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Gérard Wybo : la foi en plein vent

Gérard Wybo nous a quittés vendredi 29 octobre au matin. Un dernier à-Dieu a eu lieu le 10 novembre à Saint-Merry. Son visage se dessine à travers tout ce que nous avons vécu d’intense avec lui et qu’il a su partager : son écoute, une grande proximité avec chacun, une attention à toutes les vulnérabilités, sa grande sensibilité et aussi son sens de la fête et de la « bonne vie ». Nul doute que Gérard continue d’exister par ce que chacun dit de lui à travers la richesse des expériences vécues. Nous publions ici les souvenirs de ses amis, suivis d’un article que Gérard avait envoyé à la rédaction en juillet 2015, le lendemain de la mort de Xavier de Chalendar.

Gérard Wybo
Gérard Wybo

Pour résumer : « humble, c’était un GRAND ».
Gérard et sa foi — pas de partage du pain sans partage de la parole. 
Gérard au grand cœur qui savait écouter et entendre et donner généreusement.
Gérard le consolateur — Gérard et sa parole.
Gérard l’artiste a dessiné le logo du CPHB que nous utilisons encore.
Gérard et ses réalisations artistiques à Saint-Merry dont de nombreuses crèches.
Gérard assurant presque toutes les célébrations de 12 h 15 en semaine à Saint-Merry. 
Gérard et les forains qui l’adoraient (dix ans à partager leur vie – célébrations régulières, mais aussi mariages et enterrements dans toute la France). 
Des forains qui sont allés chercher Gérard en fauteuil roulant pour qu’il participe à la célébration de Noël un 24 décembre 2019. 
Gérard et les sans domiciles fixes – Gérard célébrant les funérailles de notre Jean Baptiste (le vietnamien sans domicile qui dormait dans nos couloirs). 
Gérard qui aimait les fleurs.
La dernière fois que Gérard est venu à la maison, c’était en été 2020… après le déjeuner, je l’ai accompagné place de la Nation où nous avions rendez-vous avec des forains, de vrais amis pour qui il était très heureux d’avoir fait le déplacement. 
Cet été encore, malgré sa faiblesse, il a célébré des funérailles des « potes ».
Il me semble que nous devons aussi prier pour sa petite sœur Dominique qui s’est beaucoup occupée de lui pendant sa maladie et pour Eliane qui a été une vraie amie dévouée pour Gérard. 
Je ne suis pas douée pour les éloges, Gérard c’est un GRAND et il continuera à vivre dans nos cœurs… 
Merci Gérard d’être toi – nous rendons Grâce de t’avoir connu.

Marie-Louise 


Spontanément sans trop chercher : je pense à la grande sensibilité de Gérard qui ne pouvait s’empêcher de pleurer quand pendant le mémento des morts il évoquait quelqu’un qu’il connaissait… On en plaisantait souhaitant être enterré par lui, nous assurant au moins une personne qui pleurerait pour nous… aujourd’hui, c’est nous qui pleurons Gérard !

Sylvie

Roue-de-fleurs-pour-Gerard-1

J’ai appris le décès de Gérard et je vais vous dire ma tristesse du fait de cette séparation. Gérard aimait m’appeler son « cousin » et évidemment j’aimais passer du temps à discuter avec lui, autour du partage du foie gras et d’un peu de vin dont il me savait friand. Il était cette « mémoire vivante » du quartier et de Saint-Merry. À présent qu’il plaît au Maître de la vie de le rappeler à lui, ma prière est toute simple : que le Seigneur l’accueille en sa demeure, qu’il y vive l’éternité bienheureuse. Courage et paix à sa famille et à tous ceux qu’il a côtoyés et aimés  ! Prions dans son énergie et son amour de Saint-Merry le bonheur de porter l’évangile du Christ.

José 

Gérard Wybo avec ses amis forains, à Saint-Merry

La foi en plein vent
de Gérard Wybo (juillet 2015)

Gérard-1989

En rédigeant ces quelques lignes, je tiens à dire toute ma reconnaissance à Xavier, qui nous quitte après une longue et belle vie pleine d’audace, d’innovations et de détermination.
Xavier, dès mon ordination, m’a fait confiance et nommé aumônier de lycée : je crois humblement que je lui dois d’avoir accompli un ministère étonnant, en partenariat avec des collègues qui étaient des battants.

Le dimanche 28 juin dernier, lors de la messe, Jacques nous a dit l’urgence d’avoir une saine christologie. Pour ma part, je continue mes recherches et mes questionnements sur l’Eglise, ayant eu la chance d’avoir assuré des pastorales diverses et variées, en France comme à l’étranger. Il m’apparaît, plus que jamais, que nos recherches en ecclésiologie peuvent faire sauter des verrous, quitter des habitudes sécurisantes et nous ouvrir à l’inconnu, à la nouveauté : la nouveauté de l’Évangile.

À partir de la pastorale catéchétique et liturgique depuis 1975, j’avance de découverte en découverte avec les textes de la multiplication des pains : “Donnez-leur vous-mêmes à manger”. Les disciples n’avaient rien : ils le savaient bien, ce qui alimentait d’autant plus leur panique face à la foule.

Duccio di Buoninsegna – Route d’Emmaüs
1308-1311 – Musée des Œuvres du Duomo Sienne

Je souhaiterais ne rien avoir ! Car lorsque je n’ai rien, j’ai toujours la possibilité d’aller vers l’autre, dans une autre logique que celle d’apporter et de donner. Ce qui fut le cas pour les disciples, lors de la multiplication des pains. Je crois et je dis que, dans ce chemin vers l’autre et avec l’autre, il y a la place pour quelqu’un d’autre.

Sur la route d’Emmaüs, ils étaient deux à faire route ensemble et.. Jésus vint les rejoindre.

Oui, aujourd’hui je tiens à poursuivre mes  questionnements sur l’Église. À partir du premier septembre prochain, je serai résident à Saint-Merry, membre de la communauté du CPHB et, à plein temps, à la Pastorale des Artisans de la Fête.

Oui, je dois beaucoup à Saint-Merry, avec sa volonté d’être au cœur du monde, dans ses engagements et ses luttes pour la justice, la solidarité et la paix, avec ses travaux partagés avec les artistes, avec son audace et sa détermination de croire en la coresponsabilité « prêtres-laïcs », au-delà de toutes les réticences.

Oui, nous avons fait route ensemble et nous continuerons nos discussions, nos partages et nos recherches.

La communauté aujourd’hui me permet d’avoir vraiment ma place dans une pastorale en plein vent, avec le monde du voyage et de la Fête, dans la mesure où vous m’avez accompagné, pour beaucoup d’entre vous, et que vous m’accompagnerez encore et encore.

Photo by Jacob Mejicanos on Unsplash

Porté par la grande famille du CPHB, du Centre Pastoral, c’est très serein que j’accueille ce nouveau plein temps :

Être au cœur de la fête
et résident à Saint-Merry.

Gérard Wybo – 6 juillet 2015

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