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Dimanche 26 mars 2023. « Déliez-le, et laissez-le aller »

En ce cinquième dimanche de Carême, Lazare se relève et va vers la vie. Dieu encore une fois nous libère et nous exhorte à vivre. Détachez vos liens de la mort, laissez-vous aller vers la vie, retirez la pierre, dehors, le jour a relevé la nuit nous diront textes et chants.

Entrée en prière

VERDI – Nabucco, Choeur des prisonniers

Accueil

Bonjour à tous et bienvenue, en particulier à ceux qui viennent pour la première fois.
L’Évangile de ce jour nous rejoint dans ce que nous avons de plus humain : « Si tu avais été ici…(mon frère ne serait pas mort) ». Marthe, puis Marie… Combien de fois ce cri a-t-il retenti dans l’histoire des hommes ? Avant-hier à Auschwitz, hier sous les décombres d’Antioche ou de Gaziantep, aujourd’hui sous les bombes à Bakhmout.
En nous-mêmes peut-être… le silence de Dieu.
Pourtant, même si les paroles qu’Ézéchiel met dans la bouche du Seigneur « Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ; je vous donnerai le repos sur votre terre » n’effacent pas les larmes elles nous ouvrent à tout autre chose. Non, il ne faut pas attendre de ressusciter d’entre les morts pour vivre de l’Esprit de Dieu. D’ailleurs n’est-ce pas cette conviction qui nourrit la réflexion de notre communauté de Saint-Merry en ce temps de Carême ? Plus facile à écrire qu’à vivre ! Tant de choses nous entravent, tant de bandelettes nous retiennent prisonniers de nous-mêmes…
Alors comme Marthe, osons dire « je crois » que le Christ est la Vie, au nom du Père, du Fils et de l’Esprit.

Bénédicte

📖 Lecture du livre du prophète Ézékiel (37, 12-14)

Ainsi parle le Seigneur Dieu : Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous en ferai remonter, ô mon peuple, et je vous ramènerai sur la terre d’Israël. Vous saurez que Je suis le Seigneur, quand j’ouvrirai vos tombeaux et vous en ferai remonter, ô mon peuple ! Je mettrai en vous mon esprit, et vous vivrez ; je vous donnerai le repos sur votre terre. Alors vous saurez que Je suis le Seigneur : j’ai parlé et je le ferai – oracle du Seigneur.

Méditation en musique

Les larmes – Miniatures flamandes – Capilla Flamenca et Marnix De Cat

📖 Évangile de Jésus-Christ selon Jean (11, 1-45)

En ce temps-là, il y avait quelqu’un de malade, Lazare, de Béthanie, le village de Marie et de Marthe, sa sœur. Or Marie était celle qui répandit du parfum sur le Seigneur et lui essuya les pieds avec ses cheveux. C’était son frère Lazare qui était malade. Donc, les deux sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que tu aimes est malade. » En apprenant cela, Jésus dit : « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu, afin que par elle le Fils de Dieu soit glorifié. » Jésus aimait Marthe et sa sœur, ainsi que Lazare. Quand il apprit que celui-ci était malade, il demeura deux jours encore à l’endroit où il se trouvait.
Puis, après cela, il dit aux disciples : « Revenons en Judée. » Les disciples lui dirent : « Rabbi, tout récemment, les Juifs, là-bas, cherchaient à te lapider, et tu y retournes ? » Jésus répondit : « N’y a-t-il pas douze heures dans une journée ? Celui qui marche pendant le jour ne trébuche pas, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais celui qui marche pendant la nuit trébuche, parce que la lumière n’est pas en lui. » Après ces paroles, il ajouta : « Lazare, notre ami, s’est endormi ; mais je vais aller le tirer de ce sommeil. » Les disciples lui dirent alors : « Seigneur, s’il s’est endormi, il sera sauvé. » Jésus avait parlé de la mort ; eux pensaient qu’il parlait du repos du sommeil. Alors il leur dit ouvertement : « Lazare est mort, et je me réjouis de n’avoir pas été là, à cause de vous, pour que vous croyiez. Mais allons auprès de lui ! »Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), dit aux autres disciples : « Allons-y, nous aussi, pour mourir avec lui ! »

Gérard de Saint-Jean, La Résurrection de Lazare,
(avec les donateurs et leur fille) vers 1500.
Coll. Louvre


