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Dimanche 4 septembre 2022. « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours »

Nous voici invités, ce dimanche, à nous poser, à lever ces croix qui nous enchaînent pour miser sur l’essentiel et nous ouvrir à l’Esprit. Comme si sa parole nous ajustait à ce qui compte vraiment. Et si c’était cet ajustement dans nos rapports à ces réalités que le Christ nous offrait gratuitement, quel que soit notre avoir ou notre histoire ?

Entrée en prière

Hildegard von Bingen – Divine Love (Karitas Habundat)

Accueil

Bonjour à tous ! Bienvenue aux habitués, aux nouveaux, aux recommençants après les vacances.
Nous étions neuf, lundi, à la préparation. Nous avons été bousculés par la dureté des paroles du Christ aux grandes foules qui faisaient route avec lui, juste avant sa Passion. Il est vrai que suivre Jésus ce n’est pas demander la guérison d’un proche, ce qui était la sollicitation ordinaire. Mais nous avons été émerveillés par la beauté du livre de la Sagesse, du psaume et de la lettre à Philémon.
Alors entrons gaiement dans la célébration, en lien avec tous ceux qui marchent en rando célébration.
Au nom du Père, et du Fils, et de l’Esprit.

Psaume 89 : « Apprends-nous la vraie mesure de nos jours »

D’âge en âge, Seigneur, tu as été notre refuge.

Tu fais retourner l’homme à la poussière ;
tu as dit : « Retournez, fils d’Adam ! »
À tes yeux, mille ans sont comme hier,
c’est un jour qui s’en va, une heure dans la nuit.

Tu les as balayés : ce n’est qu’un songe ;
dès le matin, c’est une herbe changeante :
elle fleurit le matin, elle change ;
le soir, elle est fanée, desséchée.

Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
que nos cœurs pénètrent la sagesse.
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.

Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu !
Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains.

Photo Jan Haerer sur Unsplash

📖   Livre de la Sagesse (9, 13-18) : Tu donnes ton Esprit, ta Sagesse

Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? Les réflexions des mortels sont incertaines, et nos pensées, instables ; car un corps périssable appesantit notre âme, et cette enveloppe d’argile alourdit notre esprit aux mille pensées. Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre, et nous trouvons avec effort ce qui est à notre portée ; ce qui est dans les cieux, qui donc l’a découvert ? Et qui aurait connu ta volonté, si tu n’avais pas donné la Sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ? C’est ainsi que les sentiers des habitants de la terre sont devenus droits ; c’est ainsi que les hommes ont appris ce qui te plaît et, par la Sagesse, ont été sauvés.

Méditation : accepter ses limites et s’ouvrir à l’Esprit

Le Psaume que nous avons entendu précédemment nous parle poétiquement de la fragilité et de la vulnérabilité de l’Homme, corps et esprit, devant le temps qui passe, devant l’éternité du Seigneur et de son amour. Le passage du livre de la Sagesse insiste, lui, sur l’incapacité de l’Homme à comprendre les intentions du Seigneur, malgré un vrai désir de s’accorder à ses volontés…. Oui, à l’Homme c’est impossible, mais j’entends cette invitation à m’ouvrir à l’Esprit, à le laisser agir à travers moi et que la Sagesse de Dieu m’imprègne pour ajuster ma vie à sa Parole.
En écoutant le chant, prenons du recul sur nos vies, prenons acte de nos limites, de nos fragilités…Confions à Dieu nos choix…Croyons que, par son Esprit, Il travaille, à travers nous, au cœur du monde. Laissons-le bâtir avec nous la maison ; qu’Il « consolide ainsi l’ouvrage de nos mains ».

Bernadette C.

Photo Worshae sur Unsplash

♫ Chant : Si le Seigneur ne bâtit la maison

Si le Seigneur ne bâtit la maison,
En vain travaillent les maçons
.

Si le Seigneur ne dispense l’Esprit
Vaine est la quête de ses fruits
Si le Seigneur ne soutient notre foi
Vaine est l’ardeur de nos combats.

📖   Évangile de Jésus-Christ selon Luc  (14, 25-33) : être disciple

En ce temps-là, de grandes foules faisaient route avec Jésus ; il se retourna et leur dit : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher à ma suite ne peut pas être mon disciple. Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? Car, si jamais il pose les fondations et n’est pas capable d’achever, tous ceux qui le verront vont se moquer de lui : « Voilà un homme qui a commencé à bâtir et n’a pas été capable d’achever ! » Et quel est le roi qui, partant en guerre contre un autre roi, ne commence par s’asseoir pour voir s’il peut, avec dix mille hommes, affronter l’autre qui marche contre lui avec vingt mille ? S’il ne le peut pas, il envoie, pendant que l’autre est encore loin, une délégation pour demander les conditions de paix. « Ainsi donc, celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »          

Résonance : s’ajuster à ce qui compte vraiment

Tout miser sur l’amour ?
La première  lecture de ce texte nous a plombés. Mais, en creusant, nous avons découvert combien il pouvait, au contraire, nous alléger pour mieux avancer. Quand le Christ nous bouscule au sujet de nos préférences, il nous sort de nos crispations, je pense à :

  • nos attachements parfois trop contrôlants de nos proches ou envers nos proches, soit disant par amour, 
  • nos manques de recul quant à nos idées, nos biens, nos préoccupations trop centrées sur nous-mêmes…

Mais nous voilà invités à nous poser et lever ces croix qui nous enchaînent pour miser sur l’essentiel. Comme si sa parole nous ajustait à ce qui compte vraiment. Visiblement ce n’est pas la statique appartenance à un statut qui compte à ses yeux. Et aux nôtres ?
Vous n’êtes pas marié, pas parent, vous n’avez pas une brillante situation aux yeux de la société ? Ou est-ce tout l’inverse ? Est-ce cela qui fait vraiment le poids ? 
Ce qui fait de nous des vivants, est-ce ce que nous possédons ou la qualité de nos relations à nous-même, aux idées, à nos projets, aux autres, à Dieu, à la vie ? Et si c’était cet ajustement dans nos rapports à ces réalités que le Christ nous offrait gratuitement, quel que soit notre avoir ou notre histoire ? À sa Parole, que pouvons-nous lâcher de nos bardas ?

