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Les catholiques pratiquants, champions du vote

Le 1er tour des élections a été l’occasion de conforter le constat d’une forte implication des catholiques pratiquants à voter.

En moyenne, 32% des Français ont voté au 1er tour des régionales et départementales le 20 juin 2021. ((Méthodologie : échantillon de 4548 personnes inscrites sur listes électorales, issu d’un échantillon de 4774 personnes représentatif de la population française âgée de 18ans et plus, constitué selon la méthode des quotas (critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence). L’échantillon a été interrogé par questionnaire auto-administré en ligne sur système CAWI le 20 juin 2021, jour du vote. « Sondage Opinion Way pour Les Échos »))

Quel est le profil de ceux qui ont le plus voté ce 20 juin ?

Qui sont les votants les plus impliqués en termes de profils de personne ? Les chefs d’entreprise (51%) et les cadres (43%), contre 21% les chômeurs, les femmes ou hommes au foyer. Les plus de 65 ans (42% vs les autres âges 32-26%), les bac +2 et au-delà (39% vs 29% les autres niveaux de diplôme), et enfin les hommes plus que des femmes (38% vs 26 les femmes).

Qui sont-ils en termes de revenus ? Ceux dont le foyer déclare un revenu mensuel d’au moins 3 500€ 44% contre 33% à 16% chez ceux dont le revenu est au plus égal à 1 000€ mensuels, et ceux qui sont propriétaires (37% vs 26 les locataires).
En définitive, globalement plutôt les « classes » aisées et âgées. Que cela signifie-t-il comme participation et implication citoyenne, que dire de la pertinence de nos « appareils » démocratiques pour les autres « classes » ?

Qui sont les votants au regard de leur option politique « partisane » ? Ceux qui votent plutôt à droite sont 48 à 56% à avoir voté, ceux qui votent à gauche (44-46%), alors que les « partisans » du rassemblement National ne sont que 33% et 17% les sans « proximité partisane ».

Paradoxalement 80% de ceux qui se sont abstenus estiment « qu’il faut laisser la société telle qu’elle est », les choses n’allant pas si mal, alors que les « partisans politiques » sont plus enclins à changer, plus souvent radicalement pour les « partisans » du rassemblement National », alors que les autres sont plus favorables à des changements conséquents ou à la marge.
Voilà qui est cohérent avec l’intérêt porté au fait politique.

Que dire en ce qui concerne l’appartenance religieuse ? 76% des catholiques pratiquants ont voté, contre 41% des pratiquants occasionnels et 29% des sans religion.

Pourquoi de tels écarts en ce qui concerne les catholiques pratiquants ?

Est-ce propre à ce 1er tour de juin 2021 ? Non semble-t-il. L’observation des résultats des élections Européennes de 2017 montrent le même type d’implication. 78% avaient voté. Selon Jérôme Fourquet, directeur Opinion et stratégie de l’Ifop, «la forte mobilisation de l’électorat catholique se vérifie à chaque scrutin, mais plus encore aux Européennes où l’écart se creuse avec le reste de la population. En 2014, 61% des pratiquants avaient pris part au vote contre 42% pour l’ensemble des Français. Ils ont été, ce 26 mai, 78% à le faire, soit près de trente points de plus que la moyenne. Chez les pratiquants réguliers, le taux de participation monte même à 84%, un niveau quasi identique à celui de la présidentielle de 2017. ((Sondage Ifop pour La Croix, mai 2019))

Alors est-ce le fait de la composition sociologique des catholiques pratiquants ?
Sans aucun doute celui-ci influe si l’on en croit Yves-Marie CANN Directeur adjoint du Pôle Opinion Corporate de CSA. ((Note d’analyse du Pôle Opinion Corporate CSA « Le catholicisme en France » mars 2013)) « Les pratiquants les plus assidus aux offices religieux se composent pour près des deux tiers de femmes (64% vs 52 à l’échelle nationale) et pour moitié de personnes âgées de plus de soixante-cinq ans (48% vs 21% au sein de la population adulte française) …Alors que les personnes « sans religion » constituent désormais le groupe le plus important chez les personnes âgées de moins de 35 ans…Par ailleurs, les catholiques dans leur ensemble et plus particulièrement les catholiques pratiquants, se distinguent du reste de la population par une proximité beaucoup plus prononcée aux partis de la droite et du centre ; toutefois, un quart des pratiquants réguliers et un tiers des pratiquants occasionnels se disent proches de la gauche parlementaire. »

J’ajoute l’importance donnée à l’humain, aux valeurs des Évangiles, dont, dans ma recherche rapide, je n’ai pas trouvé trace pour exprimer la forte implication à voter.

Un dernier élément à prendre en compte est la question de la fiabilité des sondages, notamment en ce qui concerne la modestie de la population des catholiques pratiquants (les résultats sont toujours redressés, mais un trop faible échantillon risque de ne pas être représentatif). La question qui se pose est aussi celle de la qualité d’un échantillon interrogé en ligne : « Depuis une grosse dizaine d’années, les sondages se font en ligne. La méthodologie est fiable dans un contexte de participation normale, mais beaucoup plus fragile dans un contexte d’extrême démobilisation. » ((Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof, le centre de recherches politiques de Sciences Po.))

Que retenir de cette rapide analyse ? Bien sur la surprenante forte participation au vote des chrétiens pratiquants, plus marquée que celle des chrétiens occasionnels et bien plus que les « sans religion », même si celle-ci est atténuée par leurs caractéristiques socio-économiques. Merci aux lecteurs qui disposeraient d’analyses pour approfondir le pourquoi de cette forte implication, de me les faire connaître.

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André Letowski

Expert en entrepreneuriat, en tant qu’analyste et intervenant conseil, notamment auprès de petites entreprises, l’auteur s’est aussi investi dans le champ culturel (voyages, théâtre…), dans des associations à caractère religieux, s’interrogeant sur la façon concrète de vivre du Christ au sein de notre monde contemporain. Le recul apporté par la sociologie des organisations lui est précieuse pour aborder la question de la gouvernance et des pouvoirs.

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