Notre ténacité pour poursuivre notre route, après l’éviction voulue en 2021 par l’archevêque d’alors, s’est construite ensemble au sein de la communauté – non sans perdre des membres profondément meurtris – et avec d’autres communautés qui nous ont accueillis, mues par un esprit de fraternité en Christ.
Un comité de pilotage, composé des responsables de groupes ou de pôles, a veillé et suscité le dynamisme de notre communauté, encourageant de nouveaux groupes (par exemple Graines d’avenir) pour inventer notre futur. L’absence d’un lieu permanent de célébration et de réunion a été un lourd handicap. Mais internet, sans tout résoudre, a permis de nous retrouver autrement, de mettre des noms sur des visages et d’inventer de nouvelles formes de vie communautaire – célébration le dimanche en visio, célébration mensuelle à Notre-Dame d’Espérance, réunions nombreuses par Zoom, recréation et développement de notre site internet….
Nous sommes devenus plus riches qu’hier, bousculés par la contrainte du nomadisme, qui s’est révélée source de rencontres et de partages. Meurtris par des critiques souvent injustes (entre-soi, sans avenir, manque de fraternité…) mais pas totalement fausses, nous avons été poussés à réécrire notre projet pastoral, en prenant en compte l’avis de membres d’autres communautés.
Toute cette histoire mériterait d’être analysée plus avant, pour en tirer quelques enseignements pour nous-mêmes, pour nos communautés diocésaines et au profit d’autres communautés en France voire au-delà – je pense au formidable travail de la démarche synodale en Allemagne que nous pouvons modestement compléter.
Nous nous sommes engagés dans la démarche synodale voulue par François, aux côtés des nombreuses contributions de l’Église de Paris, et entendons poursuivre ; nous venons de le faire en partageant les démarches synodales de six autres communautés et en envisageant des partenariats nouveaux en cours avec Notre-Dame des Anges, Saint-Bernard, et d’autres à venir.
Nous avons vécu de grands moments avec notre vicaire épiscopal Emmanuel Tois, qui a accompagné à la fois l’équipe pastorale et notre communauté avec fidélité, durant un temps long de discernement qui nous a conduit à rencontrer notre archevêque Mgr Ulrich, désireux de notre réintégration au sein du diocèse.
Nous y sommes maintenant, avec l’objectif que tout soit mis en place pour la fin de 2023 :
- un prêtre accompagnateur : James est nommé officiellement depuis début septembre, à mi-temps ; il est membre de l’équipe pastorale, mais pas « curé-patron » de notre communauté ;
- une lettre de mission : notre archevêque nous a demandé de l’écrire, en phase avec James et Emmanuel Tois ; la communauté est appelée à participer à cette élaboration ;
- un lieu : dans l’attente de rencontrer les responsables de l’immobilier du diocèse, une équipe Espace espérance y travaille.
Cette histoire n’a de sens que comme tremplin de notre avenir. Certes nos membres ont pris de l’âge, mais notre ambition est de continuer à inventer notre chemin : enrichir notre nomadisme, et ne pas le mettre au rencart quand nous aurons un lieu ; renforcer la qualité d’action, d’interrogation et de témoignage de nos groupes, proposant ses « découvertes » à la communauté (écrits dans le Flash hebdo, préparation de nos célébrations) et plus largement à tous ceux avec qui nous voulons entrer en dialogue (publications dans La lettre d’info et sur le site, organisations d’évènements en visioconférences et en présentiel). L’assemblée du 8 octobre s’est employée à mobiliser nos groupes, à la lumière de notre projet pastoral, consciente de l’importance du témoignage collectif, au-delà des témoignages individuels tout aussi indispensables.
Bon vent à notre communauté, déterminée à cheminer avec d’autres communautés ou groupes humains.
André Letowski pour l’équipe pastorale
La condition du Peuple de Dieu n’a jamais cessé d’osciller entre nomadisme et enracinement. Aujourd’hui nous sommes en sortie. La condition nomade est à la fois riche de ses rencontres et inquiétante de ses imprévus. Aucune organisation stable n’y résiste. Mais quelle que soit notre condition elle se vit sous le signe d’une bénédiction qui jamais ne nous est refusée. Notre intranquillité n’est pas la marque d’un errement mais d’une soumission à la grâce parfois coûteuse. Saint Merry nous trace une voie possible où que nous soyons. Merci.