«J’ai placé devant toi la vie et la mort… choisis donc la vie pour que tu vives » (Deutéronome 30, 15-19).
Le Seigneur de vie adresse à l’Église et à l’humanité tout entière cette invitation aimante et exigeante. Depuis quatre mois la communauté de Saint-Merry Hors-les-Murs, blessée par la programmation autoritaire de sa mort, a choisi de vivre. Non seulement pour elle-même, mais aussi au service de l’annonce de la Bonne Nouvelle et de l’incarnation d’une vraie communion en Église. Saint-Merry Hors-les-Murs a vécu ce temps de multiples manières, riches de la diversité de ses membres, de son rayonnement, de son histoire et de son avenir.
Dans la diversité et la complexité
Certains ont trouvé du réconfort dans les rencontres autour de la Parole partagée, en présentiel ou en distantiel. À plusieurs reprises nous avons pu célébrer l’eucharistie, à l’invitation d’une autre communauté. D’autres ont rejoint un groupe pour travailler et « inventer » l’avenir de l’Église. Pour le construire en accord avec les défis qu’elle affronte dans un moment radicalement nouveau. Pour aider la communauté chrétienne et bien au-delà, la communauté humaine, à apprendre à « marcher ensemble », à cheminer dans une démarche « synodale ». D’autres encore ont rejoint les frères et sœurs fatigués par l’isolement ou le chamboulement des habitudes. Nous ne marchons pas tous au même rythme. Sans oublier les gestes de solidarité du quotidien, aux côtés des personnes migrantes ou sans-domicile-fixe, afin de signifier que leur dignité est féconde pour tous. Nous nous sommes aussi rassemblés dans l’amour du beau, de l’art et de la musique ; sans oublier l’humour qui repeint les réalités banales du quotidien aux merveilleuses couleurs des horizons insoupçonnés. Toutes ces aventures sont à retrouver sur le site…
« Donne-moi à boire »
Tous et toutes on fait une expérience inoubliable et féconde : l’accueil. Non pas l’accueil que nous, les « bien portants », offrons aux personnes fragilisées. L’accueil dont nous fûmes les bénéficiaires émerveillés. Nombre de personnes ou de groupes ont ouvert leurs portes, celles de leur cœur, de leurs bras, de leur église aussi. Nous étions alors les bénéficiaires de l’accueil inconditionnel cher à Saint-Merry.
Dans cette période, non achevée, de nomadisme, fatigués mais fidèles, nous avons osé le « Donne-moi à boire » que Jésus, lui aussi fatigué par la route, lança à une étrangère, une samaritaine. Choisir la vie est sans doute aussi expérimenter la dé-maîtrise, l’humble geste de la demande et de l’attente. Et ils nous ont donné à boire ! Pas toujours la boisson que nous imaginions ou que nous espérions, mais celle qui fait jaillir la vie. Sans doute avons-nous encore bien du chemin à faire pour laisser germer en nous les forces constructives de ces gouttes partagées.
Comment l’Église de France prend-elle les moyens de dire, aux diverses communautés, aux occupants des « périphéries », ainsi qu’à la société qui l’entoure : « Donne-moi à boire » ? C’est bien dans cette humble démarche que l’Église puisera, aussi, les forces de son renouveau. Non pour assurer sa survie, mais pour remplir pleinement la mission qui lui a été confiée : partager à une société sceptique et complexe, la Bonne nouvelle de la victoire sur la mort. Pour ce faire l’Église doit accepter en son sein, cette diversité et cette complexité.
Donne de la vie à tes jours
Choisir la vie ne se résume pas à la survie ni au fait d’ajouter quelques semaines à d’autres semaines. « Donne de la vie à tes jours plutôt que des jours à ta vie », affirmait Rita Levi-Montalcini, prix Nobel de médecine.
Si le Seigneur nous invite à marcher et à choisir la vie, il donne un sens, une orientation à la marche. Ce choix de la vie « vous donnera de vivre des jours nombreux dans le pays que Je vous donnerai » (Dt 30, 16)). Oui, choisir la vie c’est accueillir un cadeau, un pays, un horizon pour la marche : l’horizon d’une présence, offerte à tous, bienveillante pour tous, et rassemblant l’humanité tout entière. En ces temps de vacances, non de vide, mais d’un peu de repos, pour ceux et celles qui peuvent en profiter, le choix de la vie pour atteindre le pays que le Seigneur nous donne, peut nourrir notre joie sereine et nos réflexions pour préparer les marches communes de demain.
Merci à Guy pour cette nouvelle invitation à la méditation active, pour cette nouvelle invitation à l’espérance pour les demains de notre communauté même si nous sommes fatigués, même si nous sommes souvent dispersés malgré tous les moments, toutes les multiples occasions où nous pouvons nous retrouver. C’est pourtant cette volonté de nous disperser qui, j’en suis sûr, a fait partie de la stratégie destructrice d’Aupetit et çà son refus caractériel de dialogue.
Je souhaiterais juste revenir sur une phrase du texte : “Comment l’Église de France prend-elle les moyens de dire, aux diverses communautés, aux occupants des « périphéries ». A quelle Eglise de France Guy pense-t-il ? La hiérarchie probablement. Au vu de ce que je lis ou constate, je me demande s’il y a encore beaucoup à attendre des évêques de notre pays pour qu’ils demandent eux aussi à boire. Soit, pour nombre d’entre eux, seul le repli sur l’affirmation identitaire permettra au catholicisme sectaire de continuer d’exister juste pour lui-même; soit la plupart des autres sont paralysés pour prendre des initiatives et conforter des témoignages et des initiatives vers les périphéries. Paralysés, non plus comme sous les pontificats précédents par crainte de se faire crosser par Rome mais en raison des pesanteurs sociologiques du catholicisme hexagonal marqué depuis des décennies par l’influence des traditionnalistes et des communautés “nouvelles” (qui n’ont de nouvelles que le nom) pourvoyeuses de vocations formatées. C’est seulement au vu de ce qui se passe en Allemagne, en Belgique, en Suisse, pour ne parler que de l’Europe occidentale que je ne suis pas encore totalement pessimiste.
Bonjour…Avec vous pour reflrchir et nous aider a tenir la route vers les peripheries existentielles dans notre Eglise, en France.
Oui, merci Guy, pour ton inépuisable espérance au-delà des obstacles, du rejet, du mépris et de l’indifférence. La vie est plus forte que la mort: c’est notre foi et notre espérance qu’il faut mettre en oeuvre, aujourd’hui, ici et ailleurs, partout.