L’habit ne fait pas le moine et la barrette ne fait pas le curé

C’était il y a quelque temps dans un village de l’Essonne. C’était un dimanche. Une messe y était prévue. Je me suis invitée. L’assemblée répétait un chant lorsqu’un prêtre est entré. Tout de noir vêtu, il portait, sur la tête, une barrette, ce chapeau que coiffait les prêtres autrefois.
Je me suis dit : « Où suis-je ? Va-t-en avant de faire du “mauvais esprit“ ! Va-t-en avant de te fâcher ! » Et je suis restée.

Le prêtre a enfilé sa robe du dimanche et ôté sa barrette. La messe a commencé. Presque classique : une femme, à l’ambon, a lu l’Évangile en portugais. (Je l’ai appris plus tard, des familles portugaises sont installées là.)
Une barrette sur la tête du prêtre et une femme qui lit l’Évangile… il y avait un hiatus.

Le moment du sermon est arrivé. Le prêtre a posé sa barrette sur sa tête. J’ai failli fuir. La curiosité m’a retenue. Le prêtre a interrogé l’assistance : « À qui pensez-vous en me voyant avec ce chapeau ? » Quelqu’un a immédiatement répondu : « À Fernandel, à Don Camillo ! »
Et j’ai entendu là un bien joli sermon sur ce qu’est la prière.

Le prêtre avait déniché une barrette uniquement pour rappeler aux fidèles la façon dont Don Camillo se plantait devant le crucifix de son église pour discuter avec le Christ, lui expliquait ses soucis, lui demandait conseil pour agir face au maire, lui reprochait de ne pas l’aider davantage…
Le prêtre du village donnait Don Camillo, pieux curé de campagne, comme exemple de priant : « Prier, c’est juste converser avec Dieu, avec Jésus. Ne dites plus “je ne sais pas prier“, racontez-lui votre vie, vos soucis, comme à un ami. C’est ça prier. »

À la fin de la messe, je suis allée remercier ce prêtre pour son humour, sans avouer mon envie de fuite et ma honte d’avoir préjugé de lui.
Si, dans une église, vous rencontrez un prêtre avec une barrette, une kippa rouge ou une mitre, attention, vous allez peut-être au devant d’une bonne surprise.
La barrette ne fait pas le curé.