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Dimanche 25 juillet 2021. « On mangera, et il en restera »

        

Il était une fois, la multiplication des pains, une très ancienne fois, dans le livre des Rois, et une moins ancienne fois, dans l’Évangile.
Bien sûr, cette histoire, on la connaît tous, et en plus c’est une histoire qui finit bien, alors ne boudons pas notre plaisir !
« Venez, comme à la danse, goûter le pain de Vie
La vie, en abondance, la vie de Jésus-Christ »
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Lien visio pour participer au partage, le 25 juillet 20021, à 11h (heure de Paris) :

 

Entrée en prière

Marais, Charivari

Accueil

Bonjour à tous. Nous sommes heureux de nous retrouver éparpillés aux quatre coins de l’Hexagone. Miracle de la technologie qui nous permet de nous rassembler ce matin pour être nourris de la Parole. Celle de Dieu mais aussi celle qui circule entre nous. Parole qui rassasie. Ne sommes-nous pas alors comme cette foule qui vient à Jésus et dont nous parle l’Evangile de Jean ?
Lundi nous étions nombreux à réfléchir à cette Rencontre.  Certains venus  pour préparer l’Eucharistie  de la rando-célé  marchent  en forêt de Fontainebleau, prient avec nous ce matin, et nous avec eux. 
Ensemble, nous avons lu et laissé les textes résonner en nous. Entre méditation et débat, ce temps de partage fut long, riche parfois rugueux. Comme tout le reste, il nous faut dans Saint-Merry Hors Les Murs réinventer ce temps d’écoute et de dialogue  qui  se poursuit ensuite toute la semaine. 

Pourtant au bout de quelques jours, le miracle de la multiplication des pains laisse à plusieurs d’entre nous un sentiment de malaise. Si Dieu peut nourrir cette foule, pourquoi ne nourrit-il pas l’humanité entière ? Et si ce n’est pas d’un dieu faiseur de tels miracles qu’il s’agit, qu’ont donc vécu les apôtres de tellement extraordinaire qu’ils aient eu tant besoin de nous faire part de cet événement ? Une des clefs ne serait-elle pas dans le livre des Rois : On mangera et il en restera ?  A nous désormais d’écouter, de nous approprier ces textes et de chercher des réponses au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ….

Bénédicte R.

Lecture du deuxième livre des Rois (2 R 4, 42-44)

En ces jours-là, un homme vint de Baal-Shalisha et, prenant sur la récolte nouvelle, il apporta à Élisée, l’homme de Dieu, vingt pains d’orge et du grain frais dans un sac. Élisée dit alors : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent. » Son serviteur répondit : « Comment donner cela à cent personnes ? » Élisée reprit : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent, car ainsi parle le Seigneur : ‘On mangera, et il en restera.’ » Alors, il le leur donna, ils mangèrent, et il en resta, selon la parole du Seigneur. 

Méditation en musique :

Monteverdi – Magnificat : Et misericordia

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 6, 1-15)

En ce temps-là, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade. Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples. Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. » Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture. À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul. 

Résonance

Il était une fois, la multiplication des pains. Il était une très ancienne fois, dans le livre des Rois, et une moins ancienne fois, dans l’Evangile. Bien sûr, cette histoire, on la connaît tous, et en plus c’est une histoire qui finit bien, alors ne boudons pas notre plaisir !

Mais, si beaucoup d’entre nous, lors de la préparation, ont découvert la version ancien testament de cette histoire, qu’est ce qui court d’un texte à l’autre et qui interroge encore aujourd’hui ?

  • Est-ce le fait que ce sont des personnes extérieures à la communauté rassemblée (un homme ici, un jeune garçon là), qui amènent le premier pain ?
  • Est-ce la disponibilité humaine, initiative prise par certains qui commencent le geste et ça continue, comme cet élan de solidarité en Allemagne après la catastrophe ?
  • Est-ce le fait qu’il se passe un truc extra-ordinaire, alors que, matériellement, on voit bien (Philippe, le serviteur) que ce n’est pas possible de nourrir toute cette foule ? Et ce qui est vrai pour les pains, l’est aussi plus globalement pour l’engagement. J’aime bien ce regard de Marie Cosnay et Matthieu Potte-Bonneville qui parlent de « bouts d’éthique en acte, d’une éthique qui s’enroule autour des difficultés insolubles, l’impossibilité [étant] en quelque sorte première et fondatrice »((Marie Cosnay et Matthieu Potte-Bonneville, Voir venir. Écrire l’hospitalité, éd. Stock, Paris, 2019)).
  • Est-ce que c’est cette indécision sur qui déclenche la multiplication : les hommes qui se mettent à partager le pain qu’ils avaient dans leur poche et qui génèrent cette abondance ? Ou bien Jésus/Dieu qui, par sa bénédiction, est à l’origine de cette manne ?

