Qui l’eût cru il y a près de deux ans, que l’assemblée générale de Saint-Merry Hors-les-Murs rassemblerait encore plus d’une centaine de participants, heureux et motivés, pour une journée entière d’échanges et de convivialité, accueillis par la paroisse Sainte-Hélène et son chaleureux curé, Michel Retailleau, à la porte de Clignancourt en ce dimanche 20 novembre 2022 ?
Tiers-lieux
La matinée était consacrée à l’ouverture vers l’extérieur de notre communauté, et en particulier à ce que l’on appelle depuis les années 90 les tiers-lieux, – ni tout à fait publics, ni tout-à-fait privés -, souvent voués à l’accueil et à la solidarité, où l’on peut trouver en journée, selon les formules, du coworking, des ateliers, des espaces d’accueil et souvent une cafétéria ; et le soir des conférences, des cours, des débats, plutôt entre trentenaires…
Alexandra avait concocté une vidéo dans laquelle témoignaient successivement le Café Dorothy et la Maison Magis à Paris, et un café écolo dans le Nord. Puis deux intervenants invités à l’AG nous présentaient leurs expériences respectives, avant d’échanger avec la salle : Jean-Christophe Brelle, diacre de la Mission de France, responsable de la maison Madeleine Delbrêl à Ivry, et Karine Secépé, chercheuse ayant étudié le phénomène tiers-lieu dans le cadre du secteur professionnel des entreprises.
J-C Brelle a évoqué ce lieu de mémoire et d’accueil au cœur de la ville, où il s’agit de « nommer Dieu et faire les gestes de la bonté », avec des binômes assurant une présence « sans programme » six demi-journées par semaine, des carrés de potager dans le jardin pour les enfants des écoles, des soirées ciné-débats sur l’exil et l’accueil des migrants, un partenariat avec le théâtre local pour un festival de poésie, des moments de méditation de la Parole… Quand un visiteur se présente, habitant du quartier, réfugié ou SDF : « c’est Dieu qui vient nous aimer » disait Madeleine Delbrêl.
K. Sacépé est revenue en détails sur les caractéristiques des tiers-lieux, éphémères ou durables, où l’on cherche à vivre différentes expériences qui cohabitent ensemble, ce qui permet l’émergence d’innovations créatives. Parmi les points communs à ces nouveaux lieux : le partage de valeurs par une collectivité, les interconnexions sans hiérarchie entre les personnes, un langage commun inclusif, l’importance du numérique dans un mode de participation hybride entre présentiel et distanciel, une gouvernance avec les usagers en cocréation permanente, le financement en partenariats, l’engagement de personnes bénévoles pour porter le projet, l’exploration de valeurs sociétales. Pour elle, il est plus facile de trouver un lieu à une communauté déjà bien vivante, que d’arriver à créer une dynamique à partir d’un lieu animé par une petite équipe : si la formule tiers-lieu tentait Saint-Merry Hors-les-Murs, on peut dire que le gros du travail a déjà été fait, depuis la première équipe pastorale constituée par Xavier de Chalendar il y a quarante-cinq ans !
Projet communautaire : porter l’Espérance
Après un temps en petits groupes pour partager sur l’Espérance, et un déjeuner convivial, nous nous sommes retrouvés pour l’assemblée générale ordinaire de notre association, dont on a rappelé les buts et les statuts, et dont le Conseil d’administration n’est autre que notre équipe pastorale. Les votes ont eu lieu sur les rapports d’activités, moral et financier, donnant lieu notamment à un débat sur l’utilisation de nos fonds : faut-il en faire des dons (les bonnes causes ne manquent pas) ? Doit-on plutôt les garder en réserve pour faire face à ce que peut nous arriver comme problème ou opportunité ? Est-il pertinent de chercher un local à louer, sans davantage de visibilité sur l’avenir ?
Puis vint le temps de l’examen du Projet communautaire, Porter l’Espérance, présenté par l’équipe pastorale dans sa phase finale : après consultation de personnes extérieures à Saint-Merry pour savoir comment l’orienter, nous avions commencé à le travailler lors d’une précédente AG puis de quatre zooms thématiques, et nous avons pu cette fois manifester individuellement par des gommettes de couleurs nos points d’adhésion ou de remise en question. A suivi un temps de débat, questions et éléments de réponse, tous ensemble, abordant notamment les interrogations encore ouvertes sur notre futur statut juridique, ou les possibilités de se voir confier un lieu par le diocèse. Enfin, Didier P. et Bernadette C. ont officiellement terminé leur mission à l’EP, avec nos remerciements à tous.
Action de grâce
Tout du long de cette grande journée communautaire, lors de temps intermédiaires de respiration, un certain nombre de groupes d’activités sont venus se présenter. L’après-midi avait commencé en chansons avec le groupe Chant, elle s’est terminée par une célébration d’action de grâce, nourrie par les intentions rédigées par les groupes de partage du matin sur l’Espérance, en musique grâce au groupe chant et au piano d’Alain C., présidée par notre ami Jean-Louis Wathy et concélébrée par nous tous, heureux de la richesse de ces longs et bons moments de rencontre et de partage fraternels.