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Synode : quel chemin à vivre ensemble ?




La démarche dite « synodale », telle que présentée par François et/ou le document préparatoire au Synode romain, riche de questions très intéressantes, apparait malgré tout très centrée sur l’Église. Il s’agit de rénover sa réalité comme son image, de permettre de fantasmer, d’imaginer, d’expérimenter une Église renouvelée, plus belle, parlante pour le monde, et évangélisatrice. Mais l’objectif est toujours l’Église ! Et au rythme que voudra l’Eglise.

Et cette Église, elle est invitée à se rénover grâce à la parole et à la participation de tous, certes, animée par un leadership plus horizontal, mais, malgré tout, ayant l’autorité, car l’Église ce n’est pas une démocratie, précise le document romain.

Personnellement il me semble que nous sommes en présence d’une erreur de regard : l’Église est prise pour centre, pour une entité, celle qui garde les commandes et le tempo, une réalité à sauver, une quasi personne, alors que l’Église, à mon avis, n’est que la résultante, l’expression du peuple en marche, seule réalité fondamentale, espace d’action de l’Esprit qui, comme le vent, souffle où il veut… “et tu ne sais ni d’où il vient, ni où il va” !

Et ce peuple en marche ne comprend ni supérieurs, ni inférieurs : il est un peuple d’hommes et de femmes investis dans la même réalité qu’est notre monde au quotidien, éventuellement plongés dans le même baptême, dans le  même compagnonnage avec Jésus et voulant en vivre au cœur de l’aujourd’hui.

Ce qui est merveilleux, c’est de vouloir marcher ensemble.

Photo de Priscilla du Preez sur Unsplash

Mais je n’ai pas envie de marcher pour refaire l’Église. Marcher ensemble, oui ! mais pour être au cœur du monde, simplement riches de Jésus et de sa parole.

“Être en chemin avec” pour vivre et rencontrer les hommes et les femmes de notre temps aux prises avec la vie et les problèmes d’aujourd’hui : immigration, Covid, sexualité et l’ensemble des questions autour de la vie, affrontement de la mort, égalité femmes/hommes, modifications culturelles et religieuses, changement climatique, guerre et brutalités de toute sortes, etc.

C’est cela notre monde, c’est là que Jésus nous appelle à marcher ensemble, à inventer, à être avec : ce n’est pas de refaire ou d’améliorer l’Église. Pardonnez-moi ! Mais, pour moi, ce ne sont que des questions « d’intendance », même si elles peuvent apparaître capitales et urgentes à affronter. On y consomme temps et énergie, et c’est parfois – mais pas toujours – indispensable, toutefois cela ne doit pas faire oublier l’appel radical : non pas l’Église, mais le monde dans lequel nous vivons.
En fait, l’Église, aux yeux de l’observateur, comme à  ceux du croyant j’ose l’espérer, c’est comme le film descriptif émerveillé, attristé et/ou réjoui de ce peuple de marcheurs, la vie et la manifestation de gens animés d’une passion fondamentale pour les enfants, les femmes et les hommes aux prises avec toutes les interpellations de leur temps.

La seule grande question me semble-t-il, pour nous croyants, est de savoir comment nous allons pouvoir rester animés par ce Jésus et sa parole, au cœur de ce monde pour lequel nos paroles, nos rites, nos envolées sur Dieu ou nos discours théologiques ne parlent plus ?

Photo Brandi Alexandra sur Unsplash

Comment allons-nous pouvoir nous ressourcer, pour être entièrement centrés sur cette marche au cœur du monde ?

Là, il y a un chemin à inventer et vivre ensemble : les autres croyants me sont indispensables pour partager la parole et me nourrir du pain. C’est cela mon nécessaire si je veux rester sur les traces de Jésus. Et j’en ai besoin, non pas pour m’occuper des problèmes d’Église, (à moins qu’il ne s’agisse de problèmes existentiels immédiats d’hommes, de femmes, d’enfants), mais pour vivre l’urgence que sont la Terre et tous les humains.

Oui ! En route ! Lâchons nos questionnements et nos visions autocentrées d’Église, et osons cheminer ensemble en plein monde de 2021.

“Celui qui met la main à la charrue
et regarde en arrière n’est pas digne de moi”.

Lc 9,62

Jean-Luc Lecat

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  1. Anne RENE-BAZIN says:

    Double réalité en permanence : l’Eglise institutionnelle et l’Eglise peuple de Dieu. Cette dernière existe, mais largement en dehors et au delà de l’Eglise institutionnelle. A nous de la rendre visible, de la faire reconnaître comme l’Eglise de Jésus-Christ, avec tous les “hommes (et femmes) de bonne volonté”.

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