À son arrivée, Jésus trouva Lazare au tombeau depuis quatre jours déjà. Comme Béthanie était tout près de Jérusalem – à une distance de quinze stades (c’est-à-dire une demi-heure de marche environ) –, beaucoup de Juifs étaient venus réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère. Lorsque Marthe apprit l’arrivée de Jésus, elle partit à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera. » Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » Marthe reprit : « Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour. » Jésus lui dit : « Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra, quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Elle répondit : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »


Ayant dit cela, elle partit appeler sa sœur Marie, et lui dit tout bas : « Le Maître est là, il t’appelle. » Marie, dès qu’elle l’entendit, se leva rapidement et alla rejoindre Jésus. Il n’était pas encore entré dans le village, mais il se trouvait toujours à l’endroit où Marthe l’avait rencontré. Les Juifs qui étaient à la maison avec Marie et la réconfortaient, la voyant se lever et sortir si vite, la suivirent ; ils pensaient qu’elle allait au tombeau pour y pleurer. Marie arriva à l’endroit où se trouvait Jésus. Dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » Quand il vit qu’elle pleurait, et que les Juifs venus avec elle pleuraient aussi, Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé, et il demanda : « Où l’avez-vous déposé ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, viens, et vois. » Alors Jésus se mit à pleurer. Les Juifs disaient : « Voyez comme il l’aimait ! »Mais certains d’entre eux dirent : « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »
Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. C’était une grotte fermée par une pierre. Jésus dit : « Enlevez la pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il sent déjà ; c’est le quatrième jour qu’il est là. » Alors Jésus dit à Marthe : « Ne te l’ai-je pas dit ? Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu. » On enleva donc la pierre. Alors Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, je te rends grâce parce que tu m’as exaucé. Je le savais bien, moi, que tu m’exauces toujours ; mais je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. » Après cela, il cria d’une voix forte : « Lazare, viens dehors ! » Et le mort sortit, les pieds et les mains liés par des bandelettes, le visage enveloppé d’un suaire. Jésus leur dit : « Déliez-le, et laissez-le aller. » Beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.

Méditation en musique

Bela BARTOK- Joc cu bâta (libertés)

Résonance

Je ne résiste pas à citer Tanguy Viel dans Cet homme-là, livre paru en 2009 aux éditions Desclée de Brouwer.
« On dit que ça ne lui plaisait pas tant que ça de faire des miracles. Souvent il fallait le prier et il s’exécutait de mauvaise grâce. Mais attendu qu’il commença vers trente ans et qu’il mourut à trente-trois, il tint une bonne moyenne d’un miracle par mois. »
Dans l’évangile de Jean, la résurrection de Lazare est le dernier miracle avant la Passion du Christ. Aussi le scénario se doit d’être convainquant d’autant que n’étant pas loin de Jérusalem, il y aura des témoins. L’homme est mort depuis 4 jours, on pousse la pierre, il se relève, on lui retire ses bandelettes et il faut qu’il parte car c’est à son tour de proclamer la bonne parole. Il faut dès à présent se libérer et prendre la relève.
Je me souviens que jeune j’avais été emballée par l’explication de Françoise Dolto. En tant que psychanalyste elle s’attachait à décrire les liens familiaux. Un frère, deux sœurs dont Marthe avec son fort caractère… ils vivent ensemble… ils sont très proches du Christ. Les sœurs insistent : « C’était ton ami et tu ne le sauves pas ? »… Bref, la dette d’amour que l’on a tous. Il faudrait rendre à la mesure de ce que l’on a reçu. Alors le Christ prend son temps mais réalise le miracle demandé et s’il relève Lazare d’entre les morts, il ordonne qu’on le laisse aller. Il faudra donc vivre sans ne plus rien devoir.
Le Christ est décidément libérateur !

Laurence

lutrin-10nov

Invitation au partage

RACHMANINOV – Prélude en do#m

Partage
Quels liens nous entravent et nous empêchent d’aller vers la vie ?

