Vous n’apprendrez rien de nouveau si l’on vous dit que la marche du pèlerin sur les chemins de Saint-Jacques est une des nombreuses voies mystiques du quêteur de sens. Certains d’entre nous l’ont pratiquée et racontent en avoir recueilli beaucoup de fruits. Peut-être un jour me lancerai-je dans le défi. En attendant je pratique la marche solitaire en montagne – ce qui me vaut à l’heure où j’écris une quasi-immobilisation due à un épanchement de synovie et le bonheur d’envoyer un message aux évadés hors les murs que nous sommes devenus. À chaque balade, ou presque, m’est offert un petit signe, j’oserais même dire une petite épiphanie. Relire ma vie à son aune, ou la relier à un essentiel qui me tient à cœur, n’est-ce pas là ce qu’on appelle la religion ? C’est un cadeau à ne pas rater. Essayez donc si vous n’avez jamais testé.
En voici un exemple qui m’est resté cher. Dans la descente – aïe le genou – un jour je croise une fillette sortie de n’importe où. Elle joue à la glissade en solitaire sur le chemin que j’emprunte. – « Bonjour, comment t’appelles-tu ? – Yaël, et aujourd’hui j’ai 7 ans. – Bon anniversaire, Yaël ! Je m’appelle Catherine et hier j’ai eu 70 ans. » Elle ajoute : « Yaël, c’est mes parents qui ont choisi mon nom ». Je lui confie : « YA-EL, il y a deux fois du divin dans ton nom ». Je n’ai pas tenté de lui en faire l’exégèse, pas plus que celle de mon nom, dont l’origine (cathare, catharsis) suggère en grec une pureté dont la radicalité peut conduire au meilleur comme au pire. Serait-ce hors les murs que nous parviendrons à la résolution de nos passions ?
Catherine Busson
Billet du dimanche 11 juillet 2021