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Retour à la Source pour mieux repartir

Les ateliers animés par Élisabeth Smadja proposent une approche de la Parole par le biais de la langue hébraïque. Ils se présentent cette année à Saint-Merry Hors-les-Murs sous la forme de trois propositions complémentaires.

« S’il fallait trouver un mot qui exprime de la manière la plus adéquate ce que doivent être le commentaire, l’interprétation, nous proposerions le mot « ouverture ». « Ouverture » est à entendre ici dans le sens de l’expression du Midrach et du Zohar, Patah véamar : « Il a ouvert et il a dit », il a brisé le verset et il a dit. Brisure, éclatement, véritable « lire aux éclats », ouverture de cette téva, qui est mot et volume. »

V. Jankelevitch

Atelier Psaumes

Il s’agit de revenir à la source même du sens de nos textes fondateurs, le Tanakh, la Bible hébraïque du livre de la Genèse au prophète Malachie, en hébreu, ce même texte à partir duquel Jésus étonnait par ses commentaires, dès son plus jeune âge, les plus érudits du moment et dont il disait qu’il n’y avait pas un seul י « yod » à ajouter, ni à retirer.

De même, en nous replongeant dans l’état d’esprit de l’époque, théodémocratique (c’est-à-dire en essayant d’abord de mettre de côté les textes postérieurs au Premier Testament, les conciles, les dogmes…), nous nous confrontons à la lettre, au mot, à la phrase, à la proposition qui nous est faite depuis deux ans à partir de la Genèse, d’entendre autre chose d’inouï par nos remarques, nos questionnements échangés en utilisant les principes de compréhension à quatre niveaux : le pshat (sens littéral), le remez (sens allusif), le drash (exégèse) et le sod (mystique) ; et nos trois formes d’intelligence : naturelle (animale), émotionnelle, (inconscient, subjectif), surnaturelle (divine).

Jean-Jacques Bouquier, avec son expérience de psychanalyste et ses études hébraïques attentives, qui est avec Élisabeth l’initiateur de ce groupe dès 2017 à Saint-Merry dans les murs, en nous réorientant de notre compulsif vers le symbolique, nous apporte toujours des remarques averties.

Le groupe est ouvert à tous, sans se préoccuper d’être à un niveau de théologie ou de connaissance hébraïque, simplement mus par le désir et la curiosité d’entendre quelque « chose d’autre ». Répondre par exemple à cette première question que pose le créateur à l’humain (Ge 3, v.7) : « Où es-tu ? ». Émergence de la conscience, du dialogue intérieur, de la Relation « à venir » en premier lieu avec soi-même (notre maison intérieure, unique, la lettre Beth ב, première lettre qui commence le livre de la Genèse) et répondre par une parole qui dit « je » en vérité à un tout autre. Tel est le mode d’emploi, le conseil, la recommandation proposé par la Torah afin que la Vie fonctionne en abondance et plénitude.

Atelier Entrer dans les mots pour guérir les maux

Élisabeth Smadja a commencé à initier cet atelier, il y a maintenant trois ans.
Il s’agit de prendre un des mots qui exprime notre mal être ou une de nos préoccupations, et de l’explorer en le traduisant dans la langue hébraïque. Langue qui permet, grâce à ses singularités si particulières de « lire aux éclats », comme le reprend si bien Marc Alain Ouaknin.
En habitant ce mot d’une manière renouvelée, nous entrons petit à petit dans un chemin de compréhension et de guérison.
Cette rencontre et cette approche s’appuient bien évidemment sur la Parole de Dieu révélée dans la Bible.

Corps et esprit sont sollicités par moments car nous nous exprimons et interprétons avec Brigitte Mooser, professeur de Theima, une lettre ou un mot hébreu par une gestuelle, en pleine conscience. Tout notre être se met en mouvement, en synode, en louange, en prière, en remerciement, en disponibilité.

Les expériences de chacun sont partagées. Élisabeth nous relie à la source de la lettre ou du mot avec des nuances de gris (bien plus que 50 !) et aux couleurs de l’Alliance, bien entendu.

« Je participe avec beaucoup de joie à ces rencontres.
Goûter la Parole en groupe est un régal !
Chaque rencontre est une invitation à ouvrir des portes
que je n’aurais su pousser seule. Les apports d’Élisabeth sont précieux,
ceux du groupe permettent d’approfondir encore.
Travailler un texte dans la langue originelle, même sans la connaître,
est un trésor d’où sortent des éclats qui éclairent mon quotidien. »

Brigitte Mooser

Atelier Évangiles

Cet atelier est une proposition récente et tout aussi originale pour retrouver l’identité hébraïque à partir de l’Évangile, qu’Élisabeth a ouverte cette année. Il faut se mettre dans l’état d’esprit de ces évangélistes qui n’ont qu’un but, témoigner de leur expérience du Premier Relevé d’entre les morts, Fils de Dieu, Messie attendu parmi nous.