En tout cas, les hommes sont nourris, et il en reste.
C’est-à-dire qu’ils partagent, et il en reste.
Ou bien qu’ils viennent pour écouter la parole et en plus il y a du rab, du pain, du reste.
Ou encore, ils reçoivent plus que ce qu’ils étaient venus chercher…

Voilà tout ce qui nous est passé par la tête, lundi soir. Et la question que nous avons envie de vous poser, du coup, est simplement celle-ci : pour vous, comment résonnent ces deux textes sur la multiplication des pains ?

Valérie L.

Méditation en musique

Corelli, Sonata in B-Flat Major, Op. 5 No. 2: V. Vivace

Photo by Mae Mu on Unsplash

Partage

Que nous laissent à penser ces deux multiplications des pains ? 

Chant : La vie en abondance  

REF: Venez, comme à la danse, goûter le pain de Vie
La vie, en abondance, la vie en Jésus-Christ


Quelle voix au loin nous parle ? Nous sommes invités !
Qui murmure ce message : c’est l’heure du banquet ! 

Levons-nous, prêtons l’oreille, nous sommes invités !
Dieu lui-même nous réveille, c’est l’heure du banquet !

Partageons cette abondance, nous sommes invités !
Sa maison est grande ouverte, c’est l’heure du banquet !

Avançons dans la confiance, nous sommes invités
A partager le pain de l’homme, c’est là le vrai banquet !

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens (Ep 4, 1-6) 

Frères, moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous exhorte à vous conduire d’une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. 

Résonance

Le moins que je puisse dire à l’issue de notre préparation est que le texte de Paul fait polémique.

Dans notre Eglise catholique parfois hypocrite, au sein même de nos communautés chrétiennes, comme il est facile d’utiliser les mots de  Paul pour  étouffer  toute  divergence au titre qu’elle est peut être contraire à l’unité,  de faire taire  celui qui émet une opinion qui ne relève pas de la pensée unique  et de le faire passer pour un fauteur de trouble qui met en péril la paix.  L’Église a souvent fait de ces qualités « humilité, douceur, patience »  une espèce d’étendard afin de maintenir dans son giron tout un chacun.  De quelle paix s’agit-il ?  Je crois plutôt en une paix vigilante, active, qui nous oblige à nous engager. 

J’imagine que pour certains, les derniers propos de cette lettre de Paul sont insupportables. En effet, il est tentant d’y  voir une intolérance toute  cléricale mais je n’entends pas cela. Je suis pourtant  convaincu de ce que je crois : Dieu, le Dieu de Jésus-Christ est Mon dieu. Mais l’unité, voire l’universalité proclamée par Paul m’invite à l’humilité. Paul me fait prendre conscience que Dieu est plus grand que Mon dieu. En affirmant l’unicité de Dieu, il m’invite à le chercher partout et en tous. Ainsi je me retrouve engagé sur un chemin qui me fait découvrir ce que mes frères d’autre croyances et même les athées savent de DIEU

Sans pour autant détenir toute la vérité, je suis persuadé d’être dans le vrai  sinon je me tournerais vers d’autres croyances ; ce n’est que du bon sens. Au quotidien, je dois donc maintenir un équilibre entre cette conviction profonde qui m’habite,  la foi dont je cherche à témoigner et le respect des opinions des autres, même si pour moi, ils s’égarent. Le christianisme  appelle à cette exigence inconfortable. 

Jean-Marie R.

Méditation :

Planctus : « Pax In Nomine Domini », Jordi Savall, Jérusalem, La Ville des Deux Paix, 2009

Photo by Sander Crombach by Unsplash

Nous recevons à profusion des petites et des grandes choses, il en reste des corbeilles, à partager ou à laisser inutilisées. C’est le moment de remercier ou de rendre grâce pour cette abondance parfois négligée.

Refrain (groupe chant)

Je te rends grâce

Je te rends grâce de tout mon cœur,
Tu as entendu mes paroles,
Je te chante Seigneur,
Je te chante Seigneur.

Vitrail de la cathédrale de Strasbourg

Notre Père 

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  1. Maguy Sauvagnac says:

    Pas vraiment douée en informatique à presque 89 ans…Pourtant j’aimerais souvent, sans vous encombrer, offrir un petit commentaire à vos irremplaçables apports… Je ne parviens pas facilement à le faire.
    Au sujet de l’épître de Paul : « une seule foi, un seul Seigneur… », il me semble que le Dalaï Lama y a fort bien répondu : Restez, dit- il, dans votre foi. Cette foi ou plutôt cette confiance est appelée à grandir, à évoluer en même temps que nous.Elle ne saurait rester aveugle, comme chez le petit enfant. Mais l’autonomie que nous avons à prendre ne peut se mettre en place que si elle est solidement arrimée à une infinie tolérance doublée d’une bienveillance vigilante mais sans faille…Merci à vous tous et courage….

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