La réponse négative de la Congrégation vaticane pour la doctrine de la foi du 15 mars dernier sur les bénédictions des unions homosexuelles a suscité des réactions dans le monde entier, y compris parmi les évêques. À contrecourant de l’enseignement de François, les responsables de l’ancien Saint-Office rappellent que « l’homosexualité est un péché ».
Un changement de ton qui inquiète de nombreux croyants.
Au sein de la communauté chrétienne, des réactions se font entendre
Pour l’association David et Jonathan, c’est nier le travail pastoral conduit dans près du tiers des diocèses pour accompagner spirituellement les personnes homosexuelles, notamment lorsqu’elles demandent de placer leur union sous le regard de Dieu.
Pour Isabelle Parmentier, théologienne, membre de la pastorale des familles du diocèse de Poitiers, « il s’agit d’un camouflet à l’exhortation Amoris Lætitia et… à l’Évangile ».
Pour notre centre pastoral, c’est une pratique qu’accompagne notre communauté par la solidité d’une préparation à cette union avec d’autres fiancés et une liturgie appropriée.
Des évêques ont réagi
L’Evêché de St-Gall (Suissse) s’est positionné contre la ligne du Vatican car « l’Église catholique ne doit exclure personne dans ce domaine ». La congrégation “se fait la contrôleuse de qui peut recevoir ou non la bénédiction de Dieu – cela est inadéquat et faux”, réplique le directeur du service pastoral Franz Kreissl.
C’est aussi la contestation du président des évêques allemand Mgr Georg Bätzing (alors que le chemin synodal engagé traite avec ouverture ces questions) et celle du Cardinal Blase Cupich, archevêque de Chicago, de l’archevêque de Brisbane et bien d’autres, jugeant ce texte blessant et maladroit. Le bureau national du conseil Famille et société de la Conférence Episcopale de France réagit par la voix de Mgr Bruno Fellet évêque auxiliaire de Reims, qui regrette l’amalgame entre homosexualité et péché.
Parmi ces prises de position, celle de la Conférence Épiscopale de Belgique sur le site Cathobel : « Depuis de nombreuses années, l’Église catholique de notre pays, à tous ses niveaux (évêques, prêtres, diacres et collaborateurs pastoraux, théologiens, scientifiques, politiciens et travailleurs sociaux) œuvre avec d’autres acteurs sociaux, à un climat de respect, de reconnaissance et d’intégration… Les évêques encouragent leurs collaborateurs à poursuivre dans cette voie. Ils se sentent soutenus par l’Exhortation Amoris Laetitia ».
Mgr Johan Bonny, évêque du diocèse d’Anvers, et vice-président de la Conférence Épiscopale de Belgique, y développe une solide argumentation, dans la logique du synode sur la famille. Car “au présent ‘responsum’ manque le souci pastoral, le fondement scientifique, la nuance théologique et la précaution éthique », non sans rappeler que pour lui « le projet de Dieu est que ses enfants soient heureux ». Il y formule une conclusion inquiète : “Le document mine la crédibilité tant de la voie synodale fortement prônée par le pape François que de l’année de travail annoncée avec Amoris laetitia. Ce ‘responsum’ ne donne pas l’exemple d’un cheminement en commun. Le véritable synode, veut-t-il se lever ? » Vraie question pour l’année 2022.
Lire le très riche argumentaire de Mgr Bonny en entier