Messe en plein monde autour de cette question d’actualité en partenariat avec Notre-Dame-des-Anges. Une écoute chaleureuse, une belle participation, des échanges riches suivis d’une célébration eucharistique.
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Bonsoir à toutes et tous !
Chers amis, nous sommes rassemblés ce soir pour vivre, célébrer ce second dimanche du temps du Carême et cette eucharistie « en plein monde » où le Christ vivant nous parle au cœur de notre vie… et peut-être en ce temps du carême « re-poser » nos vies dans la parole et ré- accueillir de manière toujours renouvelée la présence de Jésus au cœur de nos vies et de toutes nos relations.
La question nous oblige à entrer dans la complexité de cette notion d’identité, qui relève autant de la psychologie, que de la sociologie, du politique, de la philosophie ou encore de la morale et de l’éducation.
On affirmera d’emblée, comme le fait Raphaël Picon, théologien protestant, que « la relation précède l’identité : relation à soi, relation aux autres, semblables ou différents. Nous sommes continuellement instruits, stimulés, transformés par nos relations aux autres ».
Amin Maalouf, écrivain franco-libanais, ajoute que
« l’identité résulte alors de la reconnaissance réciproque du moi et de l’autre,
elle naît d’un processus conflictuel où se construisent
des interactions individuelles, des pratiques sociales. »
L’identité renvoie aussi à l’appartenance collective : à sa famille, à un groupe social, à une communauté de pensée, religieuse ou politique, à une collectivité nationale aussi bien sûr. Elle assure sans doute ainsi notre ancrage dans le monde, dans notre travail, dans nos engagements.
Mais en prenant l’exemple de la carte d’identité nationale, on comprend aussi que si l’appartenance rassemble ou intègre, elle exclut aussi forcément : un Italien ou un Allemand ne fait pas partie de la nation française (laissons de côté le cas des binationaux, qui s’écarte de notre sujet). On voit poindre ici le risque d’une vision négative de l’identité, lorsque le sentiment national devient idéologie nationaliste.
On doit évoquer aussi, du fait de notre contexte, l’impact de la mondialisation et de l’immigration sur nos représentations identitaires : la première tend à « uniformiser les cultures et à gommer les différences » (Amin Malouf : Les identités meurtrières), la seconde « renvoie les nations européennes à la question de leur identité » (Alain Finkielkraut : Les identités malheureuses) : comment intégrer en respectant la culture d’origine de l’arrivant ? Comment préserver les traditions locales, qui répondent au besoin d’enracinement, sans se refermer sur elles, excluant ainsi la possibilité de rencontrer l’autre ?
Pour entrer maintenant dans notre échange, nous vous proposons trois questions que chacun et chacune pourra bien sûr compléter, à partir de son expérience :
- quels sont les éléments qui entrent dans notre identité personnelle,
en quoi sont-ils contradictoires ou en harmonie avec notre identité d’origine ? - notre identité est multiple : laquelle ou lesquelles de ses facettes mettons-nous
spontanément en avant dans la rencontre ? - dans quels cas devons-nous affirmer nos identités ou au contraire les mettre en sourdine ?
Vivons-nous des tensions entre ces deux positions dans notre quotidien ?
Béatrice et Pernette
Seigneur quand nous risquons une parole, que nous puisions à ta source !
Quand nous risquons une parole, qu’elle nous relie à l’unité de ceux qui te prient !
Quand nous risquons une parole, qu’elle s’élève en louange comme un souffle d’espérance !
Quand nous risquons une parole, qu’elle soit parole de vie !
La parole est à l’assemblée :
- l’identité est un mot “figé” car on n’est pas le même à 40, 60 ou 70 ans. Et dans les rencontres, je ne suis pas le même suivant le contexte…
- J’ai hérité d’une identité désastreuse par ma famille : argent, réussite sociale… La relation a été fondamentale pour me construire autrement.
- L’identité, pour moi, c’est un puzzle qui se construit à partir de nos familles, nos collègues de travail, les associations dans lesquelles on s’engage.
- Je suis une binationale et j’ai toujours vécu cela comme une ouverture, une marque particulière, une richesse.
- Bien sûr, il y a nos identités individuelles, mais il ne faudrait pas oublier nos identités collectives (d’un groupe chrétien ou d’entrepreneurs, …) et j’y suis très sensible.
- ” La couleur de mon identité, c’est d’être heureux” et on ne peut être heureux tout seul. Si l’identité est un chemin de relations alors il est chemin de vie, sinon ça nous fige !