Nous faisons des aller-retours du français au grec, (via le latin parfois), avec la précieuse participation de Marguerite Champeaux-Rousselot. Élisabeth fait la jonction avec les concepts de la tradition juive, la spiritualité d’Israël véhiculée à travers le temps des interprétations. 

On constate souvent des pertes de sens, des oublis, parfois des contresens fâcheux qui se sont succédés dans la diversité des traductions, françaises en l’occurrence. Alors on recolle les morceaux, on comprend mieux, on rectifie le tir. S’il est dit dans le texte que Jésus enseigne à Capharnaüm, (pour les lieux, c’est généralement bien repris) pour nous, qui n’avons que l’image actuelle de ce qu’exprime ce mot (allons, disons-le, de « bordélique »), on est dans l’erreur complète car il veut dire « village de la consolation ». Ne serait-ce que de commencer par le nom « Dieu » qui prend d’emblée, dans le texte, plusieurs formes, plurielles, masculines, féminines, pour nous faire entrer dans la diversité de ses attributs si bien qu’à la fin, s’il y en a une, on ne peut plus prononcer son nom, toujours trop réducteur.

Proposition d’atelier à venir

Un atelier sur les vingt-deux lettres de l’alphabet hébraïque, leur sens symbolique, ésotérique, véritable parcours initiatique. Pour Élisabeth Smadja c’est une autre manière de dialoguer et de s’attacher au Christ en tant que Verbe de Dieu fait chair. Il est, en ce sens, les vingt-deux lettres de l’alphabet hébraïque, de la première, Aleph, à la dernière, Tav, Lui qui est l’Alpha et l’Oméga.
On raconte qu’au premier siècle, Rabbi Akiba Ben Yossef, l’élève de Na’hum Ish Gamzo, passa une année d’étude sur chaque lettre… Oui, vingt-deux ans. Pour cet illustre maître, YHVH Ehlohim crée avant tout l’alphabet du ciel et l’alphabet de la terre. Chaque lettre est, à elle seule, un enseignement. Alors, quand on commence à en assembler deux, puis trois, qu’on les permute, qu’on les compare dans leur densité sémantique, dans leur ordre, dans leur occurrence…, ça prend un certain temps.

Photo By Mick Haupt On Unsplash
Photo de Mick Haupt sur Unsplash

Nous avons sous les yeux ces textes fondateurs, et comme le musicien devant la partition qui lui a été donnée à interpréter, « séduisante et bonne à jouer », notre rôle de vivant n’est-il pas de dire, (je plagie E. Levinas quand il évoque la lettre comme un oiseau aux ailes repliées sur la branche), que dans chaque note, il y a une proposition de vibrations aux harmoniques innombrables, qui attend l’impulsion de chaque musicien(ne) que nous sommes pour jouer, ensemble, dans l’orchestre du monde, un accord magistral de louanges et de bénédictions.
Osons le face à face avec les mots-sons, participons à leurs Relèvements.

Élisabeth Smadja ne dispense pas de cours universitaires ou académiques. Elle part de son chemin de foi, son expérience de juive orthodoxe ayant appartenu au mouvement hassidique Loubavitch,
et de son compagnonnage avec le Christ.

Clément G. avec Élisabeth Smadja

  1. Clavier Jacques
    Clavier Jacques says:

    Comment rendrai-je au Seigneur
    tout le bien qu’il m’a fait ?
    En invoquant le nom de Yhwh.

  2. Clavier Jacques
    Clavier Jacques says:

    Allez ! Je ne hais point d’appeler “mon Seigneur et mon Dieu”, tantôt Yhwh, tantôt Jésus et tantôt “la voix de fin silence”.

  3. Florence Carillon
    Florence Carillon says:

    Cette approche des textes au travers et par l’hébreu me permet d’entendre des paroles multiples, données par les participants à ce groupe. Cette écoute me dit que chacun entend avec ce qu’il est, ce qu’il vit, ce qu”il ressent, bien au delà de toute consigne, de toute théorie apprise ou comprise…Ainsi en est-il de la vie quotidienne : multiple, sans hiérarchie de pensée ou de jugement, chacun y a sa place et sa parole, à condition d’entendre et d’oser dire.
    Merci pour cette magnifique ouverture.

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