Comme la Samaritaine, combien de femmes, d’étrangères, d’autres religions, ont soif de cette eau vive, ont le désir de puiser à la Source jaillissant en vie éternelle. Lors du 3ème dimanche de Carême, la paroisse Saint Jean Bosco animée par des prêtres salésiens a proposé une homélie à trois voix. Suzanne Roubeyrie, coordinatrice du groupe « La Croisée des Chemins », a répondu aux questions posées par le diacre.
Peux-tu dire ce que réalise le groupe de La Croisée des Chemins pour les femmes réfugiées ?
La Samaritaine est étonnée qu’un homme étranger lui demande à boire. En Orient à cette époque et encore aujourd’hui dans de nombreux pays les femmes n’adressent pas la parole aux hommes et n’ont aucun droit. Ce sont les hommes et plus précisément les pères qui décident du sort des jeunes filles : excision, mariage forcé, interdiction de poursuivre des études … Mais de plus en plus les femmes se révoltent, comme nous le constatons en ce moment en Iran. Elles n’hésitent pas à mettre leur vie en danger pour que leur dignité humaine soit respectée. Certaines ont subi la torture, la prison, les persécutions et bien d’autres mauvais traitements dans leur pays mais aussi sur leur parcours d’exil et pour beaucoup d’entre-elles encore sur le sol français.
Pas facile de trouver sa place dans la société.
Quitter leur pays dans l’espoir d’un avenir meilleur.
Oser, et prendre le risque de la liberté.
Après avoir fait toutes les démarches pour l’obtention du statut de réfugié, Les Champs de Booz – l’association avec laquelle La Croisée des Chemins est affiliée – nous confie ces femmes dans le but de les accompagner, de les relever, de les aider à faire leurs premiers pas dans une nouvelle société, dans un nouveau pays dont elles ignorent tant de choses, par une écoute et un regard bienveillant, de les mettre sur le bon chemin par l’aide au logement, les études universitaires ou professionnelles, l’emploi, les visites culturelles, les repas partagés …
Ces femmes nous déstabilisent. Jésus nous invite, à travers elles, à sortir de nos schémas pour aller plus loin. Elles sont courageuses et nous sommes fiers, au moment où nous venons de célébrer la journée internationale du droit des femmes, de ne pas rester indifférents face à l’humiliation qu’elles subissent au quotidien.
Comme la Samaritaine redisons avec ces femmes : « J’ai soif de vivre ».
Quel sens donnes-tu à cette action en tant que chrétienne ?
Mon engagement auprès des plus démunis a commencé lorsque j’avais 8 ans, quand mon grand-père m’emmenait rechercher une famille juive qui lui avait confié ses biens avant de disparaître après la rafle du Vel d’Hiv. J’étais révoltée par ce qu’avait souffert ce peuple. À l’adolescence j’ai rejoint un groupe judéo-chrétien et grâce à ces rencontres le Christ est entré dans ma vie et ne m’a plus quitté. Ce qui a donné sens à mes engagements.
La lumière de la Parole de Dieu fait venir au grand jour les atteintes de la dignité humaine.
Elle m’appelle comme croyante à une vigilance prophétique afin de dénoncer l’inhumain et d’y résister. La chrétienne que je suis entend cet appel dans le commandement biblique à aimer son prochain. Cette responsabilité à élever la voix en faveur de ceux qui ne le peuvent pas m’engage comme citoyenne, mais aussi comme chrétienne. « S’ils se taisent, les pierres crieront » (Luc 19,40).
La tâche spécifique des chrétiens et donc de la mienne est de veiller et de se dresser chaque fois qu’il est nécessaire, donc de prendre position, pour rappeler les exigences de l’Évangile. Voilà le service politique que, comme chrétienne, je peux et dois rendre au sein de la société avec le soutien de mes amis de La Croisée des Chemins et de tous les chrétiens de toutes les Églises confondues.
Suzanne Roubeyrie
Merci Suzanne ! Je ne connaissais pas cette association..