- Depuis tout petit, nous vivons des expériences sensorielles, émotionnelles, intellectuelles qui nous construisent (le self) et tout cela fonctionne comme une intégrale qui cumule tous ces vécus. Tout cela construit mon unicité qui prévaut sur mon identité.
- J’ai trois nationalités, donc j’ai parfois cherché mon identité mais aussi je me suis fait renvoyer telle ou telle identité !
- Identité, c’est forcément individuelle. Si on est assigné à une identité, alors on est foutu !
- L’identité est très liée à la relation, à tous ces mélanges qui se sont faits ; c’est aussi une histoire de “parole” entre tous.
- On est un puzzle d’identités et parfois, on ne dit pas toutes ses identités !
Méditation musicale
Solo pour flûte traversière Partita in A Minor BWV 1013 I. Allemande
Jésus, Lumière du monde, Parole profonde, tu relèves la vie qui passe l’ombre, tu es la force du pas suivant, tu es la joie du regard de pardon que tu poses sur nos vies. Dans la paille des jours, dans les failles de l’amour, dans tout ce qui est lourd, tiens-nous à jamais en ta présence où tout prend sens et donne-nous ton pardon !
♫ Chant :
Pour tous les regards que je n’ai pas croisés,
Seigneur prends pitié (bis)
Pour tous les mains tendues dont je me suis méfié,
Seigneur prends pitié (bis)
Pour tous les appels dont je me suis lassé,
Ô Christ prends pitié (bis)
Pour tous les pardons que je n’ai pas osés,
Ô Christ prends pitié (bis)
Pour l’indifférence qui souvent m’a gagnée,
Seigneur prends pitié (bis)
Pour tous les refus qui m’ont emprisonnée,
Seigneur prends pitié (bis)
Paroles et musique : L. Boldrini
📖 Lecture du livre de la Genèse (22, 1-2. 9-13.15-18)
En ces jours-là, Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il lui dit : « Abraham ! » Celui-ci répondit : « Me voici ! » Dieu dit : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en holocauste sur la montagne que je t’indiquerai. »
Ils arrivèrent à l’endroit que Dieu avait indiqué. Abraham y bâtit l’autel et disposa le bois ; puis il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois. Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils.
Mais l’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! » L’ange lui dit : « Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. » Abraham leva les yeux et vit un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.
Du ciel, l’ange du Seigneur appela une seconde fois Abraham. Il déclara : « Je le jure par moi-même, oracle du Seigneur : parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance occupera les places fortes de ses ennemis. Puisque tu as écouté ma voix, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance.
♫ Psaume 115
Je marcherai en présence du Seigneur
sur la terre des vivants.
Je crois, et je parlerai,
moi qui ai beaucoup souffert.
Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?
Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
j’invoquerai le nom du Seigneur.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple,
à l’entrée de la maison du Seigneur,
au milieu de Jérusalem !
♫ Acclamation de l’évangile
Ta Parole Seigneur est lumière, Gloire et louange à Toi !
Ta Parole Seigneur nous libère, Gloire et louange à Toi !
Ta Parole aujourd’hui nous fait vivre, Gloire et louange à Toi !
📖 Évangile de Jésus Christ selon Marc (9, 2-10)
En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »
De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».
Partage en petits groupes sur les textes
♫ Chant : Pour que l’homme soit un Fils à son image G 297-1
Paroles : D. Rimaud – Musique JM. Vincent
1- Pour que l’homme soit un fils à son image,
Dieu l’a travaillé au souffle de l’Esprit.
Lorsque nous n’avions ni forme, ni visage,
Son amour nous voyait libres comme lui,
Son amour nous voyait libres comme lui.
2- Nous tenions de Dieu la grâce de la vie,
Nous l’avons tenue captive du péché :
Haine et mort se sont liguées pour l’injustice,
Et la loi de tout amour fut délaissée,
Et la loi de tout amour fut délaissée.
3- Quand ce fut le jour et l’heure favorable,
Dieu nous a donné Jésus, le Bien-Aimé :
L’arbre de la croix indique le passage
Vers un monde où toute chose est consacrée,
Vers un monde où toute chose est consacrée.
4- Qui prendra la route vers ces grands espaces ?
Qui prendra Jésus pour maître et pour ami ?
L’humble serviteur a la plus belle place
Servir Dieu rend l’homme libre comme lui,
Servir Dieu rend l’homme libre comme lui.
Offertoire et Prière eucharistique
Sanctus :
Saint le Seigneur, Dieu des vivants, Hosanna au plus haut des cieux (bis)
Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire, Hosanna au plus des cieux
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, Hosanna au plus haut des cieux
Saint le Seigneur, Dieu des vivants, Hosanna au plus haut des cieux (bis)
Dieu notre Père, nous avons apporté ce pain et ce vin et nous te disons ensemble notre reconnaissance pour ta présence, pour ton amour et ton regard d’amour et de paix que tu poses sur nos vies.
