D

Dimanche 10 octobre 2021. « Une seule chose te manque… la Sagesse ? »

Elle est vivante, la parole de Dieu (He 4, 12)

Accueil

Bonjour à tous, que vous soyez membres de notre communauté éprouvée, membres de la communauté qui nous accueille courageusement, ou de passage dans ce beau lieu d’Espérance. Bienvenue à tous pour unir nos prières vers celui qui nous donne les uns aux autres comme sœurs et frères. 
Nous avons préparé cette célébration par zoom, rendez-vous auquel chacun est invité.
La lecture de l’évangile de Marc, texte dit « du jeune homme riche », et celle du livre de la Sagesse nous ont aiguillés sur la question de l’essentiel et de ce qui, au mieux pâlit et perd tout intérêt à son côté, et au pire empêche de vivre l’essentiel, la vie avec un grand V. Les textes nous parlent de sagesse, de discernement, de pouvoirs et de richesses, de vie éternelle, d’appel et d’encombrements.
Tiens, tiens, encombrements ? Peut-être un petit, ou un grand ménage serait-il désirable ?
Entrons avec confiance dans la célébration au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Marianne G.

Entrez : Dieu est en attente, sa maison est un lieu pour la paix
Goûtez : Dieu est en partage, sa table est un lieu pour se donner.

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 10, 17-30)

En ce temps-là, Jésus se mettait en route quand un homme accourut
et, tombant à ses genoux, lui demanda :
« Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
    Jésus lui dit :
« Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul.
Tu connais les commandements :
Ne commets pas de meurtre,
ne commets pas d’adultère,
ne commets pas de vol,
ne porte pas de faux témoignage,
ne fais de tort à personne,
honore ton père et ta mère.
 »
    L’homme répondit :
« Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. »
    Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit :
« Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ;
alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. »
Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
   Alors Jésus regarda autour de lui et dit à ses disciples :
« Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! »
    Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles.
Jésus reprenant la parole leur dit :
« Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu !
Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille
qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. »
    De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux :
« Mais alors, qui peut être sauvé ? »
    Jésus les regarde et dit :
« Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »

Jésus et l’homme riche, évangile arménien du roi Gagik de Kars, XIe s.

Sans le manque pas de mouvement

L’homme riche, jeune ou pas, cherche visiblement un passeport pour le ciel. Certes il est sincère confiant, enthousiaste, il veut faire le bien. Il est plein de bonne volonté pour faire la volonté de Dieu.

Justement c’est bien dans ce sens-là que Jésus lui répond dans un premier temps. C’est bien ainsi qu’il prend sa demande au sérieux. Quand un juif veut faire la volonté de Dieu, direction la Torah, les dix Paroles, les dix commandements. C’est ce qu’il fait depuis toujours.

Alors Jésus tente de l’entraîner plus loin. Il n’est pas venu pour dire ce qu’il faut faire pour être en règle. Jésus valide les commandements, ils sont une étape, mais ils ne sont qu’une étape. Ils ne sont pas une assurance pour la vie éternelle, il n’y a pas de pass sanitaire, de code de bonne conduite, pas de complément alimentaire non plus. Au contraire, il y a le manque. Une seule chose te manque : le manque ! Sans le manque pas de mouvement, pas de changement, pas de déplacement.

L’homme, en bon juif, veut faire pour avoir, Jésus crée un séisme mental en lui disant : apprends à manquer et viens avec moi. Tu seras libre. Tu trouveras la joie, la joie de l’Évangile et de l’action de grâce. Viens, je vais te libérer de ce qui t’empêche d’avancer. Réaction : silence, tristesse, départ. Et nous, d’ailleurs ? Nous sommes-nous posé la question : si j’ai tout, est-ce que je peux suivre le Christ ?

Quel est le problème des richesses ou du moins quelles questions posent-elles ?

  • D’abord, qui possède qui ? Je possède des biens ou mes biens me possèdent ?
  • Et si j’ai des biens, est-ce que je n’en veux pas toujours plus ? Suis-je prêt à partager ? Quoi, comment, avec qui ?
  • Et encore, ne vais-je pas risquer d’être suffisant ? Si j’ai tout ce qu’il me faut, est-ce que j’ai encore besoin des autres ? Est-ce que j’ai besoin de Dieu ?
  • Enfin mes biens, mes richesses ne vont-ils pas m’installer dans une situation de pouvoir, au risque de m’entraîner dans l’abus ?

Autant de questions brûlantes et actuelles. Les chefs d’État africains savent de quoi ils parlent quand ils parlent de richesse et de prospérité. L’un d’eux disait un jour ceci : « Lorsque les Blancs sont venus en Afrique, nous avions les terres, ils avaient la Bible. Ils nous ont appris à prier les yeux fermés. Lorsque nous les avons ouverts, les Blancs avaient les terres, et nous la Bible ». Sans commentaire !

Aimer c’est tout donner…

Nicolas Guérin

Ensemble vocal Dédicace

Psaume 89

Rassasie-nous de ton amour, nous serons dans la joie.

Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
que nos cœurs pénètrent la sagesse.
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.

Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Rends-nous en joies tes jours de châtiment
et les années où nous connaissions le malheur.

Fais connaître ton œuvre à tes serviteurs et ta splendeur à leurs fils.
Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu !
Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains ;
oui, consolide l’ouvrage de nos mains.

Lecture du livre de la Sagesse (Sg 7, 7-11)

J’ai prié, et le discernement m’a été donné.
J’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi.
Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ;
à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse ;
je ne l’ai pas comparée à la pierre la plus précieuse ;
tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable,
et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue.
Plus que la santé et la beauté, je l’ai aimée ;
je l’ai choisie de préférence à la lumière,
parce que sa clarté ne s’éteint pas.
Tous les biens me sont venus avec elle
et, par ses mains, une richesse incalculable.

