En 1880, Paul Lafargue avait défrayé la chronique en publiant son ouvrage resté célèbre : « Le droit à la paresse ». Il s’agissait, dans son esprit, de s’élever contre le culte du travail à tout prix tel que, selon lui, le prônaient « les prêtres, les économistes et les moralistes », tandis qu’Adolphe Thiers, cité dans l’introduction, comptait sur le clergé pour « propager cette bonne philosophie qui apprend à l’homme qu’il est ici-bas pour souffrir… ».
Ma situation de retraité m’évitant d’être soumis aux contraintes du télétravail et n’ayant pas à m’occuper d’enfants ou de petits-enfants, je me suis plu à repenser à ce « droit à la paresse », tant il est vrai qu’en dépit des quelques activités associatives ou autres, ces temps de couvre-feu et de limitation des déplacements ont suscité – en tout cas chez moi – une propension à laisser s’installer une certaine forme de nonchalance, pas bien éloignée de la paresse recommandée par notre auteur. Dois-je m’en alarmer ? Assurément, si cela conduit à éprouver un sentiment de vacuité. Pourtant, il est de nombreux moyens de faire face. Ainsi, par exemple, Paris offre de multiples occasions de découvertes en tous genres, notamment en visitant ses jardins particulièrement fleuris, ce printemps ou ces multiples ruelles tranquilles que je n’aurais pas soupçonnées si la « contrainte sanitaire » ne m’en avait pas donné l’occasion…
Et je fais mienne cette recommandation de Jean Sulivan : « Vivez tant que vous êtes vivants, faites quelque chose, un coup de folie, ou mieux, qui sait, si vous venez de dîner, faites tranquillement la vaisselle ».
Bruno G.
Billet du dimanche 23 mai