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Faire route ensemble. Contributions à la démarche synodale

« Vous couriez si bien »

Retrouvez sur cette page nos premières contributions à la démarche synodale : livret en PDF à feuilleter et à télécharger.

«Les adeptes de la Voie ». Parmi les dénominations des chrétiens, voilà la plus ancienne (Actes 9,2). Pas étonnant pour les disciples d’un Maître itinérant. « Voie », « route », « chemin » deviennent très tôt, dans le sillage de la première Alliance et d’Abraham le père des croyants, les métaphores privilégiées de la foi en Jésus de Nazareth, car c’est lui, le Christ, la « Voie vivante ». La marche – la course, même –désigne alors l’attitude des chrétiens. « Vous couriez si bien », écrit Paul dans l’épître aux Galates (5,7). Pas question de s’asseoir trop longtemps : la foi exige un déplacement de lieux, de mentalités, d’habitudes, une « conversion », un nouvel itinéraire. Pas d’immobilisme, de contemplation béate du passé, de goût des enclos. Car tout se joue au grand air, aux carrefours de l’existence, dehors, ainsi que nous le rappelle avec insistance le pape François. Alors, il n’est pas étonnant non plus que « synode » soit « l’autre nom de l’Église », selon la formule de saint Jean Chrysostome (IVe siècle). « Synode » : faire route ensemble, partager le chemin. Un style, une manière d’être, une exigence vitale, non pas un accessoire.
Dans l’Église catholique romaine, le mot a été remis au goût du jour, après un long temps d’oubli, en 1965, quand Paul VI institua le Synode des évêques en réponse aux vœux exprimés lors du Concile.
Aujourd’hui, François invite toute l’Église à la démarche synodale, car la tentation de regarder en arrière est toujours présente et les marcheurs fatigués, courbaturés, ankylosés. Après les scandales à répétition, les polémiques et les déchirements entre chrétiens, il est temps de reprendre haleine, de retrouver le dynamisme des commencements. C’est d’un retournement radical, d’une conversion intérieure dont il est question, rappelle le pape. Pour ne pas s’arrêter au milieu des ruines, tandis que l’ouragan fait rage.
Parmi les changements les plus urgents à nos yeux, il y a la nécessité de redéfinir les contours du ministère presbytéral, le rapport entre ministère et autorité, de décléricaliser l’Église, en reconnaissant enfin aux baptisés la capacité de participer aux décisions, car, selon l’ancienne maxime, « ce qui intéresse tout le monde doit être approuvé par tous ». Et d’affronter ce qui fait obstacle au chemin, ces anachronismes qui alourdissent la marche : le célibat obligatoire pour les prêtres, les femmes exclues des ministères ordonnés. Et ces questions sans réponse : le discernement ultime est-il le monopole des évêques ? Les laïcs sont-ils incapables de « discerner » ?
Rêvez, imaginez ! », nous disent les responsables du Synode.
Reprenez votre souffle, « vous qui couriez si bien ».

Pietro Pisarra

Vous trouverez ici un choix de textes sur le Synode tirés de notre site internet (www.saintmerry-hors-les-murs.com). C’est une contribution à la réflexion et au débat, en vue des propositions de toute la communauté pour la démarche synodale et la réforme de l’Église. Dans les semaines qui viennent, la nouvelle équipe nous indiquera les pistes et les modalités de notre participation, mais d’ores et déjà nous sommes tous invités à apporter notre contribution.

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CategoriesNon classé
  1. Jacques Clavier
    Jacques Clavier says:

    D’après les travaux de Bernard Billaudot,
    https://books.openedition.org/emsha/422

    Le Catholicisme n’est pas soluble dans la modernité démocratique de la Nation ; le Catholicisme est soluble dans la modernité démocratique de l’Humanité. « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. » (Gaudium et spes n° 1)

    Le Catholicisme n’est pas soluble dans la modernité démocratique de la liberté-compétition (la liberté s’arrête où commence la liberté de l’autre) ; le Catholicisme est soluble dans la modernité démocratique de la liberté-accomplissement (personnel) ; (la liberté commence où commence la liberté de l’autre). « Au contraire, celui qui se penche sur la loi parfaite, celle de la liberté, et qui s’y tient, lui qui l’écoute non pour l’oublier, mais pour la mettre en pratique dans ses actes, celui-là sera heureux d’agir ainsi. » (Lettre de Jacques Apôtre 1, 25)

    Le Catholicisme n’est pas soluble dans la modernité démocratique de l’efficacité technique instrumentale et collective ; le Catholicisme est soluble dans la modernité démocratique de l’efficacité technique non instrumentale et personnelle. « Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime. » (Livre d’Isaïe 43, 4)

  2. Jacques Clavier
    Jacques Clavier says:

    On observe une institution en tant qu’elle est dotée d’une substance et d’une forme, on en caractérise la forme en considérant qu’il s’agit d’une actualisation particulière d’une forme structurelle (constitutive d’une structure/vision), et enfin on explique théoriquement l’avènement, la stabilisation ou l’entrée en crise de cette forme alors qualifiée de forme institutionnelle. 

    Cela se comprend sans difficulté en considérant un lit à barreaux, lit qui convient pour un petit enfant afin qu’il ne tombe pas par terre dans son sommeil. Qu’il soit en bois ou en fer, sa forme a le statut d’une frontière dont la substance du lit ne peut pas sortir et à l’intérieur de laquelle l’enfant doit rester pour que le lit assure sa fonction (il se cogne contre cette forme quand il cherche à en sortir). D’un lit à barreaux à l’autre, la forme du lit n’est pas exactement la même, mais il s’agit toujours d’une barrière (forme structurelle). Il en va de même pour une institution : la forme d’une institution est ce contre quoi des humains se « cognent » et cette forme institutionnelle est la spécification particulière d’une forme structurelle.

    Autrement dit :
    Si la forme structurelle caractérisée de la Vision Catholique (Espace structurel) est que : « Dieu s’est fait homme pour que tous les existants humains et non-humains deviennent Dieu » (« En effet, la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. » (Rm 8, 19))
    Alors la forme institutionnelle de l’Institution Catholique ne peut plus maintenir ces enfants dans un lit à barreaux afin qu’il ne tombe pas par terre dans leur sommeil ; cette forme institutionnelle est ce contre quoi les catholiques se « cognent » et cette forme institutionnelle renie la spécification particulière de la forme structurelle caractérisée ci-dessus, à savoir : « Dieu s’est fait homme pour que tous les existants humains et non-humains deviennent Dieu » (« En effet, la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. » (Rm 8, 19))

    Jean-François Dortier nous dit, dans L’Homme, cet étrange animal, qu’au sein des sciences cognitives « ce n’est que depuis peu que l’imagination est en phase de réhabilitation » et plus généralement que « depuis peu, les sciences humaines redécouvrent le rôle essentiel de l’imagination créative » (Dortier, 2012, p. 11).

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