et se lève
Dieu, berger du silence.

Silence de Dieu, qui alourdit nos croix
Silence de Dieu, au temps de nos souffrances
Silence de Dieu, qui ressemble à l’absence
Tu es saison d’hiver et de vents froids
Où germe en notre sol, lentement, ta Semence
Dieu, berger du silence.

Evangile de la Passion : Jn 18, 19, 1-42

Enguerrand Quarton, La Pietà de Villeneuve-lès-Avignon, c. 1455, Louvre


“J’ai parlé au monde ouvertement.”

Jn, 18, 20







Jésus dit : “Je ne suis venu dans le monde que pour rendre témoignage à la vérité.
Quiconque est de la vérité écoute ma voix.
Pilate répondit : “Qu’est-ce que la vérité ?”
(Jn, 18, 37-38)

Mattia Preti (Il Cavalier Calabrese), Pilate se lavant les mains, ~1663, MET Museum, New-York



“Tout est accompli”




Jn, 19, 30












Prière universelle

Louis Bréa, La Pietà, Peinture sur bois, 1490-1495 env, Louvre

C’est ainsi. Jésus de Nazareth est né d’une femme appelée Marie ; il a vécu une vie de labeur silencieux puis trois ans de prédication publique, en Palestine, sous le règne de l’empereur romain Auguste ; pleinement homme, il est mort sur le bois de la croix, au printemps de l’an 30, Pilate étant préfet romain à Jérusalem.

Ses disciples ont témoigné et nous le croyons, cet homme, Dieu l’a ressuscité d’entre les morts et l’a attiré à Lui ; aujourd’hui nous rappelons et pleurons sa mort ; dans trois jours nous proclamerons qu’il est le Vivant, le premier-né d’une nouvelle humanité ; une humanité capable, à son exemple, de rejoindre Dieu dont il nous a révélé la générosité, la compassion, la plénitude de bonté pour la multitude des hommes et la création.

Alors, par lui, avec lui, et en lui qui nous a précédés auprès de Dieu, tournons-nous vers le Père qui bénit la vie et accueille toute prière.

Catherine C.

REFRAIN :
Ensemble devenons ce que nous sommes, Corps du Christ
Ensemble recevons ce que nous devenons, Corps du Christ


Intentions des groupes de Carême

Merci Seigneur de m’avoir poussée à me porter animatrice d’un groupe Carême ! Pour moi qui découvrais la communauté du centre pastoral, quelle richesse et quelle confiance dans les échanges. C’est dans les liens avec mes frères et sœurs que Ta présence et Ton amour se font vivants. L’une d’entre nous a dit qu’au lieu de t’invoquer comme Notre Père qui est aux cieux, nous pourrions dire Notre Père qui est au creux. Oui, Seigneur, sois pour moi comme un cœur qui bat au creux de moi. Soyons dans la confiance en Toi, en la vie, en l’avenir.

Marie-Pierre

Donne nous de ne pas nous endormir, de ne pas nous encroûter, de ne pas nous enfermer, de ne pas nous retourner , de marcher pour que germe le nouveau et que l’esprit de fraternité et de synodalité vivifient l’Eglise.

Groupe Didier P.

Seigneur, comment rebondir ? Saint-Merry, la Covid, et au-delà… En ce temps de désert le collectif se fissure. Et dans le désert on est seul, pas d’eau, expérience de la sécheresse.
Que mettre en place, seul ou à plusieurs ?
Comment faire propre ? Si on pense être sacré, comment se nettoyer après avoir été souillé ?
Seigneur, que  peux-tu nous proposer ? Nous avons besoin d’eau pour survivre.
Tu nous dis : “Je vous donnerai l’eau de la vie gratuitement” et aussi, « ma parole, c’est comme la pluie, elle ne me revient jamais sans avoir porté son fruit ». C’est la grâce.
S’ouvre devant nous un temps à marcher en existant, pour aller où ? Seul ou ensemble ?
Seigneur, que peux-tu nous proposer pour nous remettre debout ?

Groupe Marie-José & Jean-Luc L-D.

