Voici un cadeau pour l’Avent de la part de nous deux :


Il neige aujourd’hui et, par la fenêtre, le jardin de Denise D, hier paré des couleurs fauves de l’automne, est, sans transition, passé au noir et blanc.

Denise ne peut plus guère se pencher par la fenêtre, ni lire, ni s’exprimer à sa guise. Mais nous savourons des poésies. Certaines, qu’elle connaissait par le cœur, d’autres, qu’elle a elle-même écrites.

Aujourd’hui, je lui demande si elle connaît des poèmes sur la neige. D’un signe de sa tête, je comprends que non. Je lui demande si elle souhaite que j’en cherche un. Cette fois, la tête de notre chère amie acquiesce.

Et voici celui sur lequel je tombe et nous en tombons tellement sous le charme que nous le relirons quatre fois. Quatre fois, Denise visiblement émue parviendra à articuler nettement : « c’est remarquable » et m’invitera à une nouvelle lecture.

Je propose de partager ce poème avec les amis de Saint-Merry Hors-les-Murs. L’idée semble réjouir Denise tellement désireuse de manifester sa fidélité et son affection à ses amis.

Alors le voici :

Il fait froid

L’hiver blanchit le dur chemin
Tes jours aux méchants sont en proie.
La bise mord ta douce main ;
La haine souffle sur ta joie.

La neige emplit le noir sillon.
La lumière est diminuée…
Ferme ta porte à l’aquilon !
Ferme ta vitre à la nuée !

Et puis laisse ton coeur ouvert !
Le coeur, c’est la sainte fenêtre.
Le soleil de brume est couvert ;
Mais Dieu va rayonner peut-être !

Doute du bonheur, fruit mortel ;
Doute de l’homme plein d’envie ;
Doute du prêtre et de l’autel ;
Mais crois à l’amour, ô ma vie !


Crois à l’amour, toujours entier,
Toujours brillant sous tous les voiles !
A l’amour, tison du foyer !
A l’amour, rayon des étoiles !

Aime, et ne désespère pas.
Dans ton âme, où parfois je passe,
Où mes vers chuchotent tout bas,
Laisse chaque chose à sa place.

La fidélité sans ennui,
La paix des vertus élevées,
Et l’indulgence pour autrui,
Éponge des fautes lavées.

Dans ta pensée où tout est beau,
Que rien ne tombe ou ne recule.
Fais de ton amour ton flambeau.
On s’éclaire de ce qui brûle…

… À ces démons d’inimitié
Oppose ta douceur sereine,
Et reverse leur en pitié
Tout ce qu’ils t’ont vomi de haine.

La haine, c’est l’hiver du coeur.
Plains-les ! mais garde ton courage.
Garde ton sourire vainqueur ;
Bel arc-en-ciel, sors de l’orage !

Garde ton amour éternel.
L’hiver, l’astre éteint-il sa flamme ?
Dieu ne retire rien du ciel ;
Ne retire rien de ton âme !

Victor Hugo, Les Contemplations

Avec l’amitié fidèle de Denise Denoix, Alexandra N.
21/11/2024



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