Dieu en attente de notre amour

J’ai prié, j’ai supplié et l’esprit de la Sagesse est venu en moi.
La Sagesse n’est-elle pas un des noms du Verbe, de Jésus, de son Esprit ?
Sagesse de Dieu qui est folie aux yeux des hommes, dira saint Paul. 

C’est la Sagesse elle-même qui me donne de la choisir. Si je l’aime, je pourrai laisser mes biens, matériels et spirituels, ces derniers étant les plus difficiles peut-être à quitter. Le trône et le sceptre, dit le texte, c’est à dire le pouvoir, l’influence, la réputation. Ou bien, plus difficile encore, laisser tomber l’image idéale que j’ai de moi. Et, encore au-delà, abandonner jusqu’à mes représentations de Dieu, toujours inadéquates. Lui seul, à qui rien n’est impossible, comme le dit l’évangile, peut me faire discerner, en son Esprit de Sagesse, ce à quoi je dois renoncer pour accéder au manque.

Si je me suffis à moi-même, dans une complétude imaginaire, j’étouffe dans ma sphère fermée sur elle-même. Dieu a créé l’être humain manquant de l’autre, d’un autre à son côté, comme nous le lisions dimanche dernier en Genèse 2 ; manquant aussi des autres avec qui partager, ces autres sans qui je n’existe pas, au sens fort du mot exister.
Dieu est en attente de notre amour, du don de nous-mêmes aux proches et aux plus éloignés. Dieu est donc en manque, si j’ose dire. Il a créé l’humain manquant à son image.

Serait-Il le Manque par excellence ? Angélius Silésius, ce grand poète et mystique allemand du 17e siècle, écrivait : « L’abîme de mon esprit appelle à grands cris l’abîme de Dieu, dis quel est le plus profond ? » L’abîme, c’est pour moi le sans fond du manque, qui, loin de demander à être comblé, supplie la Sagesse de lui faire rejoindre l’infini du manque en Dieu.

Oh Esprit de Sagesse viens creuser en nous le manque ! 
Viens, par ton souffle, produire en nous ce vide, cet appel d’air, 
qui donne le désir de marcher avec Jésus vers l’inconnu de la vie.

Geneviève P-M

Nous vous proposons maintenant de méditer en silence à partir de cette question :

Qu’est-ce qui m’empêche d’accéder
au manque ? 

Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie. Qui a Dieu ne manque de rien. Seul Dieu suffit.

Seigneur, tu es sagesse et source de vie

Je crois, Seigneur, tu es sagesse et source de vie.
Je crois en Jésus.
Il a annoncé le Royaume de Dieu, 
son Père et notre Père, 
témoigné de son amour 
et prêché la fraternité entre les hommes.
Rejeté par les siens, il a été crucifié.
Je crois, Seigneur, tu es sagesse et source de vie.
Le Père l’a relevé de la mort
et l’a fait Seigneur et Christ pour l’humanité entière.
Je crois, Seigneur, tu es sagesse et source de vie.
L’Esprit habite en nous, nous ouvre aux autres
en nous libérant de la suffisance.
Il nous fait vivre de l’amour
et nous rassemble en communauté.
Je crois, Seigneur, tu es sagesse et source de vie.

Prière eucharistique : voici venu le temps

Père, nous faisons mémoire de la Pâque de ton Fils.
Cette Pâque est aussi le mystère de notre vie, de la vie de ton Église, de la croissance de son corps.
Nous te prions pour nous, et pour tous.

Voici venu le temps des émotions, de l’écoute et de l’émotion.
Aide-nous à regarder la réalité en face.
À recueillir toutes ces émotions tous ensemble.
À reconnaître dans les victimes le visage du Christ blessé et torturé.
Donne-nous d’affronter l’horreur et de nourrir l’espérance.
Donne-nous d’être véritablement attentifs aux victimes et à leurs souffrances.
Donne-nous de ne pas idéaliser les prêtres, ni les évêques qui sont faillibles comme tous. Mais de prier aussi pour eux.

Voici venu le temps de la conversion et de la réparation.
Donne-nous ton Esprit Saint sans lequel nous ne pouvons nous tourner vers toi et vers les autres : nous n’allons pas nous convertir tout seuls.
Aide-nous à dépasser le stade de l’émotion pour vivre la vraie circoncision du cœur.
Donne-nous de réparer de multiples manières les maux subis, y compris avec nos finances, celles dont l’institution a la charge et celles que certains voudront faire en toute liberté.

Voici venu le temps de la refondation et de la nouvelle co-construction.
Que la traversée de cette terrible épreuve change la circulation de la parole dans ton Église,
fasse de nous tous les veilleurs et les protecteurs les uns des autres, et surtout des plus faibles.

Nicolas Guérin

Chant : Partons T152 (paroles : A. Cabantous – musique : L. Boldrini)

Photo by Bbc-creative on Unsplash

À présent que nous vivons un temps de peurs
Prisonniers d’un monde fou,
Où s’affadit le sel de notre terre,
Où la richesse et le sang se battent pour dominer

Partons, prenons le pas
Celui de tous les hommes pour vivre notre foi
Partons, prenons le pas
Celui de tous les hommes chemin de Dieu !

Comme nos frères ont quitté tes rives
Nous devons les rencontrer
Au fil des jours, dans la foule des heures
Pour raviver leur amour et leur espoir disparus

Notre Église est désormais ce peuple
Où chacun est le témoin
De la Nouvelle et du Royaume à naître
Foi dans les hommes debout, foi en l’Homme Vivant

Laisser un commentaire (il apparaitra ici après modération)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.