Alexandra N.

Photo libre de droit – License wikimédia creative commons

Méditation musicale

Mozart : Canon in C, K.562c

Introduction à la lettre de Paul à Philémon

Dans cette lettre de Paul à Philémon, Paul nous indique qu’il est en prison. Quel écho ce texte aura-t-il pour les détenus de Fleury Mérogis, réunis ce matin pour célébrer l’eucharistie ? Ils ne sont pas eux, en prison ”à cause de l’Évangile”, mais quelle parole partager pour leur ”donner la vie dans le Christ” ? L’amitié et la fraternité en aumônerie des prisons, en communauté, rejoignent les sentiments de Paul.

Dominique L.

📖  Lettre de saint Paul apôtre à Philémon (9b-10.12-17)

Bien-aimé, moi, Paul, tel que je suis, un vieil homme et, qui plus est, prisonnier maintenant à cause du Christ Jésus, j’ai quelque chose à te demander pour Onésime, mon enfant à qui, en prison, j’ai donné la vie dans le Christ. Je te le renvoie, lui qui est comme mon cœur. Je l’aurais volontiers gardé auprès de moi, pour qu’il me rende des services en ton nom, à moi qui suis en prison à cause de l’Évangile. Mais je n’ai rien voulu faire sans ton accord, pour que tu accomplisses ce qui est bien, non par contrainte mais volontiers. S’il a été éloigné de toi pendant quelque temps, c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, non plus comme un esclave, mais, mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé : il l’est vraiment pour moi, combien plus le sera-t-il pour toi, aussi bien humainement que dans le Seigneur. Si donc tu estimes que je suis en communion avec toi, accueille-le comme si c’était moi.

Partage

« Apprends-nous la vraie mesure de nos jours » :
qu’est-ce que cela signifie pour moi, dans mon histoire ?

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♫ Chant : Savoir aimer

Savoir aimer : Paroles Lionel Florence / Musique Pascal Obispo – Interprète : Florent Pagny

Savoir sourire
à une inconnue qui passe
N’en garder aucune trace
Sinon celle du plaisir.

Savoir aimer
Sans rien attendre en retour
Ni égard, ni grand amour
Pas même l’espoir d’être aimé.

Et savoir donner
Donner sans reprendre
Ne rien faire qu’apprendre
Apprendre à aimer
Aimer sans attendre
Aimer à tout prendre.

Apprendre à sourire
Rien que pour le geste
Sans vouloir le reste
Et apprendre à vivre et s’en aller.

Savoir attendre
Goûter à ce plein bonheur
Qu’on vous donne comme par erreur
Tant on ne l’attendait plus
Se voir y croire
Pour tromper la peur du vide
Ancrée comme autant de rides
Qui ternissent les miroirs.

Mais savoir donner
Donner sans reprendre
Ne rien faire qu’apprendre
Apprendre à aimer
Aimer sans attendre
Aimer à tout prendre
Apprendre à sourire

Rien que pour le geste
Sans vouloir le reste
Et apprendre à vivre et s’en aller.

Savoir souffrir
En silence sans murmure
Ni défense ni armure
Souffrir à vouloir mourir
Et se relever
Comme on renaît de ses cendres
Avec tant d’amour à revendre
Qu’on tire un trait sur le passé.

Et savoir donner
Donner sans reprendre

Ne rien faire qu’apprendre
Apprendre à aimer
Aimer sans attendre
Aimer à tout prendre
Apprendre à sourire
Rien que pour le geste
Sans vouloir le reste
Et apprendre à vivre et s’en aller.

Apprendre à rêver
à rêver pour deux
Rien qu’en fermant les yeux
Et savoir donner
Donner sans rature
Ni demi-mesure
Apprendre à rester
Vouloir jusqu’au bout
Rester malgré tout.

Apprendre à aimer
Et s’en aller
Et s’en aller…

Prière universelle

Quelles intentions de prière voulez-vous confier à la communauté ?
Dieu qui es l’amour, Dieu qui me rends fort, donne-moi d’aimer.

Notre Père

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Prière finale et bénédiction

« Le pari de Dieu est fou. Préférer que l’homme l’aime librement, plutôt que de jouer avec lui comme un enfant avec ses Playmobil, cela n’a pas de sens. C’est prendre trop de risques. […] Oui le pari que Dieu veut faire sur notre liberté, sur la liberté de Philémon est fou. Il n’est pire destruction que celles qu’on accomplit au nom du bien de ceux-là même qu’on est en train d’anéantir. Elle est pleine de risques la liberté offerte, mais lorsque l’Église cesse d’être à son service, lorsqu’elle croit avoir des buts plus hauts et plus urgents que cette libération de tous, ne court-elle pas le risque bien plus grand de s’égarer dans l’innommable ? […] Quant à tous ceux qui, saisis par l’amour du Christ, ont accepté librement, s’il le fallait, de donner leur vie, c’est qu’ils savaient, comme Paul, comme Philémon, que la vie n’est pas « une question d’efforts, ni de records, mais de Dieu qui s’attendrit (1) ».

tiré d’Adrien Candiard ” À Philémon” – Réflexions sur la liberté chrétienne (Cerf – 2019) – p. 131-134

(1) : Lettre aux Romains 9, 16

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