Envoie ton Esprit sur ce pain et ce vin,
Pain reçu, donné et partagé,
Pain de vie, table dressée sur nos chemins.
Première épiclèse :
Vienne ton Souffle sur ces dons
Qu’ils soient le signe de ta Table
Pain de la Vie, Vin du Pardon
Nous serons fils de ta Pâque !
Jésus tu as pris le pain : “Ceci est mon Corps donné pour vous et pour tous !”
Puis Jésus, tu as pris une coupe de vin : “Ceci est mon Sang versé pour vous et pour tous, pour le pardon et notre libération”
Anamnèse :
Ta mort, Seigneur nous l’annonçons,
Soleil de Dieu qui nous libère.
Tu es pour nous résurrection,
la joie promise à notre terre.
Dieu Père plein de tendresse donne-nous l’Esprit d’amour, l’Esprit de ton Fils !
Deuxième épiclèse :
Envoie ton Souffle, Dieu très bon
Nous serons signes de l’Alliance
Fais que nos vies deviennent don
À ton image et ressemblance.
Ouvre nos yeux à toutes détresses, donne-nous le courage du geste fraternel
Fais de nos communautés chrétiennes des lieux de vérité et de liberté, de justice, de bienveillance et de paix !
Nous sommes en communion avec toutes celles et ceux qui luttent pour un monde plus juste, équitable, digne où l’humain a la première place.
Nous faisons mémoire de celles et ceux qui sont défunts et sont entrés dans une communion nouvelle avec nous.
À l’exemple de Marie, accorde-nous d’être de ceux qui font la paix et construisent le bonheur autour d’eux.
Ensemble, nous redisons :
Par Lui, avec Lui et en Lui, à Toi, Père, dans l’unité de l’Esprit Saint, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles. Amen.
Texte pour la Paix
« La simplification de nos identités nous amène à voir très vite en l’autre un ennemi et c’est ce à quoi on assiste aujourd’hui. À partir du moment où nos identités sont simplifiées, appauvries, l’autre devient très vite un ennemi qu’il nous faut combattre” nous dit Salman Rushdie cité par Delphine Horvilleur, qui poursuit : « On devient beaucoup plus fort quand on se sait ultra vulnérable, cassé, brisé ; je pense (dit-elle) qu’on est en danger dans la vie quand on a l’impression qu’on est totalement colmaté, quand on fait “un” et qu’il y a quelque chose en nous d’un peu trop construit. Je crois qu’on a désespérément besoin de ces failles qui créent en nous du jeu, au sens presque de bricolage, du jeu entre deux portes, quelque chose qui n’est pas complètement colmaté. »
Pour nous tenir dans cette ouverture, pour laisser passer la lumière de la Paix, transfigurer nos bricolages et nos failles, en communion avec tous les assoiffés de Paix de par le monde, nous pouvons nous transmettre cette Paix qui vient de Celui qui nous révèle à notre identité de Fils et donc de frères.
Delphine Horvilleur (extrait de Il n’y a pas de Ajar – Monologue contre l’identité – Ed. Grasset)
♫ Chant : Jésus le Christ (Taizé)
Jésus le Christ, lumière intérieure, ne laisse pas mes ténèbres me parler,
Jésus le Christ, lumière intérieure, donne-moi d’accueillir ton amour.
Chant d’envoi : Vivons en enfants de lumière G14-57-1
Vivons en enfants de lumière
Sur les chemins où l’Esprit nous conduit :
Que vive en nous le nom du Père !
L’heure est venue de grandir dans la foi !
Voici le temps de la faim, de la soif !
Gardez confiance, ouvrez le Livre.
Voici le pain, voici l’eau vive !
L’heure est venue d’affermir votre cœur !
Voici le temps d’espérer le Seigneur !
Il est tout près, il vous appelle.
Il vous promet la vie nouvelle.
L’heure est venue de courir vers la vie !
Voici le temps de trouver Jésus Christ !
Il est présent parmi les pauvres.
Il vous précède en son Royaume.
Bénédiction et envoi
Que le Seigneur tourne vers nous son regard,
qu’Il fasse briller sur nous son visage, et nous apporte la paix !
Qu’il nous prenne en grâce et nous bénisse
Lui qui est Père, Fils et Esprit Saint.
Amen !
Prochaine Messe en plein Monde : samedi 23 mars 2024 à Notre-Dame des Anges à 18 h