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La société et moi, et moi. Et alors moi ?

« Ne demande pas ce que ton pays peut faire pour toi,

demande ce que tu peux faire pour ton pays. » 

Une citation du discours d’investiture du président Kennedy en 1961

Si j’observe nos finances publiques, celles de l’État et de la Sécurité sociale au sens large, comme révélateur de notre relation de citoyen avec la collectivité nationale, elle ne me paraît pas du tout dans l’air du temps.

Revenons à la citation : notre histoire contemporaine montre que nous sommes depuis une quarantaine d’années dans un mouvement de constante revendication de droits individuels à des services supplémentaires ou des avantages à fournir par la société. J’observe que le discours politique ou syndical, ou celui des « gilets jaunes », désigne comme débiteur à notre égard,
« l’État » lointain et immatériel, et rarement la collectivité nationale ou « notre société ».

Photo Dom Fou Sur Unsplash
Photo Dom Fou sur Unsplash

Quelques exemples parmi tant d’autres : nous sommes habitués à bénéficier de la quasi-gratuité des études supérieures, et cela sans limite de temps contraignante ou d’obligation de résultat.
En matière de soins médicaux, la gratuité est quasi-totale pour les affections de longue durée et pour les autres l’accès aux techniques de pointe est assuré à chacun – sauf exceptions – sans conditions de ressources. La retraite à 52 ans est acquise pour les agents de police, à 59 ans pour nombre de salariés des entreprises du gaz et de l’électricité. La demande sociale s’est même étendue jusqu’à obtenir une subvention pour la réparation de nos vêtements ou chaussures usagés pour éviter que nous les jetions.
On décompte soixante sujets d’intervention publique sous la seule responsabilité du Ministère de la transition écologique. 

Tout cela a un coût

Ainsi le déficit du budget de notre État représente 40 % des dépenses de l’année, c’est autant de dépenses qui ne sont pas couvertes par les impôts de l’année mais uniquement par l’emprunt.
Cela fait 40 ans que notre budget national est déficitaire. Le retour à l’équilibre n’est pas annoncé à l’horizon des prévisions. Or notre dette publique culmine à 88.000 euros par ménage ; elle augmente de 2.600 euros toute les secondes. Les intérêts à payer représentent près de la moitié de l’impôt sur le revenu. Notre Sécurité Sociale est aussi en déficit alors que la Constitution prévoit son équilibre pour que les générations actuelles qui bénéficient des prestations n’en reportent pas la charge sur les générations futures. Plus préoccupant, il n’y a pas de retour à l’équilibre dans les plans du gouvernement ; alors que nous sortons péniblement de la réforme des retraites, ce régime sera de nouveau dans le rouge dans trois ans. 

Pourtant, la justification en faveur de nouvelles dépenses collectives est indéniable : par exemple il faudra dépenser en plus, tous les ans, l’équivalent d’un quart du produit de l’impôt sur nos revenus pour investir dans la lutte indispensable contre le dérèglement climatique.

La question des contreparties

Dans ce contexte, la question symétrique « que pouvons faire pour la Société ? » est tout à fait d’actualité. Après les dépenses, j’observe que du côté des recettes publiques, impôts et cotisations sociales, nous sommes en tête de tous les pays comparables. Cela n’épuise pas du tout la question légitime de la « juste » répartition des efforts, en particulier s’agissant de faire supporter à ceux qui génèrent le plus de gaz à effet de serre une charge en relation avec le dommage collectif subi. Mais l’idéal de la justice fiscale, tellement difficile à atteindre, ne peut servir de prétexte à se détourner de la question qui m’est posée : que puis-je faire pour apporter à la société les ressources dont elle manque ?

Photo Marek Studzinski Sur Unsplash
Photo Marek Studzinski sur Unsplash

Une partie de la solution tient à nos comportements, une autre partie à la modération de nos demandes à l’égard de la société. Au titre de la première, l’exemple de la prévention en matière de santé ou de la limitation des consommations de prescriptions médicales est bien connu. Au titre de la seconde, la liste est longue, de l’acceptation de l’impôt, du refus des prestations au noir, de l’action volontaire de réduction drastique des déchets jusqu’à l’abstention de protester face à la fermeture d’un des mille bureaux de poste recensant moins de cinq visites par jour.

Aux Pays-Bas, pour parer à l’inflation des promesses, une loi oblige les partis politiques à faire valider par un tiers de confiance l’estimation du coût des mesures annoncées dans leur programme. 

Exerçons donc, en tant que citoyen, ou en tant que citoyen et chrétien, 
un discernement quant au choix, au tri à faire dans nos demandes 
à l’égard de la société, et de même s’agissant des contreparties 
que nous sommes prêtes à accepter pour financer la collectivité 
sans en renvoyer la charge aux générations futures.

Dominique P.

CategoriesSociété

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