Seigneur, que nous ne nous adressions pas à toi comme à un magicien et que nous apportions notre pierre en nous engageant pour le bien des autres, nous t’en prions.
Seigneur, j’ai entendu au cours d’une réunion carême la phrase suivante : le péché, c’est l’incapacité à fonctionner ensemble.
Nous te prions de faire corps les uns avec les autres et de construire des relations dans le respect, la tolérance et la patience. 
Seigneur, nous faisons partie du corps du Christ lors de nos partages eucharistiques. Dans ce corps, chacun avec sa différence a une place unique, aussi humble soit elle. Au cœur de nos incertitudes, aide-nous à prendre conscience que tu nous aimes, chacun tel que nous sommes et que ton amour soit un appui pour rebondir dans nos vies.
Secoués par nos incertitudes, nous avons peur de perdre, perdre nos repères comme le centre pastoral, nos sécurités, perdre le contrôle de nos vies. Seigneur, ouvre-nous à l’expérience que mourir à nos illusions est le chemin qui nous ouvre à ton amour.

Groupe André L.

Nous portons dans nos prières de la semaine sainte tous ceux qui se trouvent écorchés par la situation actuelle de Saint-Merry :

  • les prêtres qui nous ont quittés dans l’amertume d’une mission non aboutie,
  • les responsables de l’évêché empêtrés par la crise actuelle où l’écoute et la charité fraternelle peinent à s’épanouir,
  • les fidèles qui s’appuyaient sur notre communauté pour nourrir leur foi et leur désir de militer pour un monde meilleur,
  • les membres de la paroisse inquiets de leur avenir séparé du Centre pastoral,
  • tous ceux qui s’étaient engagés dans un groupe ou une activité et qui s’inquiètent de ce qui va en advenir,
  • les responsables du comité de pilotage à la recherche d’un avenir pour notre communauté,
  • Thomas, le régisseur de Saint-Merry, licencié,
  • tous ceux, inconnus, qui suivaient de loin notre expérience et voyaient en elle l’espoir d’une Église renouvelée.

Jean et Francis

Au-delà de notre ressentiment aussi légitime soit-il, nous te prions Seigneur afin que tu nous inspires des attitudes contribuant à rendre notre communauté toujours plus semeuse de fraternité à travers les aventures à venir de Saint-Merry hors les murs.

Robert

Me vient la première parole adressée par Jésus ressuscité aux disciples claquemurés au cénacle : « Paix sur vous ». Cette paix du cœur, en deçà de toute action ou réaction, sera sûrement la condition essentielle de tout progrès. C’est ce fruit de la Passion que je nous souhaite à tous. Seigneur, aide-nous à la cultiver durant ces prochaines semaines particulièrement.

Alain

Les quatre évangiles nous relatent le reniement de Pierre ; mais Luc ajoute un élément au chant du coq : « Le Seigneur se retournant, posa son regard sur Pierre ». Et c’est alors que Pierre se souvient de la parole de Jésus annonçant son reniement et qu’il sort en pleurant. Voilà ce qui, on peut le penser, a permis à Pierre de percevoir qu’il avait touché le fond et puis de rebondir. Prions pour qu’à notre tour, nous prenions conscience du regard que Jésus pose sur chacun de nous, regard qui nous permet tout à la fois de prendre conscience de nos lâchetés et de rebondir sur un chemin de fidélité.

Groupe Joëlle C.

Chant : Dieu caché L 109 : à écouter ici

Dieu livré, tu n’as plus d’autre parole
Que ce corps partagé dans le pain qui te porte à nos lèvres
Tu dis seulement la coupe du sang versée pour la nouvelle confiance
Explique-toi par ce lieu-dit, que l’Esprit parle à notre esprit, dans le silence.

Dieu blessé, tu n’as plus d’autre parole
Que cet homme humilié sur le bois qui t’expose au calvaire
Tu dis seulement l’appel déchirant d’un Dieu qui apprendrait la souffrance
Explique-toi par ce lieu-dit, que l’Esprit parle à notre esprit, dans le silence.

Dieu vaincu, tu n’as plus d’autre parole
Que ces corps décharnés où la soif a tari la prière
Tu dis seulement: « Je suis l’innocent à qui tous les bourreaux font violence »
Explique-toi par ce lieu-dit, que l’Esprit parle à notre esprit, dans le silence.

Dieu sans voix, tu n’as plus d’autre parole
Que le signe levé édifié sur ta pierre angulaire
Tu dis seulement: « mon peuple est vivant, debout il signifie ta présence »
Explique-toi par ce lieu-dit, que l’Esprit parle à notre esprit, dans le silence.

Rogier van der Weyden, La Descente de la Croix, avant 1443, Prado, Madrid
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