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Sur le chemin d’Emmaüs. Quatre épisodes méditatifs

Méditation de clôture de la rencontre « Marche et rêve. Que vive la synodalité ! » du 14 octobre 2022

Marche et parole 

Deux hommes marchaient et parlaient entre eux. (Luc 24, 13-14)

Sale temps pour cette triste soirée sur la route qui mène de Jérusalem à Emmaüs.
Gros nuages sur notre monde et sur l’Église. Impossible d’oublier tant de menaces, de violences, d’injustices. « Les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, sont aussi les tristesses et les angoisses des disciples du Christ. Il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leurs cœurs ». Comment dans notre vie et dans la vie de la communauté faire toute leur place aux nuits du monde et de l’Église ? 

En ne restant pas immobiles. 
En se mettant à marcher. 
Et surtout en parlant entre nous et avec le monde.

La démarche d’approchement 

De quoi parliez-vous en chemin ? (Luc 24, 17)

Marcher et parler entre nous, c’est bien. Mais cela ne rapproche pas des solutions à inventer. Le danger de ressasser nos malheurs nous guette. Il est réel, le risque de l’entre-soi. Un inconnu s’approche, les rejoint et fait route avec eux, avec nous.
Quel est son nom ? Qui est-il ? Un individu esseulé qui cherche de la compagnie ? Une personne en attente d’une aide ? Un simple quidam passant par-là ?
En tout cas c’est lui qui fait le premier pas. Il s’approche et il questionne. Il s’intéresse à notre marche et nous interpelle. Comment accueillir l’étrange, l’étranger lorsque l’on est submergé par nos craintes ou celles du monde ? Pas facile de se laisser approcher ! 

En prenant le risque de la confiance dans les grands et petits moments de la vie. 
Et le temps de la prière.

La confiance 

Et il leur expliqua… (Luc 24, 27)

Cet approchant inconnu est plutôt intéressant. Non pas qu’il ait réponse à tout. Il nous interpelle fortement mais il nous laisse libres. Il éclaire notre situation par le regard que Dieu porte sur l’humanité à travers sa Parole. Comment relire les nuits de notre vie, à la lumière d’une parole venue d’ailleurs ? Comprendre à la chaleur d’une présence qui redonne confiance ? Au point que nos marcheurs en redemandent : « Reste avec nous, le soir vient ».
Peut-on ajouter, les routes ne sont pas sûres, le monde est inquiétant ? Une parole partagée nous fait du bien. Et son « pain » partagé nous bouleverse. Il nous réchauffe. Pain partagé, présence offerte… Comment vaincre la solitude qui nous paralyse et qui détruit les groupes et les communautés qui se referment sur elles-même ?

En accueillant, ensemble, la confiance, la présence aimante
que nous propose celui que Jésus nous invite à nommer notre Père.

La vie 

À l’instant même ils retournèrent à Jérusalem. (Luc 24, 33)

Parfois les prédicateurs réduisent la conversion à un geste pieux, l’effacement des péchés,
un petit redémarrage. Ce soir nous partageons une sacrée conversion. Ils s’enfuyaient dans l’amertume pour rejoindre leur village réconfortant. Et voici qu’ils rebroussent chemin. Ils ne fuient plus. Pourtant la nuit est encore là. Les chemins de la vie restent menaçants. Ils repartent vers le lieu où ils avaient éprouvé tant de déceptions. Ils marchent, marchent à nouveau, mais d’un pas plein d’allant. Ils marchent pour retrouver le monde en ébullition. Pour retrouver leurs frères et sœurs et leur partager une belle, une riche, et une bonne nouvelle. 

Et nous repartons, non pas pour faire un miracle, mais pour partager
et incarner au cœur du monde la douce force de la foi offerte ?
Oui la vie a vaincu la mort !

CategoriesSpiritualité
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Guy Aurenche

Avocat honoraire, membre de la Commission Droits de l’homme de Pax Christi, ancien président de l’ACAT et du CCFD-Terre solidaire. À lire de Guy Aurenche : « Droits humains, n’oublions pas notre idéal commun ! », éd. Temps présent, 2018.

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