Quelques interventions lors du partage :

  • notre confort et nos habitudes nous empêchent d’aller vers la vie
  • la crainte du changement, de la remise en question nous semble parfois si vertigineuse qu’elle nous entrave
  • les contradictions entre ce que je fais et ce que je souhaiterai faire m’entravent
  • il faudrait envisager avec confiance l’avenir, ne pas craindre et éviter de se tourner vers le passé même lorsque l’on est âgé(e)s
  • les convenances que notre éducation culturelle voire religieuse nous ont apprises, la peur de la bien-pensance voire du péché nous entravent
  • l’amour propre et la culpabilité de ce que nous n’avons pas su faire nous entravent
  • dénouer les liens qui entravent pour savoir que chaque instant est libérateur si nous savons l’envisager en vérité

Et aussi

  • penser aux liens que nous créons, ceux qui entravent les autres mais savoir dire comme le Christ “laissez-le aller”
  • ainsi savoir libérer nos enfants malgré nos craintes
  • et envisager que les liens peuvent permettre de construire avec l’autre pour aller vers la vie

Chant : Détachez vos liens de la mort

(Cabantous/Boldrini)

Détachez vos liens de la mort,
Laissez-vous aller vers la vie
Retirez la pierre, dehors,
Le jour a relevé la nuit

1/ Nous traînons cette odeur de cendre
Dans nos églises et nos maisons
En silence, nous t’appelons
Et nous pleurons sans te comprendre.

2/ Tu montres à nos cœurs une danse
Mais au moment de se lever,
Nous sentons nos corps entravés
Par le refus d’une naissance.

3/ Ta voix s’étend au bord des tombes
Et nous invite à découvrir
Le gué que nous pouvons franchir
Pour vivre ton amour au monde.

Psaume 129

Abbaye du Thoronet - Porte
Abbaye du Thoronet – Porte

Des profondeurs, je crie vers toi, Seigneur,
Seigneur, écoute mon appel !
Que ton oreille se fasse attentive
au cri de ma prière !

Si tu retiens les fautes, Seigneur,
Seigneur, qui subsistera ?
Mais près de toi se trouve le pardon
pour que l’homme te craigne.

J’espère le Seigneur de toute mon âme ;
je l’espère, et j’attends sa parole.
Mon âme attend le Seigneur
plus qu’un veilleur ne guette l’aurore.

Oui, près du Seigneur, est l’amour ;
près de lui, abonde le rachat.
C’est lui qui rachètera Israël
de toutes ses fautes.

Quelles intentions de prière avez-vous le désir de confier à la communauté ?

♫ Refrain
Entends la voix de ma prière quand je crie vers Toi
Quand je lève les mains, quand j’implore ta présence.

Quelques intentions de prières

  • Après la réunion du groupe “Que sont nos amis devenus” nous prions pour ceux qui n’ont pas pu se joindre à nous. Et ceux que nous avons perdus de vue.
  • Prions pour ceux qui ne sont pas dans la joie.
  • En ce cinquième dimanche de carême c’est le jour de la quête pour le CCFD-Terre Solidaire prions pour tout ceux qui ont faim, bien trop nombreux de nos jours.
  • À Berlin vient de s’ouvrir le musée de l’Exil, prions pour tous les exilés de tous horizons.
  • Prions pour les femmes battues.
  • Prions pour les évêques français réunis fin mars à Lourdes, qu’ils sachent prendre la mesure de notre impatience et sachent délier notre institution.
  • Prions pour que les violences lors des manifestations en France s’apaisent, que les non violents soient entendus, que le dialogue s’installe.

Autre prière au Père

Notre Père, nous t’appelons ainsi pour évoquer ta force d’amour créatrice ;
Qui es aux cieux, ce qui ne veut pas dire ailleurs que nous, mais autrement que nous, car tu es le Tout Autre, Transcendance bien au-delà de toutes nos représentations et imaginations ;
Que ton nom soit sanctifié : que nous sachions te rendre grâce pour la vie et la Création merveilleuse que tu nous as données ;
Que ton règne vienne : notre terre ne donne pas toujours le reflet de ton visage, nous avons du travail pour que l’humanité mette en œuvre plus de paix et de justice entre les humains, et habite plus respectueusement notre planète ;
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel : envoie-nous la force et la lumière de ton Esprit pour marcher sur tes chemins et mettre en œuvre ton projet d’amour pour l’humanité car oui, nous voulons les suivre, et non, nous n’y arriverons pas tout seuls ;
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour : faisons en sorte, avec ton aide et sous ton regard, pour que chacun sur Terre mange à sa faim, physiquement, spirituellement, affectivement ;
Pardonne-nous nos offenses : nous passons notre temps à ne pas faire le bien que nous voulons faire, et à faire le mal que nous ne voulons pas faire, comme le dit Paul, mais nous savons que ton amour de père est inconditionnel ;
Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés : ne laisse pas la rancune nous détruire, quand quelqu’un nous a blessés ;
Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du mal : que le vent de ton Esprit nous guide et pousse vers les forces et les chemins de la Vie. Amen.

Blandine

Bénédiction finale

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